Communiqué de presse 

Paris, le 19 mai 2022 – Le projet EACOP (East African Crude Oil Pipeline) de TotalEnergies pourrait trouver une assurance grâce au courtier Marsh & McLennan. Le Financial Times (1) vient de révéler que le leader américain assumait ce rôle malgré les protestations de ses salariés. Ce projet envisagé entre l’Ouganda et la Tanzanie est une “bombe climatique” développé à rebours des recommandations scientifiques et de l’AIE pour limiter le réchauffement à 1,5°C. Reclaim Finance condamne le soutien de Marsh & McLennan au projet EACOP et appelle les acteurs financiers opposés à EACOP à sanctionner TotalEnergies, à commencer par voter contre son faux plan climat le 25 mai prochain.

Le développement de EACOP, ce pipeline chauffé de 1 400 km de long, produirait chaque année plus de 34 millions de tonnes de CO2, détruirait la biodiversité de ces régions et déplacerait plus de 100 000 personnes. Une aberration au regard des recommandations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui rappelle l’urgence climatique et de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qui confirme l’importance de ne plus développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers pour limiter le réchauffement climatique à 1.5°C.

EACOP n’est pas le premier projet pétro-gazier controversé dans lequel Marsh & McLennan est impliqué. Pour rappel, le courtier américain est aussi directement impliqué dans le projet Trans Mountain Pipeline (2) et dans le méga-projet de mine de charbon Carmichael porté par Adani en Australie. Reclaim Finance condamne le soutien apporté par Marsh au projet EACOP:

“Alors que l’industrie de l’assurance est la mieux placée pour mener la bataille du climat, le courtier Marsh est déterminé à profiter aussi longtemps que possible des énergies fossiles, quitte à soutenir les projets les plus polluants, dans le secteur des sables bitumineux et maintenant avec le projet EACOP” déclare Ariel Le Bourdonnec, chargé de campagne chez Reclaim Finance.

20 banques (3) et plus de 8 assureurs ont annoncé qu’ils refuseraient de soutenir le projet. Parmi ces assureurs se trouvent les français AXA, SCOR mais aussi Munich Re, Zurich, Allianz, AXA, SCOR, Swiss Re, Hannover Re. Les quatre principales agences européennes de crédit à l’exportation (France, Allemagne, UK et Italie) ont également annoncé qu’elles ne soutiendraient pas le projet.

Si nombre d’acteurs financiers français se sont engagés à ne pas soutenir directement le projet EACOP, ils continuent cependant de financer et d’investir dans l’entreprise sur les marchés. Ils participent donc indirectement à l’émergence de ses nouveaux projets pétroliers et gaziers comme EACOP qui ne pourrait pas voir le jour sans le soutien des financeurs de TotalEnergies. En avril, les banques françaises jouaient un rôle moteur dans la plus grosse opération de prêt visant TotalEnergies depuis l’Accord de Paris (4). Interpellés en tant qu’investisseurs de TotalEnergies, AXA, BNP Paribas et Crédit Agricole/Amundi n’ont toujours pas annoncé s’ils voteraient contre le plan “climat” de Total.

“Le temps presse alors que TotalEnergies s’acoquine avec les pires jusqu’au-boutistes des énergies fossiles comme Marsh pour faire avancer son projet. Il est urgent que les acteurs financiers sincèrement opposés au projet EACOP sanctionnent TotalEnergies tant que la major n’a pas renoncé à ses projets délétères. A commencer par annoncer qu’ils voteront contre le faux plan climat de TotalEnergies le 25 mai prochain” déclare Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance.

La mobilisation contre le projet EACOP prend de l’ampleur. ONG de défense de l’environnement et des droits humains, militants pour le climat, personnalités politiques et autres représentants de la société civile se mobilisent en vue de l’assemblée générale de TotalEnergies mercredi prochain. Ils appellent notamment les investisseurs actionnaires de TotalEnergies à voter contre le plan climat défaillant sur le fond et la forme de la major, notamment en contestation à EACOP et aux autres projets d’expansion pétro-gazière développés par la major française. Le projet EACOP est également la raison avancée hier par Meeschaert, un des lead investors de TotalEnergies, pour motiver son vote contre le plan climat de Total (5).

Notes :

  1. L’article du FT, publié le 19 mai 2022, est ici 
  2. Méga projet d’extension de 1 000 km de pipeline permettant d’acheminer le pétrole de sables bitumineux à travers le Canada pour répondre aux besoins grandissants de l’industrie pétrolière non conventionnelle canadienne
  3. Natixis ne s’est pas encore engagée à ne pas soutenir EACOP.
  4. BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale ont joué le rôle de bookrunners dans une opération de prêt octroyant $8 milliards à TotalEnergies. Notre réactive ici
  5. Meeschaert est un des chefs de file pour le dialogue avec TotalEnergies pour le compte de l’initiative Climate Action 100+, qui réunit plus 700 investisseurs représentant plus de 68000 milliards. Le mercredi 18 mai, il annonçait sa décision de voter contre le plan “climat” de Total.

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