Avec 19 ONG de défense des droits humains et de l’environnement, nous appelons les acteurs financiers français privés et publics à s’engager à ne pas participer au financement du projet de conversion à la biomasse de deux centrales à charbon à la Réunion. Ce projet, porté par l’entreprise française Albioma, mettrait en danger la santé publique, la protection de la biodiversité et aggraverait le dérèglement climatique. Enfin, il menace l’objectif d’autonomie des territoires d’Outre-mer d’ici 2030 – un objectif établit dans la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015.

Biomasse : la fausse bonne idée

L’entreprise française Albioma affirme que cette conversion représenterait un gain pour le climat. Au contraire, ce projet augmenterait les émissions de gaz à effet de serre. La production d’une unité d’électricité à partir d’une biomasse solide émet entre 3% et 50% de CO2 de plus que la production à partir du charbon.

Le carbone libéré lors de la coupe d’arbres n’est pas simultanément capté par des arbres plantés mais prendra des décennies voire plus d’un siècle avant d’être compensé, c’est-à-dire un délai inacceptable pour prévenir un emballement du climat. Le recours à des forêts certifiées et gérées de manière durable, comme ce serait le cas dans le cas de la Réunion, ne changerait pas cette réalité. Plus de 500 scientifiques ont interpellé la commission européenne sur les risques associés au développement du bois énergie : la conversion d’une centrale à charbon en biomasse forestière entraîne 2 à 3 fois plus de carbone dans l’atmosphère en 2050 par gigajoule d’énergie finale.

Tous les efforts pour sortir du charbon sont à prendre. Mais les acteurs financiers ne doivent pas remplacer un mal par un autre. Les institutions financières publiques et privées ne doivent pas céder à la facilité et doivent soutenir un vrai processus de transition énergétique, au profit des énergies renouvelables durables.

Nos demandes aux acteurs financiers :

Nous demandons à l’AFD et aux acteurs financiers privés de suspendre l’instruction du financement de ce projet de conversion et de publier les études d’impacts environnementaux pour ouvrir un débat.

  • S’engager à ne pas soutenir la conversion des centrales à charbon de la Réunion à la biomasse solide ou tout projet similaire, que ce soit par des soutiens directs ou indirects.
  • Accompagner Albioma dans l’adoption d’une stratégie de sortie du charbon compatible avec l’objectif d’autonomie énergétique à l’horizon 2030 pour l’Outre-mer et qui ne constitue pas un risque pour la santé publique, la protection de la biodiversité et le climat.

Pour aller plus loin :