
Pas de sortie nette : La résistance du Japon à une véritable sortie du charbon
Les récentes élections générales au Japon et la révision prochaine de son plan stratégique pour l’énergie offrent aux gouvernements et aux banques du pays l’occasion de revoir leur orientation erronée en matière de charbon. Le Japon est le seul pays du G7 à ne pas avoir fixé de date limite pour la sortie de l’électricité produite à partir du charbon. Au lieu de passer du charbon aux énergies renouvelables, le gouvernement japonais promeut, tant au niveau national qu’international, des technologies coûteuses et probablement inefficaces qui visent à prolonger la durée de vie des centrales à charbon.
Ce rapport de Reclaim Finance et de Kiko Network, soutenu par 24 organisations, montre comment les politiques erronées du gouvernement japonais en matière de charbon ont influencé les pratiques de financement des trois mégabanques du pays et risquent de faire dérailler la transition énergétique de l’Asie.
Informations clé :
Les banques japonaises ont fourni
dans le financement du charbon entre 2021 et 2023.
- Le Japon ne dispose pas d’un plan ou d’un délai clair et crédible pour la sortie du charbon. Cela va à l’encontre de la tendance mondiale des gouvernements à s’engager à sortir de l’électricité produite à base de charbon. Au lieu de cela, le gouvernement encourage la modernisation des centrales au charbon par la capture et le stockage de carbone et la cocombustion avec de l’ammoniac. Ces technologies visent à prolonger la durée de vie des centrales au charbon et suscitent des doutes importants quant à leur faisabilité technique, leur capacité à réduire les émissions et leur viabilité économique.
- En l’absence de pression gouvernementale pour sortir du charbon, les entreprises et les financiers japonais restent fortement investis dans l’industrie. Le secteur bancaire japonais a été le troisième financeur mondial de l’industrie du charbon thermique, après les banques américaines, entre 2021 et 2023. 80% de ce financement a été fourni par les trois mégabanques japonaises – Mizuho Financial Group (8,1 milliards de dollars), Mitsubishi UFJ Financial Group (MUFG) (6,1 milliards de dollars) et Sumitomo Mitsui Banking Corporation (SMBC) (4,7 milliards de dollars).
- Les politiques charbon des mégabanques sont inefficaces et incomplètes, notamment parce qu’elles n’imposent aucune restriction au financement des entreprises déjà clientes des compagnies productrices de charbon. Cela permet aux banques japonaises de poursuivre leurs relations de financement avec les producteurs de charbon japonais ainsi qu’avec les grandes entreprises minières et productrices d’électricité non japonaises telles qu’Adani et Glencore.
- Le Japon peut parvenir à une sortie totale du charbon d’ici 2030 en augmentant massivement les investissements dans les énergies propres et renouvelables, l’efficacité énergétique et l’amélioration des infrastructures de réseau.
Reclaim Finance et Kiko Network soulignent l’opportunité des récentes élections générales et de la révision du plan stratégique pour l’énergie afin de rectifier le tir de toute urgence. Le Japon doit s’engager à éliminer le charbon d’ici 2030 et à démanteler les politiques et les incitations commerciales qui soutiennent le charbon, tandis que les mégabanques japonaises doivent adopter de solides politiques d’exclusion du charbon et réorienter leurs ressources vers l’énergie soutenable.