Communiqué de presse
Paris, le 8 novembre 2022 – Reclaim Finance publie un nouveau rapport (1) entre deux évènements majeurs de la finance sur le climat : avant le Finance Day de la COP27 et quelques jours après le Climate Finance Day (2) tenu à Paris qui a entériné le point mort de la finance durable sur la Place financière de Paris. Ce rapport décrypte les 10 idées reçues avancées par de nombreux acteurs financiers français pour justifier le maintien de leurs soutiens à l’expansion pétrolière et gazière, à rebours des recommandations scientifiques. Interprétations trompeuses ou mauvaise foi ? Reclaim Finance appelle les banques, assureurs et investisseurs français à se saisir de ce rapport pour démêler le vrai du faux et adopter les mesures nécessaires pour tenir leurs engagements climatiques.
“Il faut financer le monde tel qu’il est”, “le gaz est une énergie de transition”, “nous soutenons les entreprises en transition”… Bien trop d’idées reçues sont utilisées par de nombreux acteurs financiers français comprenant les poids lourds de la Place, pour justifier leurs soutiens à l’expansion pétro-gazière, même dans les pétrole et gaz non-conventionnels dont le ministre de l’Economie et des finances, Bruno Le Maire, a pourtant demandé de sortir d’ici 2030 (3).
Lucie Pinson, fondatrice et directrice de Reclaim Finance commente : “La Place de Paris, hier leader sur le climat, est aujourd’hui en plein déni climatique et certains de ses poids lourds, accusent un retard significatif par rapport à leurs pairs européens. Que leur échec à agir face à l’expansion pétro-gazière soit dû à une méconnaissance des enjeux et conclusions scientifiques ou à une pure mauvaise foi, le résultat est le même : leurs soutiens à de nouveaux projets pétroliers et gaziers condamnent nos chances de limiter le réchauffement à 1,5°C et la capacité des acteurs financiers à tenir leurs propres engagements en matière climatique.
Le World Energy Outlook 2022 récemment publié par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) vient de confirmer ce que l’agence de référence sur les sujets énergétiques avait déjà affirmé il y a un an et demi lors de la publication du premier scénario Net Zero en mai 2021 : il n’y a pas de place pour de nouveaux projets de production pétrolière ou gazière dans un scénario visant à limiter le réchauffement à 1,5°C et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 (4).
Cet impératif est également soutenu au plus haut niveau onusien (5) ainsi que dans les recommandations du comité scientifique et d’expertise de l’Observatoire de la Place de Paris (6).
Une majorité d’acteurs financiers français se sont engagés à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 suivant une trajectoire 1.5°C et sont membres des alliances de la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (7). Pourtant, à ce jour, seule une quinzaine d’investisseurs français, parmi lesquels manquent le leader du secteur Amundi, ont adopté des politiques prenant en compte la nécessité de mettre un terme à l’expansion pétro-gazière (8).
A l’inverse, les (ré)assureurs AXA et SCOR ainsi que les grandes banques BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et BPCE/Natixis continuent de soutenir directement ou indirectement de nouveaux projets de pétrole et gaz. Pour rappel, les 4 grandes banques tricolores ont apporté plus de US$130 milliards aux 100 plus gros développeurs de pétrole et de gaz depuis l’Accord de Paris. Aucune des politiques adoptées par ces poids lourds sur le pétrole et le gaz ne permet d’endiguer leurs soutiens à l’expansion pétro-gazière (9).
“Nous notons un écart grandissant entre les engagements climat pris par les acteurs financiers français et la réalité de leurs pratiques. Il est désolant de voir que la Place, hier leader sur le charbon, butte à ce point sur le pétrole et le gaz. Nous connaissons le motif du blocage : TotalEnergies et les autres majors pétrolières et gazières, qui figurent en tête des bons clients des acteurs financiers français. L’impératif de l’arrêt de l’expansion ne va que se renforcer et nous appelons les acteurs financiers à se ressaisir avant qu’ils ne perdent toute la crédibilité acquise en matière climatique”, ajoute Lucie Pinson.
Les bonnes pratiques sur le pétrole et le gaz viennent de l’étranger avec, par exemple, des engagements à ne plus couvrir les risques ni des nouveaux champs pétroliers ni des champs gaziers par les assureurs suisses et allemands. L’absence de leadership français interpelle d’autant plus qu’AXA est pourtant le chef de file de la Net-Zero Insurance Alliance (NZIA) et qu’il était, avec SCOR, le premier des assureurs à agir sur le charbon.