Communiqué de presse

Paris, le 18 janvier 2022. Le PDG de BlackRock, Larry Fink, a publié sa très attendue lettre annuelle aux PDG pour 2022, dans laquelle il défend l’investissement ESG comme n’étant pas une position idéologique. Cette lettre s’inscrit dans la continuité de l’accent sur les questions climatiques des dernières années, comme l’engagement de l’an dernier à viser le “net zero” d’ici 2050 – mais les ONGs dénoncent aujourd’hui (1) « l’incapacité à s’attaquer à l’éléphant dans la pièce », aucune nouvelle annonce n’ayant été faite concernant les énormes actifs de BlackRock dans les énergies fossiles, qui sont parmi les plus élevés au monde parmi les investisseurs. En effet, Fink fait même l’éloge du rôle du gaz fossile dans la transition, affirmant que « nous devons passer des nuances de brun aux nuances de vert », tout en critiquant le désinvestissement.

BlackRock est sous le feu des critiques des ONG concernant les entreprises les plus intensive en carbone de son portefeuille. Peu de temps après la révélation, en janvier 2021, des 85 milliards de dollars que le géant détient dans le secteur du charbon, BlackRock a publié un mémo ciblant le secteur des combustibles fossiles, mais laissant la porte grande ouverte à des objectifs douteux de zéro net par les entreprises de combustibles fossiles. Comme on pouvait s’y attendre, cela a été suivi d’une saison d’actionnariat ratée. Le mois dernier, BlackRock a finalisé un accord de 15 milliards de dollars avec Saudi Aramco pour acquérir 49 % de la filiale de gazoducs de la major pétrolière et gazière. L’AIE a clairement indiqué que pour ne pas dépasser 1,5°C de réchauffement, nous devons cesser d’investir dans de nouvelles infrastructures de combustibles fossiles.

BlackRock a récemment dépassé le chiffre étonnant de 10 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion et est le premier fournisseur d’ETF en Europe.

Lara Cuvelier, chargée de campagne à Reclaim Finance, a déclaré : « La dernière lettre de Larry Fink révèle que BlackRock est un frein plutôt qu’une aide en matière de climat. Sa position opportuniste de soutien au gaz fossile dans le cadre de la transition verte est contredit par la science climatique et par l’AIE qui défend la fin des nouveaux projets de production d’énergies fossiles et la nécessité de décarboner l’ensemble du secteur de l’électricité d’ici 2040 dans le monde entier. Fink fournit ainsi une couverture pour la construction de dizaines de nouvelles centrales à gaz, qui nous enfermeraient dans les énergies fossiles pour les années à venir. De plus, son attaque simpliste contre le désinvestissement occulte une leçon essentielle : pour réussir, l’engagement doit être associé à une demande claire d’arrêter l’expansion des énergies fossiles. Étant donné les énormes intérêts de BlackRock dans ce secteur, cette vérité est peut-être trop gênante pour être digérée. »

Fink a également réitéré dans sa lettre son appel aux gouvernements pour qu’ils agissent plus rapidement sur le climat. Mais BlackRock a récemment fait face à des critiques sur son intense lobbying contre une régulation prescriptive sur la finance.

 

Notes :

  1. Voir la réaction complète et plus de contexte de la campagne BlackRock’s Big Problem. Une lettre séparée aux investisseurs est attendue dans les semaines à venir, et les objectifs d’émissions de BlackRock pour 2030 sont attendus dans les mois à venir.
  2. Notre analyse approfondie de la manière dont BlackRock se montre conciliant avec l’industrie des énergies fossiles.