Mauvaise nouvelle ce matin : selon la nouvelle édition de la Global Coal Exit List (GCEL), plus de 500 entreprises prévoient toujours de nouveaux projets de mines, centrales ou infrastructures charbon et seulement 49 se sont fixées une échéance pour sortir du charbon. De plus en plus d’acteurs financiers français demandent à leurs clients d’adopter un plan de sortie du charbon mais que doivent contenir ces plans de sortie ? Quels gages de crédibilité doivent-ils contenir ? Quels sont les pièges à éviter ? Reclaim Finance et Urgewald publient une liste de 10 critères à prendre en compte pour s’assurer que l’industrie du charbon sorte (vraiment) du charbon.

L’industrie du charbon prévoit encore de se développer

Il y a un an, le secrétaire général des Nations Unies espérait que 2021 serait la dernière année de construction de nouvelles centrales à charbon. La Global Coal Exit List (GCEL) 2021 révèle qu’on en est très loin : 503 des 1030 entreprises prévoient toujours de développer de nouvelles centrales électriques au charbon, de nouvelles mines de charbon ou de nouvelles infrastructures de transport du charbon. Dans les tuyaux, une hausse de la production de la capacité de production de 23% (480 GW, soit plus de 4 fois la capacité installée dans l’Union Européenne). Les projets de mines de charbon en développement pourraient conduire la production de charbon thermique à augmenter de 27 % dans le monde. Tous ces projets sont incompatibles avec le budget carbone restant pour limiter le réchauffement à 1,5°C. La surdité de ces 503 entreprises aux appels répétés depuis 2015 par les Nations-Unies et l’Agence Internationale de l’Énergie pour un arrêt de l’expansion du charbon démontrent leur intention de ne pas faire leur transition.

Une majorité des entreprises ne sont pas en transition

De nombreuses institutions financières justifient le maintien de leur soutien à l’industrie du charbon en affirmant qu’elles veulent aider leurs clients à effectuer la transition. Sauf que la grande majorité des entreprises listées dans la GCEL ne sont toujours pas en transition. Pour preuve, seules 49 des 1030 entreprises listées sur la GCEL (soit 5%) ont annoncé une date de sortie du charbon. Et dans un tiers de ces cas, leurs dates de sortie arrivent trop tard… les échéances scientifiques de sortie du charbon au plus tard d’ici 2030 pour les pays européen et de l’OCDE et d’ici 2040 pour les autres pays. C’est le cas des conglomérats japonais Marubeni et Sumitomo, qui non seulement prévoient de sortir du charbon vers la fin des années 40 ou en 2050 mais sont toujours impliqués dans la construction de nouvelles centrales au charbon. Tant que les investisseurs, les banques et les assureurs continueront à soutenir les entreprises du charbon qui refusent de faire leur transition, il sera impossible de sortir du charbon à temps.

La sortie du charbon oui, mais pas n’importe comment

Sortir du charbon est un exercice périlleux et fixer la bonne échéance ne suffit pas pour répondre aux exigences climatiques et de transition juste. Au-delà de couper tous soutiens aux expansionnistes du charbon, toute institution financière un brin sérieuse sur le climat doit conditionner ses soutiens à l’adoption par ses clients d’un plan détaillé de fermeture de tous ses actifs charbon et doit exiger que cette sortie soit un tremplin vers une production d’électricité totalement décarbonée.

D’après l’Agence internationale de l’énergie, atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 requiert de décarboner complètement le secteur de la production d’électricité dans les économies dites avancées d’ici 2035 et dans le reste du monde d’ici 2040. Or de nombreuses entreprises ont recours à la vente d’actifs (par exemple, BHP, Anglo American, Glencore) ou décident de les convertir au gaz ou à la biomasse (Engie), quand elles ne bloquent pas purement la transition en intentant des procès contre les fermetures de centrales au charbon (RWE, Fortum/Uniper). Les acteurs financiers doivent imposer des critères clairs et exigeants à leurs clients pour s’assurer que leurs plans de transition sont crédibles et réellement durables. Malheureusement, sur 39 acteurs financiers français engagés à sortir du charbon dans les temps impartis pour limiter le réchauffement à 1,5°C, seulement 25 appellent leurs clients à adopter des plans de sortie du charbon.

Les engagements sur le charbon se multiplient mais les chiffres sont tenaces : seulement 5% des entreprises de l’industrie du charbon prévoit d’en sortir. Les acteurs financiers doivent non seulement cesser de financer les industriels qui prévoient de développer de nouveaux projets dans le charbon, mais aussi s’assurer que les clients qui restent en portefeuille ne se contentent pas de repousser ou décaler le problème. Reclaim Finance publie aujourd’hui les 10 clés pour y arriver.

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