Communiqué de presse 

Bruxelles / Paris / Berlin / Afrique du Sud, le 7 février 2023 – À la veille de l’annonce des résultats annuels de TotalEnergies, cinq lauréates du prestigieux prix Goldman pour l’environnement (1) publient une tribune pour appeler les institutions financières à cesser de soutenir l’expansion pétrolière et gazière de la major française en Afrique, qui piétine le climat, la biodiversité et les droits humains. Aujourd’hui, elles interviendront au Parlement européen pour réitérer leur appel. 

Les lauréates du prix Goldman ont écrit en novembre dernier à 78 banques, investisseurs et assureurs pour leur demander de s’engager à ne plus soutenir la stratégie d’expansion de TotalEnergies en Afrique, où la major française prévoit de développer de nombreux projets, notamment l’oléoduc EACOP (East African Crude Oil Pipeline) entre l’Ouganda et la Tanzanie ou encore l’exploitation de Luiperd et Brulppada, deux importants gisements de gaz offshore en Afrique du Sud (2). Deux mois plus tard, seules 4 institutions financières se sont engagées à ne pas soutenir TotalEnergies dans ses projets en Afrique du Sud (3). 

Lucie Pinson, directrice et fondatrice de Reclaim Finance, déclare : « L’Agence internationale de l’énergie est claire – il n’y a pas de place pour de nouveaux projets pétroliers et gaziers dans un monde net zéro et les organisations de la société civile de toute l’Afrique appellent à une transition énergétique juste vers un avenir énergétique vert. Nous sommes déterminées à faire entendre leur appel et à le faire respecter par les entreprises et les institutions financières européennes. Les banques, les assureurs et les investisseurs doivent se retirer de TotalEnergies qui prévoit de faire exploser le budget carbone mondial et d’enfermer l’Afrique dans une dépendance aux énergies fossiles.«  

Les lauréates, originaires de France, d’Allemagne et d’Afrique du Sud, réitéreront leur appel aujourd’hui en public dans une tribune et au Parlement européen, à la veille de l’annonce des résultats 2022 de la major pétrolière et gazière française TotalEnergies.  

Claire Nouvian, fondatrice de l’ONG française Bloom, déclare : « Chaque annonce de profits records par TotalEnergies ne fait qu’accélérer le chaos climatique et la destruction de la nature. Chaque dividende versé aux actionnaires de TotalEnergies a pour corollaire la destruction du monde naturel, détruisant les conditions mêmes qui rendent la vie possible sur notre planète. »   

Deux femmes viennent d’Afrique du Sud, où TotalEnergies prévoit d’investir 3 milliards de dollars dans le développement de réserves dans les eaux au sud du Cap, ce qui dévastera probablement les écosystèmes marins de l’Afrique du Sud et mettra en danger les nombreuses communautés côtières qui en dépendent.  

Liziwe McDaid, fondatrice de l’organisation sud-africaine The Green Connection, ajoute : « Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour stopper le projet de TotalEnergies sur nos côtes. Il est temps que les institutions financières européennes comprennent enfin que l’Afrique du Sud dispose de nombreuses ressources solaires et éoliennes, et que l’augmentation des énergies fossiles ne fera qu’aggraver les inégalités dans notre pays. Ce projet spécifique met en danger les moyens de subsistance des pêcheurs et menace nos océans. Nous voulons faire comprendre aux banques et aux investisseurs qu’ils ne peuvent pas le soutenir en notre nom.” 

Makoma Lekalakala, directrice d’Earthlife Africa, poursuit : « Les entreprises et les institutions financières françaises tentent une fois de plus d’influencer la politique énergétique sud-africaine pour leurs propres intérêts. Ce qu’ils ont fait pour le charbon, ils essaient de le refaire pour le pétrole et le gaz. Les décideurs européens disent qu’ils veulent soutenir un « partenariat pour une transition énergétique juste » avec l’Afrique du Sud, mais leurs grands mots sonnent creux tant qu’ils refusent d’entendre les demandes du peuple pour une « vraie » transition énergétique « juste”.” 

Heffa Shücking, fondatrice de l’ONG allemande Urgewald, conclut : « Chaque dollar dépensé dans de nouveaux projets pétroliers et gaziers va à l’encontre de la feuille de route de 1,5°C établie par l’Agence internationale de l’énergie en 2021. Pourtant, TotalEnergies, que de nombreuses institutions financières disent en transition, est déjà responsable de plus de 14% de l’expansion à court terme du pétrole et du gaz en Afrique et est sur le point d’ajouter 2,27 milliards de barils d’équivalent pétrole à son portefeuille de production sur le continent. Il faut que cela cesse. Les institutions financières qui prétendent s’aligner sur 1,5°C doivent cesser de soutenir ce numéro un de l’expansion fossile en Afrique ».  

Contacts :

  • Lucie Pinson, lauréate du prix Goldman 2020, fondatrice et directrice de Reclaim Finance (France), lucie@reclaimfinance.org, +33679543715 
  • Heffa Schücking, lauréate du prix Goldman 1994, fondatrice et directrice d’Urgewald (Allemagne), heffa@urgewald.org. 
  • Liziwe McDaid, lauréate du prix Goldman 2018, responsable stratégique chez The Green Connection (Afrique du Sud), liziwe@mweb.co.za. 
  • Makoma Lekalakala, lauréate du prix Goldman 2018, directrice d’Earthlife Africa (Afrique du Sud), makoma@earthlife.org.za. 
  • Swann Boomier, Chargé du plaidoyer et des campagnes chez Bloom, swannbommier@bloomassociation.org, +33669334976 
  • Anaïs Lehnert, Responsable communication chez Reclaim Finance, anais@reclaimfinance.org, +33670085898 

Notes :

  1. Claire Nouvian, lauréate du prix Goldman 2018, fondatrice de Bloom (France) ; Heffa Schücking, lauréate du prix Goldman 1994, fondatrice et directrice d’Urgewald (Allemagne) ; Liziwe McDaid, lauréate du prix Goldman 2018, responsable stratégique chez The Green Connection (Afrique du Sud) ; Lucie Pinson, lauréate du prix Goldman 2020, fondatrice et directrice de Reclaim Finance (France) ; Makoma Lekalakala, lauréate du prix Goldman 2018, directrice d’Earthlife Africa.
  2. Voir la page web « Protéger l’Afrique d’un avenir carboné » détaillant les plans d’expansion de TotalEnergies sur le continent et les institutions financières soutenant la major française.  
  3. Voir ci-dessous un tableau avec les réponses.  

Annexes :

En novembre dernier, nos 5 ONG (Bloom, Earthlife Africa, Reclaim Finance, The Green Connection et Urgewald) ont envoyé une lettre privée aux principales banques, assureurs et investisseurs susceptibles de soutenir TotalEnergies dans ses projets en Afrique du Sud et, plus généralement, dans sa stratégie expansionniste en Afrique. 

Nous avons contacté 78 institutions financières (28 banques, 25 assureurs et 25 investisseurs), leur demandant de s’engager à ne pas soutenir, directement ou indirectement, TotalEnergies dans sa stratégie expansionniste en Afrique. 

Depuis, nous avons reçu quelques réponses, qui sont résumées dans le tableau suivant.  Si certains (1 banque et 3 assureurs) se sont engagés à ne pas soutenir les projets de TotalEnergies en Afrique du Sud, beaucoup n’ont même pas répondu. D’autres, plus rarement, se sont référés à leur politique RSE (5 banques et 4 assureurs), ou ont simplement accusé réception de notre lettre, justifiant parfois une absence de réponse par des raisons de confidentialité. 

Réponse des banques Analyses des politiques Pétrole et gaz des banques
Banque A repondu S’engage à ne pas soutenir TotalEnergies dans ses projets en Afrique du Sud Ne fournit pas de financement pour les nouveaux projets pétroliers et gaziers Ne fournit pas de financement aux développeurs de nouveaux projets pétroliers et gaziers 
Unicrédit Oui Oui
Crédit Agricole Oui Upstream pétrole
Deutsche Bank Oui
Crédit Suisse Oui
BNP Paribas Oui
Santander Oui Incomplet – upstream pétrole 
Mizuho Financial Oui
Goldman Sachs Oui
Standard Chartered Oui
Mitsubishi UFG Oui
Morgan Stanley Oui
SMBC Oui
Société Générale Non
BPCE Non
JP Morgan Chase Non
Royal Bank of Canada Non
Barclays Non
Citigroup Non
BBVA Non Upstream pétrole & gaz 
Bank of America Non
HSBC Non Incomplet – upstream & midstream pétrole & gaz 
ANZ Non
Intesa Sanpaolo Non
Standard Bank Non
ICBC Non
First Rand Non
Absa Group Non
State Bank of India Non

Les engagements visant uniquement le pétrole et le gaz non conventionnels n’ont pas été pris en compte dans le tableau.Pour plus de détails et d’informations, voir le Oil & Gas Policy Tracker. 

Réponses des assureurs Analyses des politiques Pétrole & Gaz des assureurs
Assureurs A répondu S’engage à ne pas soutenir TotalEnergies dans ses projets en Afrique du Sud Ne prévoit pas de couverture d’assurance pour les nouveaux projets pétroliers et gaziers
Generali 
Oui Oui  Upstream pétrole & gaz 
Hannover Re Oui Oui  Incomplet upstream & midstream pétrole & gaz 
HDI Global Oui Oui 
Allianz Oui Incomplet  – Upstream pétrole & gaz 

Incomplet – Midstream pétrole 

Aviva Oui Upstream Pétrole & gaz 
Tokio Marine Oui
Sompo Oui
QBE Oui
MS&AD Oui
Zurich Re Oui
SCOR Re Non
Axa Non Incomplet – upstream pétrole 
Swiss Re Non Incomplet – upstream pétrole & gaz 
Munich Re Non Incomplet – upstream pétrole & gaz 

Incomplet – midstream pétrole 

Mapfre Non
Lloyd’s Non
Axis Capital Non
AIG Non
The Hartford Non
Travelers Non
Convex Non
Chubb Non
Liberty Mutual Non
Berkshire Hathaway Non
Everest Re Non

Les engagements visant uniquement le pétrole et le gaz non conventionnels n’ont pas été pris en compte dans le tableau. Pour plus de détails et d’informations, voir le Oi l& Gas Policy Tracker. 

Réponse des investisseurs Analyses des politiques Pétrole & Gaz des investisseurs 
Investisseurs A répondu S’engage à ne pas soutenir TotalEnergies dans ses projets en Afrique du Sud  N’investit pas dans les développeurs de nouveaux projets pétroliers et gaziers. 
MG Oui Non
Federated Investment Inc Oui Non
Amundi Non
BNP Paribas SA Non
BlackRock Non
State Street Non
Wellington Management Non
JP Morgan Chase Non
Deutsche Bank Non
UBS Non
Allianz Non
Invesco Non
Vanguard Non
Union Investment Luxembourg SA Non
Fidelity Investments Non
DekaBank Deutsche Girozentrale Non
Capital group Non
T Rowe Price Non
Dimensional Fund Advisors Non
Sun Life Financial Non
Norges Bank Non
Dodge & Cox Non
Janus Henderson Group PLC Non
Natixis SA Non
Charles Schwab Corp/The Non

Les engagements visant uniquement le pétrole et le gaz non conventionnels n’ont pas été pris en compte dans le tableau. Pour plus de détails et d’informations, voir le Oil & Gas Policy Tracker.