Communiqué de presse

Paris, le 27 janvier 2022 – Trois semaines après le rachat de Lyxor par Amundi, la stratégie du géant français de la gestion d’actifs est mise à l’épreuve dans un nouveau rapport de Reclaim Finance (1), qui pointe du doigt une menace grandissante pour le climat. Alors qu’une partie croissante de ses actifs échappera à toute restriction liée au climat, l’ONG souligne le risque pour Amundi d’opérer de nouveaux investissements dans les entreprises avec des plans d’expansion dans le charbon, et plus largement dans les secteurs qu’il reconnait pourtant comme risqués. Reclaim Finance appelle le plus gros investisseur européen à corriger rapidement le tir et à s’engager à exclure, à terme, tous les expansionnistes des énergies fossiles de tous ses actifs.

En finalisant le rachat de Lyxor début janvier, Amundi devenait le deuxième plus grand fournisseur d’ETF (2) en Europe, derrière BlackRock. Cette acquisition permet à Amundi de poursuivre la croissance fulgurante de son activité de gestion passive, qui a été presque multipliée par trois entre 2018 et aujourd’hui. Problème : Amundi n’applique pas sa propre politique charbon à la majorité de ces fonds, d’où des investissements dans des poids lourds du secteur comme Glencore ou KEPCO (3). Pour Reclaim Finance, il est irresponsable qu’Amundi décide d’étendre sa gestion passive tant qu’il n’a pas trouvé de solution pour y appliquer des exclusions des énergies fossiles.

Amundi prétend pallier ce problème par une politique d’engagement renforcée. Mais le rapport pointe du doigt les incohérences de la politique charbon d’Amundi. Une analyse détaillée des votes d’Amundi en 2021 montre un large soutien (78% de votes en faveur) aux résolutions proposées par la direction de 13 grands développeurs de charbon (4). Parmi ceux qui ont été soutenus figure Glencore, alors que le géant minier se place parmi les 10 principaux développeurs de nouvelles capacités de production de charbon et qu’il continuera à opérer ses mines après 2050 (5).

Lara Cuvelier, chargée de campagne à Reclaim Finance, a commenté : “Alors que tous les signaux sont au rouge sur le climat, Amundi a toujours un problème avec le charbon. Si Amundi ne veut pas devenir le nouveau BlackRock du climat, alors il doit impérativement régler son problème de gestion passive et sortir (vraiment) du charbon. »

Ces résultats contrastent fortement avec l’image qu’Amundi s’est efforcé d’établir en tant que leader de la finance durable. La société de gestion d’actifs a rejoint l’initiative « Net Zero Asset Managers » en juillet, ce qui l’engage à réduire de moitié ses émissions de CO2 d’ici à 2030. En plus d’être présent dans une dizaine d’initiatives d’investisseurs internationaux sur le climat, le gestionnaire est influent au sein de réseaux français comme le FIR (6). Son président Yves Perrier a été nommé par le gouvernement français pour coordonner les institutions financières françaises dans leur alignement sur les objectifs climatiques de Paris, comprenant la sortie des pétrole et gaz non-conventionnels.

Amundi n’est pourtant pas le meilleur élève en la matière et est très loin d’être aligné avec la principale conclusion de l’Agence internationale de l’énergie concernant l’arrêt dans le développement de nouveaux champs pétroliers et gaziers dans un scénario permettant d’atteindre la neutralité carbone suivant une trajectoire 1,5°C. Le géant français détient plus de 14 milliards d’euros d’actions et d’obligations dans les six majors européennes du pétrole et du gaz, et les dernières mesures adoptées sur ce secteur lui permettent encore de soutenir près de 75% des plans d’expansion des compagnies pétrolières et gazières, y compris en Arctique (7).

Lara Cuvelier a conclu : « Amundi est peut-être l’ambassadeur du secteur financier français en matière de climat, mais il n’a pas de quoi être fier de son bilan. S’engager à atteindre la neutralité carbone tout en soutenant activement les expansionnistes du pétrole, du gaz et du charbon, c’est comme acheter plus de cigarettes tout en promettant d’arrêter de fumer. Il est temps qu’Amundi tienne sa parole et commence à montrer l’exemple en matière de climat. »

Notes:

  1. Le rapport en français est disponible ici.
  2. Un Exchange Traded Fund (ETF) est un type de produit géré de façon passive. 67% des actifs sous gestion de Lyxor au moment du rachat par Amundi sont des ETFs.
  3. La politique charbon d’Amundi ne s’appliquent pas à la majeure partie de ses actifs gérés passivement. Elle ne couvre actuellement que ses fonds indiciels ESG et Amundi a récemment annoncé que 40% de sa gamme d’ETF serait constituée d’ETF ESG d’ici à 2025. Aucun engagement n’a été pris pour appliquer la politique à l’ensemble des actifs.
  4. Sur un périmètre de 13 développeurs de nouveaux projets charbon analysés par Reclaim Finance dans le cadre d’une étude sur la crédibilité des plans de sortie.
  5. Coal Watchlist de Reclaim.
  6. La Responsable de la Recherche ESG, de l’engagement actionnarial et de la politique de vote d’Amundi préside la commission “Dialogue et engagement” du FIR et influence directement la forme et le contenu des démarches d’engagement actionnarial de la place de Paris.
  7. Enquête de Reclaim sur l’Arctique.

Contact presse :

  • Lara Cuvelier, chargée de campagne à Reclaim Finance, lara@reclaimfinance.org, +33 6 68 45 18 93
  • Angus Satow, Media Manager, angus@reclaimfinance.org, +44 7 84 77 54 046