Mobiliser l’épargne pour financer la transition

La mobilisation de l’épargne des Français pourrait contribuer à financer la transition écologique, mais elle se heurte à des obstacles majeurs. Ce puissant levier est bloqué par un manque de contraintes réglementaires et de transparence sur l’impact réel des produits financiers et une accessibilité limitée des options plus durables renforcée par l’absence d’incitations financières adaptées.

L’épargne des citoyens ne « dort » pas sur les comptes bancaires. Elle est activement investie dans l’économie par les institutions financières, y compris dans des secteurs fortement émetteurs de gaz à effet de serre (GES).

L’épargne alimente la crise climatique, malgré la volonté des épargnants

Depuis la signature de l’Accord de Paris, les grandes banques de l’UE ont ainsi alloué pas moins de 767 milliards de dollars aux cent entreprises développant le plus les énergies fossiles à l’échelle mondiale.

Ces financements vont à rebours de l’urgence climatique, en réponse à laquelle l’UE et la France ont fixé des objectifs ambitieux de réduction des émissions de GES. Ces mêmes objectifs nécessitent d’ailleurs des investissements supplémentaires considérables, estimés entre 620 et 1000 milliards d’euros par an, et entre 66 et 110 milliards d’euros par an pour la France seule.

Pourtant, les citoyens européens sont de plus en plus sensibilisés aux enjeux climatiques. Environ 77 % d’entre eux considèrent le changement climatique comme un problème très grave, quand 80 % des Français souhaitent sortir des énergies fossiles.

Deux obstacles majeurs à une épargne durable

Il y a donc une incohérence manifeste entre la volonté de financer la transition et le déficit de financements associé d’un côté, et les financements massifs vers les énergies fossiles de l’autre. Afin de réorienter l’épargne vers des investissements durables, il est nécessaire de s’attaquer à deux problèmes majeurs.

  1. Un manque de transparence préoccupant: Malgré l’existence de labels et de réglementations – comme la Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR) européenne – l’impact environnemental de l’épargne reste difficile à évaluer pour les particuliers sans connaissances précises du monde de la finance et des enjeux environnementaux. Afin de pallier cette difficulté, un niveau d’exigence minimal doit être assuré pour tout fond à prétention ESG et de nouveaux mécanismes de transparence et de lutte contre le greenwashing peuvent être mis en œuvre.
  2. Une accessibilité insuffisante : Pour encourager une réorientation massive de l’épargne vers des solutions plus durables, il faut rendre ces dernières plus accessibles. Cela implique de faciliter pour les épargnants la possibilité de changer de produit financier ou de prestataire pour des raisons de durabilité. Des incitations financières doivent aussi être envisagées pour les produits financiers investis dans la transition. Notons que, en 2024, les avantages fiscaux et autres aides à l’investissement ne prennent toujours pas en compte la durabilité des produits. Dans ce contexte, mieux conditionner les aides publiques à des critères environnementaux minimaux pourrait favoriser l’adoption de ces produits et orienter l’épargne vers des options plus durables.

lire aussi

2024-10-17T11:46:18+02:00