Defund TotalEnergies : une nouvelle campagne cible les soutiens financiers de l’entreprise

 Paris, le 16 mai 2023 : 25 ONG lancent une campagne internationale afin de pousser la finance à ne plus se rendre complice de l’expansion pétrolière et gazière de TotalEnergies (1). Une coalition qui comprend des organisations mobilisées contre des projets portés par la major française partout dans le monde, ainsi que des ONG spécialisées dans la responsabilité des banques, assureurs et investisseurs dans la lutte contre le dérèglement climatique. Ensemble, elles entendent réunir leurs expertises et compétences pour contraindre les acteurs financiers à ne plus accorder de nouveaux soutiens à la major française, tant que celle-ci n’a pas renoncé à développer de nouveaux projets d’énergies fossiles. 

La campagne Defund TotalEnergies” vise les principaux acteurs financiers, banques et investisseurs (2), qui continuent de fournir les services financiers indispensables à la major pour maintenir ses opérations et développer de nouveaux projets d’énergies fossiles (2).  

Derrière TotalEnergies et ses projets climaticides se trouvent des banques et des investisseurs. Il est temps qu’ils soient tenus responsables des dommages causés par la major française sur les populations, la biodiversité et le climat. Nous sommes déterminés à mettre toute notre expertise au service de la campagne Defund TotalEnergies et des communautés mobilisées en première ligne contre les projets pétroliers et gaziers développés par TotalEnergies

Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance

La campagne Defund TotalEnergies est lancée en pleine saison des assemblées générales des acteurs financiers et des grandes entreprises. Des représentants de communautés d’Argentine, d’Ouganda, du Sénégal assisteront à celles du Crédit Agricole, BNP Paribas et Société Générale (3), les trois premiers financeurs de la major française à qui ces banques ont accordé près de US$ 23 milliards depuis 2016. Ces représentants appelleront leur direction à conditionner tout nouveau service financier à TotalEnergies à l’arrêt du développement de nouveaux projets pétroliers et gaziers (4)

Le fait que le géant pétrolier TotalEnergies soit un acteur français, pays de lAccord de Paris, nest pas ironique : c‘est criminel. Les banques, les assureurs et les investisseurs français ont l’obligation historique et morale de montrer la voie vers les énergies renouvelables. C’est là tout l’enjeu de la justice climatique. Et pourtant, malgré leurs propres engagements climatiques, ils continuent de donner plus d’argent à TotalEnergies. Ils ne financent peut-être pas directement l’EACOP, mais ils resteront des complices des crimes de TotalEnergies tant qu’ils mettront de l’argent sur la table sans aucune condition.

Hilda Flavia Nakabuye, activiste pour le climat et fondatrice du mouvement Fridays for Future Uganda

Au-delà du projet EACOP, TotalEnergies prévoit de développer de nombreux projets d’hydrocarbures, dont des projets de forages offshore et de gaz de schiste. 7e entreprise au monde à prévoir le plus de nouveaux champs pétroliers et gaziers sur le court terme, ces projets contribueront à émettre environ 2,3 gigatonnes de CO2e, soit l’équivalent de ce que la France émet en 6 années (5). Loin de se diversifier hors des énergies fossiles, TotalEnergies prévoit d’allouer d’ici 2030 seulement un tiers de ses investissements aux énergies qu’il qualifie de “bas carbone” parmi lesquelles se trouvent le gaz naturel liquéfié et la production d’électricité à partir de gaz.

L’impact du projet Papua LNG développé par TotalEnergies sera désastreux à la fois pour l’environnement, étant situé dans une zone à forte biodiversité, et pour les communautés locales : la majorité des propriétaires terriens seront laissés pour compte. De nombreuses communautés des îles de Papouasie-Nouvelle-Guinée sont déjà sous l’eau en raison de l’élévation du niveau de la mer. Le pétrole, le gaz et le charbon doivent rester dans le sol ! Et cela n’arrivera pas tant que les banques ne cesseront pas de financer les terminaux de gaz naturel liquéfié.

Peter Bosip, directeur du Centre pour les droitscommunautaires et la loi environnementale (CELCOR)

Premier banquier de l’entreprise française, Crédit Agricole sera notamment interpellé par l’ONG Avaaz, partenaire de la campagne, dans une pétition (6). Celle-ci appelle le directeur général du groupe Crédit Agricole, Philippe Brassac, à rediriger les financements accordés aujourd’hui à l’expansion fossile vers les énergies renouvelables et à pousser TotalEnergies à renoncer au projet EACOP. Selon un sondage réalisé par l’ONG, 4 clients du Crédit Agricole sur 10 déclarent qu’ils pourraient envisager de fermer leur compte si la banque continue d’investir dans des entreprises qui développent de nouveaux projets pétro-gaziers.

Le vent tourne : les citoyens ne sont pas dupes et ont pris conscience de leur pouvoir en tant que clients et demandent des comptes à leurs banques. La mobilisation prend de l’ampleur avant l’Assemblée générale du Crédit Agricole, et la question est simple pour son directeur général Philippe Brassac: sera-t-il du côté de ses clients, ou continuera-t-il à saboter les engagements climatiques du groupe en maintenant son soutien à l’expansion pétro-gazière de TotalEnergies?

John Senior, Chargé de campagne chez Avaaz

TotalEnergies tiendra son assemblée générale le 26 mai. Defund TotalEnergies appelle les actionnaires à voter contre la direction de l’entreprise et son plan climat mais en faveur de la résolution demandant à l‘entreprise française de réduire significativement les émissions liées à la consommation de ses produits. 

Contacts :

Notes :

  1. Les ONG signataires  sont 350.org, Green Connection, Earthlife, Bloom, les Amis de la Terre, CELCOR, AnsvarligFremtid, Urgewald, Avaaz, ANEEJ, Recommon, Banktrack, Bank on Our Future, GreenFaith, Friends of the Earth US, RAPEN, Toxic Bonds, Texas Environment, Gulf Cost Guard, Australian Parents 4 Climate Action, Laudato Si Movement Earthworks, Stop EACOP, JA!FOE Moçambique (Justiça Ambiantal), Both Ends, Reclaim Finance.
  2. Le site Defund TotalEnergies sera accessible à partir de mardi 16 mai à 17h.
  3. Depuis 2016, les cinq premières banques soutenant TotalEnergies sont Crédit Agricole, BNP Paribas, Société Générale, Barclays, Citi. Les cinq plus importants investisseurs sont Crédit Agricole Group (Amundi et FCPE TOTALENERGIES FUND), BlackRock , Vanguard Group, Capital Group Cos, Norges Bank.
  4. Reclaim Finance, AG 2023 : quelle place pour la justice sociale et climatique ?, Mai 2023
  5. La quasi-totalité des plus gros financeurs et la moitié des 30 plus gros investisseurs de TotalEnergies ont pris des engagements à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 suivant une trajectoire 1,5°C. Pourtant, aucun n’a pris l’engagement de ne plus fournir de nouveaux capitaux iou services financiers à la major tant que celle-ci ne s’est pas engagée à ne plus développer de nouveaux projets de production et de transport d’énergies fossiles. Quelques banques se sont engagées à ne plus accorder de financements de projets à de nouveaux champs pétroliers (Crédit Agricole) et gaziers (HSBC et BNP Paribas), mais ce type de financement ne représente qu’une partie minime de l’ensemble des soutiens fournis à TotalEnergies. Enfin, les mesures complémentaires annoncées la semaine dernière par BNP Paribas ne devraient que faiblement impactées les major pétrolières et gazières telles que TotalEnergies. 
  6. D‘après les calculs de Reclaim Finance, à partir des ressources identifiées en évaluation et en développement et allouées à TotalEnergies par Rystad Energy, et des paramètres de calcul de l’Agence internationale de l’énergie et du BP Statistical Review of World Energy 2022. Les émissions de la France de 408 MtCO2e sélectionnées sont les pré-estimations des émissions de gaz à effet de serre française sur l’année 2022 calculées par le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (CITEPA) et publiées en mars 2023.
  7. Pétition Avaaz, 13 mai 2023  

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2023-06-29T10:06:47+02:00