AG de Crédit Agricole : une action climatique en panne

Paris, le 16 mai 2023 – Le climat s’est invité à l’assemblée générale (AG) de Crédit Agricole ce mercredi, à l’image de celle de BNP Paribas la veille. Si Crédit Agricole a reconnu que respecter la science climatique signifie la fin des nouveaux projets pétro-gaziers, aucune annonce concrète n’a été faite par le groupe pour mettre fin à son soutien à l’expansion pétro-gazière. Reclaim Finance appelle la banque à passer des paroles aux actes et à conditionner son soutien aux grandes entreprises, telles que TotalEnergies, à l’arrêt de l’expansion fossile.  

L’assemblée générale de Crédit Agricole s’est déroulée dans un contexte de forte mobilisation de la société civile. Tandis que les ONG Avaaz et 350.org ont mené une action près de l’assemblée générale avant son ouverture, d’autres ONG et représentants étaient à l’intérieur pour interpeller la direction du groupe sur l’urgence climatique. Le Responsable plaidoyer de Reclaim Finance, qui n’a pas pu poser sa question, était également présent.  

Philippe Brassac reconnait enfin la responsabilité de son groupe dans le soutien à l’expansion pétro-gazière, qui contrevient à ses propres engagements visant à limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C. Mais le discours de conviction ne connait aucune traduction concrète. L’action climatique du Crédit Agricole est tombée en panne après qu’il a donné le la pendant des années sur le charbon. L’urgence l’oblige à se réveiller en mettant fin au financement des nouveaux champs gaziers et en exigeant des compagnies pétro-gazières qu’il finance de mettre fin à l’expansion fossile.

Antoine Laurent, Responsable plaidoyer France

Mobilisés aux Philippines contre un projet de terminal de gaz naturel liquifié (GNL) développpé par Shell, et en Ouganda contre le projet EACOP porté par TotalEnergies, deux entreprises soutenues par Crédit Agricole (1), Hilda Flavia Nakabuye, activiste en Ouganda, et Père Edwin Gariguez, militant philippin ont lancé un appel à la direction de Crédit Agricole. Ils ont demandé à la banque de ne pas financer ces projets, ce qui est déjà le cas pour EACOP, et surtout de conditionner leurs soutiens aux entreprises à l’arrêt de l’expansion pétro-gazière (2). 

Contrairement à BNP Paribas qui a hier annoncé que “financer les projets de gaz aux Philippines ne faisait pas partie de sa stratégie”, le directeur général de Crédit Agricole Philippe Brassac a éludé la question en indiquant penser ne pas y être impliqué bien qu’étant un soutien de Shell et en prétextant que le gaz était nécessaire à la transition. 

Entendre que le gaz est nécessaire à la transition alors que l‘impact de ce projet de gaz naturel liquéfié dans mon pays est énorme sur l’environnement, la biodiversité et les communautés est insoutenable. Des millions de personnes dépendent du passage de l’île Verde pour vivre. Aujourd’hui, tout cela est menacé par les multinationales, comme Shell, grâce au soutien des banques comme le Crédit Agricole.

Père Edwin Gariguez, prêtre catholique et prix Goldman pour l’environnement

J’ai pris la parole lors de l’assemblée générale, soutenu par 66 000 personnes en France qui ont signé un appel au Crédit Agricole au cours des dernières 48 heures. Nombre d’entre eux sont des clients du Crédit Agricole qui font confiance à la banque. Le Crédit Agricole travaille depuis longtemps pour les agriculteurs et non contre eux. Il est maintenant temps d’arrêter d’alimenter la crise climatique qui menace les agriculteurs et les populations de la France à l’Ouganda et dans le monde entier.

Hilda Flavia Nakabuye, activiste pour le climat et fondatrice du mouvement Fridays for Future Uganda

Premier financeur de TotalEnergies, la banque est une des cibles de la campagne Defund TotalEnergies, lancée hier, pour interpeller les soutiens financiers de l’entreprise française. Depuis 2016, Crédit Agricole a accordé US$9,5 milliards à l’entreprise. Sa filiale de gestion d’actifs, Amundi, est quant à lui le premier actionnaire de la major avec US$14 milliards investis dans TotalEnergies (3). 

Crédit Agricole fait également l’objet d’une pétition de l’ONG Avaaz, partenaire de la campagne Defund TotalEnergies, signée par Greta Thunberg, qui interpelle le directeur générale du groupe (4). Selon un sondage réalisé par l’ONG, 4 clients du Crédit Agricole sur 10 déclarent qu’ils pourraient envisager de fermer leur compte si la banque continue d’investir dans des entreprises qui développent de nouveaux projets pétro-gaziers.    

Contacts :

Notes :

  1. Crédit Agricole a accordé  US$ 9.5 milliards à TotalEnergies depuis 2016 et US$ 388 millions à l’entreprise Shell. 
  2. En mai, Reclaim Finance a repéré l’émission de plusieurs obligations impliquant la banque Crédit Agricole. BP a émis deux obligations  (l’une de 1,5 milliard de dollars et l’autre de 1,5 milliard d’euros) impliquant 12 banques, dont le Crédit Agricole. Le Groupe Crédit Agricole a également participé le 26 avril dernier à l’émission d’une obligation de 600 millions d’euros pour Vår Energi dont la société mère est Eni et d’une obligation de 2 milliards d’euros pour l’entreprise Eni. 
  3. FCPE inclus. A date de mai 2023.  
  4. Pétition Avaaz, 13 mai 2023  

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2023-06-29T10:24:21+02:00