AXA Investment Management (AXA IM), le gestionnaire d’actifs d’AXA, gérant plus de 850 milliards d’euros, a récemment mis à jour sa politique d’exclusion charbon. AXA IM rentre enfin dans le club des 20 institutions financières françaises ayant une politique charbon ambitieuse mais rate une opportunité pour s’aligner sur les pratiques best-in-class de sa maison mère, AXA, en réclamant des plans de sortie aux entreprises charbon restantes en portefeuille.

1. Ce qui est nouveau

Avec la mise à jour de sa politique, AXA IM change sa politique sur plusieurs points :

  • Détermination de dates claires pour une sortie totale du charbon 2030 dans l’OCDE, 2040 dans le reste du monde.
  • Arrêt du soutien financier aux développeurs de centrales électriques à charbon et aux équipementiers (300MW de projets en construction maximum contre 3000MW auparavant)
  • Renforcement des restrictions appliquées aux opérateurs de centrales électriques à charbon (maximum 10 GW)
  • Le périmètre des exclusions est étendu pour s’appliquer par défaut aux mandats pour compte de tiers et aux fonds dédiés, ainsi qu’à l’ensemble des co-entreprises dans lesquelles AXA IM détient à minima 50% des parts. Cela inclut notamment Kyobo Axa Investment Management un investisseur important du charbon en Coréee du Sud (€3.23 millions1). Certains actifs restent toujours non-couverts par cette politiques (fonds de fonds, fonds indiciels, fonds de hedge funds).

2. Notre analyse

Avec la réduction du seuil d’exclusion d’Axa IM pour les énergéticiens de 3000MW à 300MW AXA IM exclu enfin l’ensemble des développeurs de mines, de centrales ou d’infrastructures d’exploitation du charbon.AXA IM peut néanmoins encore s’améliorer en incluant dans son périmètre d’exclusion les entreprises rachetant des centrales et mines de charbon.

Concernant l’exclusion des entreprises les plus exposées dans l’exploitation du charbon,Axa IM maintient à l’identique ses critères d’exclusion relatifs(maximum 30% de revenues liés au charbon). Pour aller plus loin, Axa IM gagnerait à s’inspirer du Crédit Mutuel AM qui applique lui sa politique avec un seuil légèrement plus restrictif(20% des revenus).

L’adoptiond’un seuil ambitieux d’exclusion absolu pour les énergéticiens(maximum 10GW de production liée au charbon) – en plus de celui déjà existant pour les entreprises minières (maximum 20 Mt)est positive. Celapermet à AXA IM de renforcer sa politique charbon. Néanmoins sur cet aspect, même si AXA IM se rapproche des meilleures pratiques de marché, ilexiste encore une marge de progrèsvia le renforcement de ces critères d’exclusion, comme l’a fait CNP Assurance qui applique des seuils plus stricts (5GW et 10Mt maximum).

Pour ce qui est des scénarios de transition, l’ajout de dates de sortie définitive du charbon d‘AXA IM envoie un signal fort aux marchés et entreprises charbonnières puisque ces dates sont alignées sur les connaissances scientifiques (2030 dans l’OCDE, 2040 dans le reste du monde).

Il faut néanmoins regretter qu’AXA IM ne s‘engage pas à demander systématiquement, comme l’a fait sa maison mère AXA (Assurance),des plans de transition chiffrés et sérieux aux entreprisesliées au charbon dans lesquelles il a investi.

Pour finir, on peut cependant déplorer qu’aucun progrès ne soit fait sur le gaz et le pétrole. Si les pétroles extraits dans les sables bitumineux font bien l’objet d’une politique d’exclusion (maximum 20% des revenus liés à ce secteur), Axa IM n’a pas cru bon d’étendre l’utilisation d’une telle mesure. A minima, il aurait pu l’étendre à l’ensemble des hydrocarbures non-conventionnels comme une première étape intermédiaire avant la mise en place de plans de neutralité carbone globaux à horizon 2050.

Les scores d’AXA IM dans le Coal Policy Tool

Ce tableau présente les scores de la politique charbon d’AXA IM sur 4 critères du Coal Policy Tool

3. Notre Conclusion

D’importants progrès sont réalisés par AXA IM concernant sa stratégie de transition et ses seuils d’exclusion des entreprises liées au charbon. Le gestionnaire d’actif rentre enfin dans la catégorie des acteurs financiers ayant une politique charbon robuste. Cependant, et c’est le principal défaut, il est dommageable qu’une institution de cette envergure ne s’engage pas plus en avant dans une politique systématique de transition alors même que sa maison mère (Axa Assurance) est plus ambitieuse sur la question des plans de sortie.

De plus, rien de nouveau ne concerne le gaz et le pétrole, alors même que 5 ans après l’Accord de Paris et alors qu’AXA IM a rejoint la Net Zero Asset Manager Initiative, la pression monte sur les acteurs financiers pour avoir des politiques climatiques effectivement alignée avec l‘objectif 1.5°. Cela implique nécessairement la fin de tout soutien aux développeurs d’énergies fossiles.