Ce jeudi 29 octobre 2020, le Gouverneur de la Banque de France – François Villeroy de Galhau – intervenait à la tribune du Climate Finance Day rassemblant les acteurs de la finance autour des enjeux climatiques. Si la journée a donné lieu à plusieurs annonces de réduction des soutiens financiers accordés aux énergies fossiles, la banque centrale française n’a pas suivi ce mouvement. Ce faisant, elle accroît son retard sur de nombreux acteurs français : elle n’a toujours pas adopté de politique de sortie du charbon et ne restreint pas ses soutiens aux autres énergies fossiles.

Alors que la Caisse des Dépôts et Consignation annonçait une sortie du charbon et la réduction des soutiens accordés aux autres énergies fossiles, le Gouverneur de la Banque de France a raté l’occasion d’annoncer lui aussi une réforme sa politique d’investissement prenant la mesure des enjeux climatiques. Il a pourtant déclaré « refuser l’appel à l’inaction » face au changement climatique.

En effet, la Banque de France se contente toujours d’exclure les entreprises dont plus de 20% du chiffre d’affaires est lié au charbon thermique. Parmi tous les acteurs financiers de la Place de Paris, qui se sont engagés à adopter des politiques de sortie du secteur en juillet 2019, seul le gestionnaire d’actif ODDO BHF fait pire.

Pour être efficace, l’exclusion de la Banque devrait aussi concerner la part de production d’électricité provenant du charbon et être accompagné de trois autres critères. En l’état, la politique charbon de la banque ne l’empêche ni de soutenir des entreprises qui développent de nouvelles centrales ou accroissent leur activité dans le secteur, ni de planifier une sortie du charbon alignée sur les objectifs de l’Accord de Paris.

De plus, la Banque de France n’a pris aucune mesure pour restreindre les financements accordés aux autres énergies fossiles. Elle finance toujours les plus nocives d’entre-elles – les énergies « non conventionnelles » dont le Ministre de l’Economie et des Finances a appelé à sortir lors du Climate Finance Day – et les entreprises qui prévoient d’exploiter de nouvelles réserves.

Si la Banque de France a précédemment souligné sa volonté d’améliorer ses pratiques d’investissements sur ces aspects, elle doit désormais agir, rejoindre les meilleures pratiques des acteurs financiers et montrer l’exemple. La Banque de France doit en priorité :

  • Adopter une politique d’exclusion charbon alignée sur l’Accord de Paris ;
  • Adopter une politique d’exclusion concernant les autres énergies fossiles les plus polluantes (pétrole et gaz de schiste, sables bitumineux, extraction arctique, extraction en eaux profondes) ;
  • Faire de la sortie des énergies fossiles et de l’adoption de plans d’alignement 1.5°C un élément clef de sa stratégie d’engagement actionnarial.