Les banques centrales européennes progressent sur le climat, malgré d’importantes lacunes

La France, l’Allemagne, l’Italie et l’UE doivent combler leurs lacunes en matière de politique monétaire pour continuer à progresser dans le domaine du climat.

Copublié avec Positive Money

26 septembre 2024 – La Banque centrale européenne (BCE) s’est classée quatrième, derrière trois de ses États membres, dans le Green Central Banking Scorecard, un projet du think tank Positive Money, avec le soutien de Reclaim Finance, qui classe les banques centrales du G20 en fonction de leur action pour rendre le système financier plus vert.

Lancé au début de l’année 2021, cette évaluation a pour but de pousser les plus grandes banques centrales à prendre les mesures les plus ambitieuses sur le climat. Le classement a évolué de manière significative depuis lors.

Les politiques introduites par la BCE lui ont permis d’augmenter son score cette année et ceux de la France, de l’Allemagne et de l’Italie. Ces dernières obtiennent toutes un score particulièrement élevé dans la catégorie des politiques financières. Cela s’explique notamment par des mesures telles que la fixation par la BCE de délais pour que les banques répondent à ses attentes sur la gestion des risques liés au climat et à l’environnement d’ici fin 2024.

Les diverses politiques vertes mises en œuvre par les banques centrales de ces trois pays membres de la zone euro ont également fait grimper les scores de chacune d’entre elles. C’est notamment le cas de la Banque de France qui s’est engagée à exclure en partie les énergies fossiles de ses investissements.

Le Scorecard 2024 met en évidence l’écart qui se creuse entre les leaders et les retardataires en matière de lutte contre le changement climatique. Le Brésil est le seul pays, avec les européens, à obtenir la note B, et de nombreux pays n’ont pas progressé depuis l’édition précédente, chutant dans le classement par rapport à leurs pairs. Il s’agit notamment de plusieurs pays dont les émissions de carbone sont historiquement élevées, comme le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada.

Cependant, même parmi les institutions en haut du classement, des lacunes importantes subsistent dans l’adoption d’actions à fort impact – des actions nécessaires pour encourager les acteurs financiers à arrêter de soutenir les activités très émettrices en faveur d’alternatives durables. À titre d’exemple, les auteurs affirment que les banques centrales sont encore très réticentes à abandonner la notion dépassée de neutralité du marché, ce qui perpétue les investissements dans des actifs nuisibles à l’environnement.

En outre, malgré leur classement élevé, les banques centrales européennes continuent de sous-performer en matière de politique monétaire, n’ayant réalisé que des progrès limités dans cette catégorie depuis le dernier Scorecard. En effet, la BCE a mis en pause sa politique visant à favoriser l’achat d’actifs verts et a abandonné sa mesure phare pour verdir les garanties qu’elle accepte de la part des banques. Dans le même temps, la BCE n’a pas évolué vers des opérations de refinancement vertes pour soutenir des activités clés telles que le déploiement des énergies renouvelables.

Parmi les changements les plus significatifs du classement du Green Central Banking Scorecard 2024 figurent le passage du Royaume-Uni de la 5e à la 7e place, l’entrée du Brésil dans le top 5, et le passage des États-Unis de la 16e à la 17e place, devant seulement trois pays, la Turquie, l’Argentine et l’Arabie saoudite.

Les nations européennes comptent parmi les plus gros émetteurs historiques, et les banques centrales et les autorités de surveillance financière de ces pays ont la responsabilité de faire des progrès relativement rapides vers la décarbonation de leurs activités.

Malheureusement, nous constatons qu’un gouffre se creuse entre l’Europe et le reste du G20. Certains de ceux qui ont pris du retard ont moins de moyens pour lutter contre le changement climatique en raison des déséquilibres dans la structure du système financier et monétaire mondial.

Maintenant qu’elles ont progressé dans le verdissement de leur supervision financière, les banques centrales européennes devraient se pencher sur les lacunes de leur politique monétaire et utiliser les ressources à leur disposition pour soutenir les pays les moins responsables du changement climatique, qui en ressentent déjà les pires effets. Elles devraient en outre utiliser leur position d’influence internationale pour demander aux banques centrales d’autres pays riches, comme le Royaume-Uni et les États-Unis, de suivre leur exemple et d’accélérer leur action en faveur du climat.

Zack Livingstone de Positive Money, auteur principal du rapport

Le Scorecard met en évidence un paradoxe important pour la BCE et les autres banques centrales européennes. Bien qu’elles reconnaissent l’impact du changement climatique et qu’elles encouragent les autres à y remédier, elles ne parviennent toujours pas à mobiliser leur outil le plus efficace : la politique monétaire. Il est temps que les banques centrales européennes redoublent d’ambition et commencent à soutenir activement la transition verte.

Clarisse Murphy, chargée de campagne chez Reclaim Finance

Des améliorations ont été apportées à la méthodologie du Scorecard qui ont renforcé la précision des notes dans la nouvelle édition. Les changements permettent une meilleure appréciation de l’impact des actions climatiques des banques centrales et des autorités de surveillance financière en séparant celles qui prennent des mesures concrètes pour rendre leurs opérations plus écologiques de celles qui négligent leur responsabilité à cet égard.

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2024-09-26T15:16:44+02:00