Engie priorise ses actionnaires au détriment de la sortie du gaz fossile

Paris, le 22 février 2024 – Engie a annoncé un bénéfice de 5,4 milliards d’euros en 2023 lors de la présentation de ses résultats annuels. L’entreprise française a également indiqué avoir versé 4,1 milliards d’euros de dividendes sur l’année 2023 à ses actionnaires, un record, et prévoit d’en verser 3,5 milliards en 2024 (1). Reclaim Finance appelle les actionnaires d’Engie à exiger de l’entreprise qu’elle mette fin à sa stratégie d’expansion gazière, que ce soit l’importation de GNL ou le développement de nouvelles centrales à gaz.

Engie a préféré consacrer plus de 4 milliards d’euros à ses actionnaires en 2023 plutôt qu’à sa sortie du gaz fossile, que l’entreprise continue de développer malgré les ambitions climatiques qu’elle affiche. Les actionnaires qui s’étaient déjà inquiétés de voir Engie signer des contrats d’importation de gaz de schiste en provenance des Etats-Unis – dont l’Etat français – doivent vite intervenir pour exiger de l’entreprise un engagement à cesser sa stratégie d’expansion gazière et un renoncement immédiat aux projets de nouvelles centrales à gaz aux Pays-Bas, en Belgique ou encore au Chili.

Antoine Laurent, responsable plaidoyer France pour Reclaim Finance

En tant qu’actionnaire principal d’Engie, l’Etat français a reçu plus d’un milliard d’euros de dividendes. Vu l’objectif fixé par l’Agence des participations de l’Etat “d’accompagner l’agenda du gouvernement en matière de planification écologique » (2), il serait opportun que le gouvernement appelle Engie à privilégier les investissements dans sa sortie du gaz fossile plutôt que la forte rémunération des actionnaires.

Controverse autour du projet de centrale à gaz à Nimègue aux Pays-Bas

Bien qu’il puisse être nécessaire de maintenir des capacités gazières pour répondre aux pics de demande à l’avenir, la centrale de Nimègue, prévue d’opérer jusqu’en 2045 ne saurait être nécessaire. La seule manière pour Engie d’amortir cet énorme projet sera de faire tourner la centrale bien au-delà des seuils d’émissions autorisés pour respecter l’objectif de contenir le réchauffement à 1,5°C. Autrement dit, sa construction contreviendrait aux objectifs climatiques européens et empêcherait les Pays-Bas d’atteindre les objectifs fixés par le gouvernement de décarboner l’électricité d’ici 2035 et de porter à 95,5 % la part des renouvelables dans leur mix électrique d’ici 2040.

Engie compromet aussi la transition en Europe par ses projets d’extension de terminaux de GNL ainsi qu’en signant des contrats d’importation de gaz de schiste américain, certains courant au-delà de 2040.

Engie entend donc continuer de promouvoir l’importation et la consommation du gaz fossile le plus sale au monde pendant encore des décennies. Ce alors que l’UE vise un objectif de baisse de 90 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040 par rapport à 1990 et de diviser par deux sa consommation de gaz d’ici 2030 par rapport à 2019. Enfin, l’UE devrait décarboner son mix électrique au plus tard en 2035 selon le scénario net-zero de l’AIE, comme s’y sont engagés sept pays européens, dont la France et les Pays-Bas.

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Notes :

  1. Engie s’est engagé à verser 1,43 € par action en 2024, soit 3,48 milliards d’euros pour 2,4 milliards d’actions.
  2. AEFInfo, « L’objectif d’APE est d’accompagner l’agenda du gouvernement en matière de planification écologique », Octobre 2023.

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2024-02-23T11:51:02+01:00