Reclaim Finance a répondu à la consultation de l’ACPR concernant les hypothèses provisoires utilisées pour les premiers stress-test climatiques français. Si cet exercice est appréciable et nécessaire, plusieurs hypothèses et directions prises par l’ACPR pourraient contribuer à la sous-évaluation des risques climatiques et fortement limiter l’impact de cet exercice sur les politiques des acteurs financiers.

La mise en place de stress-tests climatiques est seulement un des nombreux leviers mobilisables dans l’adaptation du système financier aux changements climatiques. A condition de ne pas servir de prétexte au report de l’action immédiate, fondée sur les connaissances déjà acquises et l’identification d’activités concentrant les impacts et risques climatiques, elle est néanmoins particulièrement utile pour garantir la stabilité du système financier dans un monde marqué par l’urgence climatique.

Aujourd’hui, les stress-tests, qui permettent d’évaluer la vulnérabilité et résilience du système financier et peuvent notamment servir à ajuster les obligations prudentielles des acteurs, ne prennent pas en compte les risques associés au changement climatique. En dépit du lancement de travaux techniques – notamment au sein du NGFS – le constat partagé reste celui d’une sous-préparation des acteurs financiers, banques centrales et régulateurs à ces risques et les progrès restent particulièrement lents à se matérialiser.

Dans ce contexte, la mise en place d’un exercice pilote français doit être saluée. La France emboîte ainsi le pas aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.

Cependant, si cet exercice est appréciable et nécessaire, plusieurs hypothèses et directions prises par l’ACPR pourraient contribuer à la sous-évaluation des risques climatiques et fortement limiter l’impact de cet exercice sur les politiques des acteurs financiers.

Reclaim Finance note particulièrement que :

  • L’identification de l’exposition aux activités les plus polluantes, notamment celles des énergies fossiles, doit être un élément important des stress-tests conduits. L’ACPR doit opter pour une démarche de précaution en adaptant au plus vite les exigences de fonds propres et ratios microprudentiels à l’exposition des acteurs à ces secteurs.
  • L’exposition aux risques à l’international doit être prise en compte de manière précise, ce qui n’est pas certain avec la méthode présentée.
  • L’hypothèse d’un bilan dynamique, permettant aux acteurs de faire évoluer celui-ci pour s’adapter aux changements, pourrait conduire à une forte réduction des risques climatiques évalués et repose sur une présomption d’action des acteurs qui ne se vérifie pas actuellement. Cette hypothèse doit être clarifiée et précisée pour ne pas fausser les résultats.
  • L’ACPR choisit comme scénario de référence une « transition ordonnée » dans laquelle les objectifs fixés pour 2030 sont tenus. Malheureusement, ce scénario ne semble pas actuellement être le plus probable. Le scénario alternatif 1, dans lequel l’échec à atteindre les objectifs de 2030 impose une action plus radicale par la suite, parait suivre les tendances actuelles.
  • L’exercice planifié ne permettra pas d’évaluer la résistance des acteurs aux chocs systémiques, tel que le coronavirus. Un travail sur des évaluations de résistance à ce type de choc devrait être conduit en parallèle de celui-ci, lancé sur les modèles linéaires des stress-tests.

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