Alors que l’année 2021 est déjà entamée, Reclaim Finance tire le bilan de l’engagement pris par les acteurs financiers de la place de Paris concernant l’adoption d’ici mi-2020 de politique de sortie du secteur du charbon. Malgré le contexte d’urgence climatique, nombreux sont ceux qui n’ont pas tenu promesse.

Le 2 juillet 2019, les banques, assureurs et investisseurs français se sont engagés à travers leurs fédérations professionnelles à adopter d’ici mi-2020 des politiques de sortie du secteur du charbon. Le charbon étant l’énergie fossile la plus polluante au niveau de sa combustion et étant responsable à elle seule de 800 000 morts prématurées par an, sa sortie est au cœur d’une grande part des débats sur la finance durable et mobilise une part tout aussi conséquente des efforts des acteurs de la place financière de Paris.

Un an et demi après la déclaration de l’été 2019, 17 acteurs financiers français majeurs ont pris leurs responsabilités et ont adopté des politiques globales et robustes de sortie du secteur du charbon. Parmi eux se trouvent Crédit Agricole, AXA, La Banque Postale Asset Management, Crédit Mutuel, AG2R La Mondiale, Ostrum, CNP Assurances et Groupama. D’autres, BNP Paribas, Société Générale, MAIF, MACSF ou Natixis, y sont presque même si leurs politiques sur le charbon restent perfectibles.

Mais de nombreux autres n’y sont pas encore. Par ordre alphabétique, il s’agit notamment de Agirc-Arrco, AXA IM, BNP Paribas AM, Cardif, CDC, Carmignac, Covéa, Ecofi, EDRAM, ERAFP, FRR, Groupama AM, Ircantec, La Française AM, ODDO BHF AM, Natixis Assurances, NIM, Rothschild & Co, Rotshchild & Co AM, SCOR, SMA, Tikehau, TOBAM. Certains d’entre eux sont même très loin d’une politique de sortie du charbon.

  • Parmi les investisseurs très à la traine figurent Argic-Arrco, Tikehau Capital, TOBAM, Edmond de Rothschild, BNP Paribas AM, Groupama AM et Natixis IM.

A noter que ces trois derniers sont à la traine par rapport à leur propre groupe qui ont adopté des politiques bien plus ambitieuses et demeurent investis dans des dizaines d’entreprises du secteur du charbon parmi lesquelles se trouvent pour certains Duke, RWE, Sumitomo, POSCO, ou encore Glencore.

S’il faut relever l’ironie de la situation pour Argic-Arrco dont le mandat est de protéger les conditions d’une retraite pérenne, on ne peut que s’étonner de l’absence de rappel à l’ordre par Groupama à l’égard de sa filiale. Leur échec à agir sur le charbon nuit pourtant aux objectifs de protection censés les animer.

  • En tant que réassureur et banque d’affaires, SCOR et Rothschild & Co sont aussi très en retard.

Le réassureur SCOR qui a une politique très robuste d’investissement sur le charbon n’a aucun critère concernant ses couvertures aux entreprises actives dans le secteur du charbon et peut donc assurer et réassurer des entreprises exclues de son univers d’investissement.

Rothschild & Co a aussi pour l’instant échoué à abandonner sa principale ligne d’exposition au charbon, à savoir son rôle de conseil pour des transactions d’actifs dans le secteur du charbon – une pratique qui sape les efforts en vue de leur fermeture dans les temps impartis par la science climatique.

  • De nombreux acteurs ont encore des efforts à faire pour adopter une politique robuste de sortie du secteur du charbon.

Parmi eux se trouve Covéa Finance, qui réunit les assureurs la MMA, la MAAF et la GMF: malgré une révision de sa politique à l’automne 2020, celle-ci laisse la porte ouverte à des soutiens à des entreprises qui développent de nouveaux projets dans le secteur du charbon.

Même l’Ircantec, l’Erafp, le FRR et Ecofi qui excluent les entreprises qui tirent plus de 10% de leurs revenus du charbon – un seuil relativement bas – peuvent toutefois investir dans des entreprises qui développent de nouveaux projets charbon.

L’année 2021 étant déjà bien entamée, espérons que le retard de ces acteurs n’est que le résultat indirect des perturbations causées par la crise liée au Covid-19 et qu’ils sauront se mettre à niveau au plus vite pour rejoindre voire dépasser le peloton de tête.

En savoir plus

Le Coal Policy Tool international et des acteurs français.

Notre page de campagne « En finir avec le charbon ».