Epargne salariale – produit inflammable : Le discret soutien des gestionnaires de l’épargne salariale à l’expansion fossile

24 avril 2024

3e produit d’épargne des Françaises et des Français, derrière les livrets et l’assurance-vie, l’épargne salariale représente 180 milliards d’euros. À elle seule, elle pourrait répondre aux besoins d’investissement nécessaires à la décarbonation de l’économie française jusqu’en 2028. Ce faisant, elle répondrait également aux aspirations des salariés français qui, pour 70 % d’entre eux, considèrent qu’il est important de prendre en compte les enjeux du développement durable lors de l’investissement de leur épargne salariale. Pourtant, la plupart des gestionnaires de l’épargne salariale ne répondent pas aux attentes des salariés et vont à contre sens de la science climatique.

Key findings:

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des fonds d’épargne salariale sont investis dans des entreprises qui développent de nouveaux projets fossiles.

  • Amundi (du groupe Crédit Agricole) et Natixis Investment Manager (du groupe BPCE), qui concentrent à eux seuls 65% du marché de l’épargne salariale, font également partie de ceux dont les fonds sont le plus exposés aux entreprises développant de nouveaux projets fossiles.
  • TotalEnergies se retrouve dans 7 fonds d’épargne salariale sur 10  alors qu’elle est l’entreprise privée ayant le plus de plans d’expansion à court terme tous incompatibles avec la limitation du réchauffement à 1,5°C.
  • L’épargne salariale est opaque : dans 6 cas sur 10, un salarié ne connaît pas la liste des entreprises dans lesquelles son épargne est investie. Même les fonds dits “durables” ne sont pas exempts des entreprises qui participent à l’expansion fossile.
  • Les conseils de surveillance de fonds d’épargne salariale, garants de la prise en compte par les gestionnaires d’actifs des intérêts des salariés, sont désertés par leurs membres représentants : 28 % de taux de participation en moyenne.

Réorienter l’épargne vers la décarbonation ne peut relever uniquement de la responsabilité des salariés. Reclaim Finance appelle donc les gestionnaires d’actifs comme les pouvoirs publics à garantir aux salariés une épargne qui ne nuit pas au climat. Les gestionnaires d’actifs doivent cesser leurs investissements dans les entreprises qui développent de nouveaux projets fossiles. Ils doivent également permettre aux salariés de réaliser un choix éclairé en leur donnant accès à la liste des entreprises dans lesquelles leur épargne est investie et en garantissant que les fonds dits “durables” ne participent pas à l’aggravation du dérèglement climatique. Enfin, ils doivent mieux prendre en compte les préoccupations environnementales des salariés dans l’allocation d’actifs et la politique de vote en s’appuyant pour cela sur les conseils de surveillance de fonds d’épargne salariale.