AG d’Amundi : un plan climat déconnecté de l’urgence climatique

Paris, le 12 mai 2023 – Les actionnaires d’Amundi ont approuvé le plan climat du gestionnaire d’actifs lors de son assemblée générale (AG). La filiale du Crédit Agricole, 2e plus gros investisseur européen dans les énergies fossiles (1), continue pourtant d’investir sans condition dans des entreprises développant le plus de nouveaux projets pétro-gaziers. Interpellé par Reclaim Finance sur ses investissements, en particulier l’achat d’obligations, et ses choix incohérents en tant qu’actionnaire, Amundi a botté en touche en prétextant accompagner les entreprises dans leur transition, sans apporter aucune preuve de l’efficacité de leur dialogue actionnarial. Reclaim Finance appelle son nouveau président, Philippe Brassac, à changer de cap. 

Malgré un plan climat opaque, lacunaire et sans indicateurs pertinents de résultat (2),  autorisant Amundi à opérer de nouveaux investissements dans la majorité des entreprises développant de nouveaux projets pétro gaziers, les actionnaires l’ont approuvé à 98%. Lors de cette AG marquée par un changement de gouvernance, les actionnaires ont également soutenu la rémunération et le renouvellement des membres du Conseil d’administration, dont Laurence Danon-Arnaud, Présidente du Comité Stratégie et RSE. 

Chaque jour qui passe sans qu’Amundi ne renforce ses engagements est un jour en plus qui conforte les entreprises, comme TotalEnergies, dans leur stratégie de développement de nouveaux projets pétro-gaziers. Et pourtant, au lieu d’exiger la mise en place d’une politique solide afin de ne plus soutenir l’expansion fossile, les actionnaires ont choisi de donner une fois de plus le feu vert à Amundi. C’est lamentable. Nous appelons les nombreux clients institutionnels d’Amundi à réagir et à reconsidérer leur choix de gestionnaire.

Lara Cuvelier, chargée de campagne Investissements soutenables chez Reclaim Finance

Reclaim Finance a interpellé la direction d’Amundi sur ses achats d’obligations dans l’industrie pétro-gazière ainsi que sur la crédibilité de son souhait daccompagner la transition des entreprises. Le gestionnaire d’actifs détient en effet au moins US$ 16 milliards dans des entreprises développant le plus de nouveaux projets pétroliers et gaziers (3), à rebours des conclusions scientifiques et des projections de l’Agence internationale de l’énergie pour suivre une trajectoire 1.5°C (4).

Amundi a tenu un discours incohérent en prétendant vouloir soutenir les entreprises pétro-gazières dans leur ensemble bien qu’étant contre les nouvelles productions d’énergies fossiles mais en refusant de se prononcer sur le plan climat de TotalEnergies. Cela revient à être complice de la stratégie d’expansion de la major, qui est le 7eme plus gros développeur au monde d’énergies fossiles. L’embarras d’Amundi est toutefois de plus en plus palpable, comme le montre la demande récente effectuée par Amundi à la plateforme financière Bloomberg pour ne plus apparaitre en tant que premier actionnaire de TotalEnergies. (5)

Lara Cuvelier, chargée de campagne Investissements soutenables chez Reclaim Finance

En effet, cette demande de changement, à quelques jours de sa propre AG et quelques semaines de celle de TotalEnergies, interroge et ressemble à une tentative de minimiser ses liens avec la major française, fortement décriée pour sa stratégie climaticide.  

Reclaim Finance a interrogé Amundi à ce sujet et a demandé au gestionnaire d’actifs ce qu’il comptait voter le 26 mai lors de l’assemblée générale de TotalEnergies, question restée sans réponse. L’entreprise française consultera une nouvelle fois ses actionnaires sur sa stratégie climat et soumettra au vote une résolution climatique déposée par des investisseurs demandant à TotalEnergies de se doter d’objectifs d’émissions indirectes (scope 3) alignés avec l’Accord de Paris. 

Pour rappel, Amundi avait voté en faveur des plans climats de TotalEnergies en 2021 et 2022 (6). Cependant, un changement de position est toujours possible à l’image du fonds de pension de l’Église d’Angleterre, actionnaire de Shell, qui a annoncé qu’il votera pour la première fois contre le plan climat de l’entreprise lors de son assemblée générale et en faveur de la résolution climatique déposée par des actionnaires (7).  

Reclaim Finance appelle donc Amundi à adopter un plan climat solide afin de ne plus soutenir l’expansion pétro-gazière. La première étape serait de voter contre l’ensemble des plans climat des majors pétro-gazières, dont les stratégies sont loin d’être alignées avec des scénarios 1.5°C. 

Contacts :

Notes :

  1. Urgewald, Investing on Climate Chaos, 2023 
  2. Amundi s’est doté d’objectifs de décarbonation de son portefeuille à horizon 2025 et 2030, mais ceux-ci échouent à couvrir la totalité de ses actifs et ils ne concernent qu’une partie de ses émissions de Scope 3. Par ailleurs, le gestionnaire d’actifs ne dispose toujours pas de politiques sectorielles robustes sur le charbon, le pétrole et le gaz, ni d’une politique sectorielle ambitieuse pour les énergies renouvelables. Pour plus d’informations sur la stratégie climatique d’Amundi, consulter notre briefing de recommandations de vote : Briefing : Assemblées Générales 2023 : Recommandations de vote pour les investisseurs engagés pour le climat
  3. Amundi détient notamment US$ 3,4 milliards dans TotalEnergies. 
  4. AIE, Net Zero by 2050, A Roadmap for the Global Energy Sector, October 2021
  5. Bloomberg a accepté la requête d’Amundi et changé sa méthodologie afin d’exclure les actions liées au FCPE (Fonds commun de placement en entreprise)  géré par Amundi pour les salariés de TotalEnergies
  6. Amundi n’a pas prouvé l’efficacité de son dialogue avec les entreprises développant de nouveaux projets pétro-gaziers dans lesquelles il investit et a même soutenu les plans climat de TotalEnergies et de BP en 2022. 
  7. Article du Telegraph, Why the Church of England is taking on Shell, mai 2023 

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2023-06-29T09:28:00+02:00