CNP Assurances s’engage à dialoguer avec 8 entreprises (6 en direct et 2 via l’initiative collaborative Climate Action 100+) et 2 asset managers pour les inciter à adopter d’ici fin 2024 une stratégie alignée sur un scénario à 1,5°C. Cela fait partie de sa propre stratégie pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, un engagement qu’elle a pris en rejoignant la Net-Zero Asset Owner Alliance en 2019.

Reclaim Finance salue les annonces mais souligne que celles-ci ne suffiront pas mais devront être complétées par l’adoption dès cette année d’une politique d’exclusion sur les secteurs pétroliers et gaziers. Une exclusion des gaz et pétroles non conventionnels et des entreprises qui développent de nouveaux projets d’énergies fossiles est un prérequis pour tout acteur désireux d’aligner ses activités avec un objectif 1,5°C.

CNP Assurances ne dévoile pas le nom des 10 entreprises visées, mais il est certain que le nombre est trop réduit pour permettre une vraie décarbonation de ses portefeuilles. Pour rappel, CNP Assurances a adopté une politique robuste de sortie du charbon, laquelle comprend l’exclusion de centaines d’entreprises de son univers d’investissement dont les développeurs de nouveaux projets charbon, et un appel aux entreprises restantes dans leur portefeuille, comme Engie, à adopter d’ici 2021 une stratégie de sortie du charbon fondée sur la fermeture des actifs. Engie, qui n’a pas de stratégie 1,5°C mais seulement un engagement SBTi 2°C, pourrait donc être une des entreprises visées.

Au-delà des entreprises charbon, des majors pétrolières et gazières, qui comptent souvent parmi les premières visées dans le cadre du CA100+, pourraient être ciblées. Pour rappel, c’est Total qui a fait l’objet en France d’une première résolution d’actionnaires lui demandant d’adopter des objectifs de décarbonation de ses activités. Leur demander comme pourrait le faire CNP Assurances d’adopter d’ici 2024 une stratégie 1,5°C est une étape indispensable mais cette demande se doit d’être complétée d’un mécanisme d’intensification en cas d’échec de l’engagement. Ainsi, CNP Assurances devrait s’engager à suspendre ses nouveaux investissements envers ces entreprises dès 2023 en cas d’absence de progrès par les émetteurs visés puis à en désinvestir après 2024 en cas d’échec.

Par ailleurs, l’échéance de 2024 étant tardive, il faut dès à présent suspendre tous nouveaux investissements dans les entreprises qui continuent d’explorer des nouvelles réserves d’énergies fossiles ou développent de nouveaux projets gaziers et pétroliers et s’engager à ne plus investir dans celles impliquées ou qui se développent dans les gaz et pétroles non conventionnels – forages en eaux très profondes et en Arctique, gaz et pétrole de schiste, sables bitumineux.

L’annonce est complétée d’objectifs de réduction de l’empreinte carbone de ses portefeuilles d’actions et d’obligations ainsi que immobilier détenus en direct, auquel s’ajoute un objectif de réduction de l’intensité carbone des producteurs d’électricité dont CNP Assurances est actionnaires ou créancier obligataire en direct.

A noter que seuls les actifs détenus en direct sont concernés et que la métrique utilisée pour les producteurs d’électricité est l’intensité carbone. Seules des approches fondées sur l’intégralité des actifs sous gestion et donc des modes de gestion, ainsi que des objectifs de réduction des émissions calculés également en valeur absolue et non uniquement en intensité carbone, permettront l’alignement au plus vite avec un objectif 1,5°C.