Paris – Mercredi 8 décembre 2021 – Amundi annonce aujourd’hui son plan sociétal à horizon 2025. Reclaim Finance dénonce une “non annonce” qui ne répond à aucune des principales lacunes d’Amundi en matière de climat. L’ONG appelle Amundi à clarifier sa position par rapport aux entreprises développant de nouveaux champs pétroliers et gaziers. Par ailleurs, cette annonce intervient juste avant sa fusion avec Lyxor, l’un des principaux fournisseurs d’ETF européens, confirmant l’ambition d’Amundi de développer son activité passive, qui reste pour l’instant la grande absente dans les mesures annoncées.

Le plan, présenté lors d’une conférence de presse, présente une nouvelle exclusion des investissements d’Amundi pour les entreprises “exposées à plus de 30%” aux hydrocarbures non conventionnels (1). Cette annonce de désinvestissement à 2022 est bien loin de répondre à l’urgence climatique et aux engagements “net zero” d’Amundi. La politique ignore complètement la nécessité de mettre fin à toute expansion pétrolière et gazière pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Si Amundi ne précise pas la métrique utilisée, le seuil annoncé permet encore à Amundi de soutenir une large majorité des plans d’expansion (près de 75%) des entreprises du secteur pétrole et gaz (2). Par ailleurs, la mesure repose sur une définition très restreinte du non conventionnel, faisant l’impasse sur des secteurs en plein essor comme l’Arctique.

“Amundi détient $12 milliards dans les principales entreprises pétro-gazières qui se développent en Arctique. Espérons que cette non-annonce sera suivie de politiques plus claires qui permettront de réellement cesser tout soutien à l’expansion fossile, en Arctique et ailleurs. Si Amundi continue de soutenir inconditionnellement des entreprises comme TotalEnergies et Gazprom malgré leurs projets climaticides, on peut craindre le pire sur sa capacité à proposer des nouveaux fonds plus vertueux.” déclare Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance.

Amundi s’engage à dialoguer avec 1000 entreprises supplémentaires pour les pousser sur le climat mais ne précise aucune des demandes faites aux entreprises et les dates butoirs pour les mettre en œuvre. Or on dénonce déjà l’incohérence entre les engagements et la pratique pour le secteur du charbon. En 2021, Amundi a ainsi voté en faveur du plan “climat” de Glencore alors que la multinationale minière continue à se développer dans le charbon.

Pour Lara Cuvelier, chargé de campagne à Reclaim Finance : “L’annonce d’Amundi coche en apparence toutes les cases d’une stratégie d’engagement crédible (3) mais ne fournit aucune des précisions qui permettraient de garantir son efficacité. Avec plus de 10 mentions du mot “ESG” dans son communiqué de presse, mais 0 mentions du problème de l’expansion fossile, cette annonce paraît presque ironique. Le grand flou des annonces d’aujourd’hui sape la crédibilité d’Amundi comme “leader de l’investissement responsable” et semble confirmer l’approche du géant européen de la gestion passive de continuer à proposer à ses clients cinquante nuances de vert, quitte à y mettre du marron.”

Par ailleurs, Amundi ne fait aucune nouvelle annonce sur ses fonds en gestion passive, alors même que son rachat de Lyxor le positionne comme un géant sur le marché des ETF, le produit phare de ce type de gestion. Reclaim Finance notait dans un rapport récent l’absence d’exclusion des entreprises charbon dans la majorité des fonds indiciels d’Amundi, qui représenteront en janvier 2022 plus de 15% de ses actifs sous gestion.

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Notes :

(1) Amundi ne précise pas s’il s’agit de 30% de revenus ou de production.

(2) Selon un calcul réalisé par Reclaim Finance à partir des données sur la production actuelle et future issues de la Global Oil and Gas Exit List (GOGEL) d’Urgewald, l’exclusion des entreprises générant plus de 30% de leur production à partir de pétrole et gaz de schiste et sables bitumineux en 2020 revient à exclure les entreprises responsables de seulement 26% des volumes d’hydrocarbures actuellement en cours de développement ou d’évaluation. Attention, la GOGEL ne permet pas de faire ce calcul en fonction du % de revenus tirés du pétrole et gaz de schiste et sables bitumineux.

(3) C’est-à-dire : Say on Climate, engagement limité dans le temps, demandes associées à un calendrier précis, suivi des progrès au travers de jalons, procédure d’escalade en AGM, etc.