A l’occasion de la Journée de lutte contre la précarité énergétique, Reclaim Finance et l’Institut YouGov publient les résultats d’un sondage réalisé dans quatre pays de l’UE (1) éclairant le rôle de la rénovation énergétique pour répondre aux attentes et craintes des européens et les obstacles et solutions permettant de favoriser son déploiement. Le sondage révèle que le paiement des factures d’électricité et le chauffage du logement est une préoccupation immédiate pour une majorité d’européens, et particulièrement pour les ménages modestes et les familles nombreuses. La rénovation énergétique est une solution plébiscitée à ce problème, mais la question de son financement reste un frein majeur. Pour le lever, les européens soutiennent à la fois le déploiement de subventions et de prêts à taux zéro. Ils demandent à la Banque Centrale Européenne (BCE) – responsable de gérer l’inflation dans la zone euro – de prendre sa part de responsabilité en soutenant la transition énergétique.
Paiement des factures d’électricité et chauffage du logement : des foyers inquiets
La moitié des répondants pensent avoir des difficultés à payer leurs factures d’électricité et/ou à chauffer leur logement cet hiver (2). Plus les revenus du foyer sont bas, et plus la part de personnes craignant ces difficultés est forte : elle dépasse les 70% pour les foyers dont les revenus annuels sont inférieurs à 15 000 euros bruts annuels, 60% en dessous de 25 000 euros, et est inférieure à 50% uniquement au-dessus de 35 000 euros. De la même manière, l’augmentation du nombre de membre du foyer est corrélée avec des craintes plus fréquentes : alors que moins de 50% des foyers de 1 à 2 personnes pensent avoir des difficultés, ce niveau est de 55-56% pour les foyers de 3 à 5 personnes et respectivement de 64 et 74% pour les foyers de 6 et 7 personnes.
Le constat est similaire en France. 48% des répondants français craignent de ne pas pouvoir se chauffer ou payer leurs factures (3). Ce pourcentage atteint 62% en moyenne en dessous de 20 000 euros de revenus annuel brut, 52% entre 20 000 et 40 000 et 33% au-dessus de 40 000 euros. Il augmente de 57 à 87% quand le nombre de personnes du foyer passe de 4 à 7 personnes, et est de 76% en moyenne au-dessus de 5 personnes.
Le soutien massif à la rénovation : une évidence
76% des répondants sont d’accords pour que les pouvoirs publics soutiennent massivement la rénovation des bâtiments pour répondre à la crise énergétique et lutter contre l’inflation. Ce pourcentage est de 83% chez les personnes craignant d’avoir des difficultés pour payer leurs factures et/ou chauffer leur logement cet hiver, mais reste de 72% chez les personnes n’ayant pas cette crainte. En un mot, le soutien massif à la rénovation est plébiscité par les répondants, et ce peu importe la localisation, les revenus et la taille des foyers.
En France, 82% des répondants soutiennent l’intervention massive pour la rénovation (4), dont 86% des personnes craignant de rencontrer des difficultés cette hiver et 82% des personnes qui n’ont pas cette crainte.
Le financement : principal obstacle
La question du financement apparait clairement comme un obstacle important à la rénovation : 76% des répondants considèrent que le coût trop élevé est un problème.
Après le coût total, les répondants sont respectivement 36 et 37% à considérer le coût d’emprunt et l’opposition des parties prenantes comme des problèmes. Le taux d’emprunt est ainsi le deuxième problème cité en France (34%), en Italie (43%) et en Espagne (45%). De plus, le taux d’emprunt est d’avantage identifié comme un problème par les personnes qui craignent de rencontrer des difficultés cet hiver (5).
Les réponses apportées concernant les obstacles à la rénovation sont cohérentes avec celles concernant les solutions pour la stimuler. En effet, le financement public, la simplification des aides et les prêts à taux zéro sont les leviers les plus soutenus par les répondants (6). Surtout, l’investissement et les aides publics et les prêts à taux zéro sont les deux leviers les plus cités par les personnes déclarant avoir des difficultés (7).
Les prêts à taux zéro sont l’option la plus soutenue en France et la seconde plus soutenue en Allemagne et Espagne. Les soutiens simultanés au financement public, à la simplification des aides et aux prêts à taux zéro suggèrent que les répondants souhaitent la combinaison de ces leviers de financement. Une telle solution est notamment portée par la coalition européenne Unlock et par des acteurs impliqués dans la Journée contre la précarité énergétique qui se tenait le 24 novembre 2022 en France.
La Banque Centrale Européenne (BCE) doit agir
Pour les répondants, la BCE a un rôle à jouer pour apporter une réponse aux difficultés de financement et à la crise actuelle. En effet, 76% d’entre eux souhaitent que la BCE soutienne la réduction de la consommation d’énergie et la transition vers les énergies renouvelables, notamment en facilitant la rénovation des bâtiments. L’intervention de la BCE est soutenue par une large majorité des répondants dans les quatre pays, et ce même par un public allemand moins enthousiaste que les autres à soutenir l’intervention des pouvoir publiques et l’aide financière à la rénovation (8).
L’accord avec une intervention de la BCE est encore plus marqué chez les personnes qui craignent des difficultés cet hiver (9). De la même manière, les personnes qui soutiennent une intervention publique massive en faveur de la rénovation plébiscite l’intervention de la banque centrale (10).
82% des personnes qui estiment que le coût trop élevé des emprunts entrave la rénovation des bâtiments soutiennent l’intervention de la BCE (11). En parallèle, les prêts à taux zéro sont une solution soutenue par la majorité des personnes demandant l’intervention de la BCE (12).
En conclusion, les réponses des européens renforcent les demandes portées par les nombreuses associations européennes et françaises qui font de la rénovation énergétique un axe central de la lutte contre la précarité énergétique. Comme ces organisations, les européens considèrent qu’une telle rénovation reste cependant difficile à financer et nécessite différents mécanismes d’aides, dont le déploiement de subventions publiques facilement accessibles et de prêts à taux zéro. Ces éléments appellent une intervention publique ambitieuse des états de l’UE, mais aussi de la Banque Centrale Européenne (BCE). Les européens identifient ainsi clairement la BCE comme responsable et donnent une portée particulière à la demande d’opérations de financement permettant la distribution de prêts à taux zéro à la rénovation partout en Europe portée par Reclaim Finance et la coalition Unlock (13).