Communiqué de presse

Paris, le 25 février 2022 – A l’occasion de la présentation de ses résultats annuels pour 2021, AXA IM précise ses engagements climatiques et sa politique sur le pétrole et au gaz (1). A contre-courant de la science, AXA pourra toujours investir dans les entreprises responsables de la plupart des nouveaux projets de production du secteur. Non seulement l’investisseur se contente de n’exclure qu’une partie du secteur non conventionnel, mais il prévoit un régime d’exception flou pour les entreprises avec un “plan robuste de transition”. Reclaim Finance dénonce le gouffre entre les engagements ambitieux pris par AXA IM sur le climat et la pauvreté des mesures adoptées pour les tenir, et réitère son appel aux acteurs financiers à tracer une ligne rouge sur l’expansion pétro-gazière.

AXA IM précise ses nouveaux critères d’exclusion pour les pétrole et gaz non conventionnels. Ceux-ci s’alignent avec les critères annoncés au niveau de sa maison mère AXA mais ne prennent pas en compte le problème de l’expansion pétro-gazière.

  • La politique d’exclusion d’AXA IM couvre désormais les pétrole et gaz de schiste, les sables bitumineux et les forages pétro-gaziers en Arctique. Elle introduit des critères relatifs de revenus et de production (2) et utilise la définition de l’AMAP (3) pour ses exclusions en zone Arctique. Le critère utilisé pour le secteur du schiste est particulièrement peu discriminant (4).
  • Une faille importante est introduite dans la politique qui prévoit des exceptions (5) pour les entreprises qui auraient défini des “plans de transition robustes”. La définition précise d’un tel plan pour le secteur n’est pas donnée. Ce régime d’exception pourrait conduire AXA IM à investir dans de gros producteurs d’hydrocarbures comme BP, Shell ou TotalEnergies qui auront largement excédé leur budget carbone d’ici 2050 et dès 2035 (6).
  • AXA IM n’exclut que certains pétrole et gaz non conventionnels sans prendre en compte l’ensemble des secteurs comme définis par l’Observatoire de la Finance Durable (7), faisant abstraction notamment des forages offshore ultra profonds.

Louis-Maxence Delaporte, chargé de campagne pétrole et gaz à Reclaim Finance, réagit : ” Malheureusement, AXA IM ne suit pas les préconisations de l’AIE sur les énergies fossiles et laisse la porte ouverte aux entreprises développant de nouveaux projets pétro-gaziers. En outre, l’investisseur crée des exceptions pour les entreprises avec des plans “robustes” de transition. Si cette idée est belle sur le papier, on voit ici poindre le risque que cette rhétorique serve de justification à des soutiens aux majors européennes qui sont loin d’être en transition. Les grands gestionnaires d’actifs, au premier rang desquels AXA IM et Amundi (8), doivent mettre en place des politiques s’attaquant sans détour à l’expansion pétro-gazière. »

Lara Cuvelier, chargée de campagne investisseurs à Reclaim Finance, ajoute : “La bonne nouvelle, c’est qu’AXA IM réaffirme que toutes les entreprises pétrolières et gazières seront soumises à la menace du désinvestissement. La mauvaise, c’est qu’AXA IM repousse les échéances aux calendes grecques et se contente de critères flous, sujets à des interprétations subjectives. AXA IM doit faire de l’expansion pétro-gazière une ligne rouge et sanctionner les mauvais élèves qui n’y renoncent pas dès les assemblées générales 2022.”

AXA IM se donne jusqu’à 2025 pour engager les “retardataires climatiques” avant d’en désinvestir. Cependant, AXA IM n’a pas mis à profit la révision de sa politique sur les risques climatiques pour préciser et étayer cette annonce et donne pour l’instant un “laisser passer” de trois ans aux entreprises les plus polluantes. La politique liste désormais les différents points qu’AXA IM analysera pour évaluer les plans de transition des entreprises des énergies fossiles, mais ne fixe aucun attendus minimaux ni critères objectifs et quantifiables à adresser aux entreprises du secteur sur chacun de ces points.

Le flou demeure notamment sur les deux aspects les plus structurants de tout plan de transition crédible. D’une part, AXA IM indique “prêter attention” au développement de nouveaux projets de production de pétrole et de gaz, mais ne formule aucune demande claire sur l’arrêt de cette expansion, ignorant ainsi les conclusions du scénario Net-Zéro de l’AIE (9). D’autre part, l’investisseur demande des cibles intermédiaires (à court et moyen terme) de réduction des émissions de gaz à effet de serre mais ne précise pas de dates butoir (10), ni n’exige que ces cibles soient exprimées en baisse absolue des émissions. Enfin, le gestionnaire d’actifs du groupe AXA ne précise pas si l’absence de plan pour réduire drastiquement leur production d’hydrocarbures à court et moyen terme et le maintien de nouveaux projets pétro-gaziers fera l’objet de sanctions dès cette année, par exemple lors des assemblées générales.

Notes :

  1. AXA IM Climate Risk Policy, 2022.
  2. Exclusion de certaines entreprises, avec un seuil relatif (20% du chiffre d’affaires) couplé à un seuil absolu (5% de la production mondiale totale) dans le secteur des sables bitumineux. Exclusion de certaines entreprises, avec un seuil relatif (10% de la production) dans la région Arctique – en utilisant la définition de l’AMAP. Exclusion de certaines entreprises, avec un seuil relatif (30% de la production) dans le secteur des pétrole et gaz de schiste mais uniquement pour les petits producteurs (moins de 100kboepd). Voir notre outil d’analyse des politiques des acteurs financiers français : le Scan de la Finance Fossile.
  3. A l’exception de la Norvège.
  4. Le critère utilisé pour exclure les entreprises du secteur des pétrole et gaz de schiste est particulièrement peu ambitieux : il apparaît que seuls les petits producteurs sont exclus. Ainsi, les plus gros producteurs en valeur absolue tirant plus de 30% de leurs revenus du secteur ne sont pas exclus.
  5. La politique précise une autre exception “ Regarding the Arctic and shale, we may remove from the exclusion list a limited number of companies that are above the thresholds but where upstream activities are a small part of the revenue base, always below 10% and most often below 1%”.
  6. Reclaim Finance a publié le 23 février 2022 une analyse des plans climat des six majors pétro-gazières européennes. Cette analyse révèle que les objectifs de neutralité carbone et de baisse de l’intensité carbone fixés par les entreprises ne suffisent pas à rester dans le budget carbone compatible avec un réchauffement climatique de 1,5°C. Voir notre communiqué de presse et nos briefings sur TotalEnergies, Shell, BP, Eni.
  7. Observatoire de la Finance Durable, Recommandations du Comité Scientifique et d’Expertise portant sur les hydrocarbures non conventionnels et les stratégies d’alignement, 2021.
  8. Reclaim Finance, La croissance d’Amundi menace le climat, 2022.
  9. IEA, Net Zero by 2050, 2021. Reclaim Finance en tire trois principes clés pour les acteurs financiers ici.
  10. Contrairement à la coalition “Climate Action 100+” à laquelle il appartient, et qui exige une cible de réduction des émissions à court terme en 2025.

Contact presse :

  • Louis-Maxence Delaport, chargé de campagne à Reclaim Finance, lm@reclaimfinance.org, +33 6 48 64 39 75
  • Lara Cuvelier, chargée de campagne à Reclaim Finance, lara@reclaimfinance.org, +33 6 68 45 18 93