Paris, le 29 avril 2025 – Aucune des 20 plus grandes banques européennes n’a de plan de transition crédible pour aligner ses activités sur une trajectoire 1,5°C. C’est ce que révèle la nouvelle analyse de Reclaim Finance (1) qui a évalué les progrès des banques sur 5 critères, dont leur stratégie de décarbonation, leur approche de l’engagement et leur gouvernance (2). Quasiment toutes les banques ont obtenu une note inférieure à 50/100, avec une moyenne de seulement 41/100 – et parmi les banques françaises, le groupe Banque Populaire Caisse d’Epargne se classe dernier avec seulement 31/100. Devant ces résultats, qui prouvent la nécessité d’une réglementation claire, Reclaim Finance appelle le Parlement européen et les États membres à s’assurer que les exigences existantes pour les plans de transition ne soient pas supprimées par la récente proposition de dérèglementation de la Commission européenne (Omnibus).
En s’appuyant sur les informations non financières des 20 plus grandes banques européennes (3), y compris les rapports CSRD publiés pour la première fois cette année (4), l’analyse montre que les banques européennes aggravent la crise climatique par leur soutien continu aux activités les plus émettrices de gaz à effet de serre et celles responsables de l’érosion de la biodiversité, comme le développement des énergies fossiles (5). Évaluées sur leur stratégie et leurs cibles de décarbonation, leur stratégie d’engagement, leur reporting et gouvernance, ainsi que leur approche des thématiques de transition juste et biodiversité, les 20 banques obtiennent un score global moyen de seulement 41/100.
Plus inquiétant encore, les banques obtiennent les scores les plus bas dans les catégories qui incluent des actions concrètes pour réduire leur impact négatif sur le climat et réorienter leurs activités de financement (stratégie de décarbonation et stratégie d’engagement). Les notes les plus élevées concernent les critères de reporting et de gouvernance (moyenne 70/100).
Malgré leurs engagements (6), aucune des banques ne dispose d’une stratégie adéquate pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, ce qui signifie que même les banques les moins mal notées doivent aller beaucoup plus loin pour montrer qu’elles sont sur une voie crédible vers la transition.
Le secteur financier a un rôle essentiel à jouer dans la réalisation des ambitions de l’Europe en matière de neutralité carbone, mais les plans de transition des banques européennes sont loin de cet objectif. Notre analyse montre que les banques n’adopteront pas de plans de transition crédibles à moins d’y être obligées. Nous avons besoin de règles plus strictes pour garantir que les banques prennent la transition au sérieux, alors pourquoi les dirigeants de l’UE envisagent-ils de supprimer les obligations existantes en matière de planification de la transition ?
Christophe Etienne, analyste chez Reclaim Finance
Si le rapport identifie quelques bonnes pratiques comme les politiques de la Banque Postale, seule banque à mettre fin aux soutiens financiers au développement des énergies fossiles, les cinq autres banques françaises passent sous la moyenne. Le groupe Banque Populaire Caisse d’Epargne figure en queue de peloton des banques françaises, et à la 18e place sur 20 au classement général. BPCE se distingue ainsi par ses mauvaises pratiques, avec des soutiens persistants au charbon et une ignorance complète des enjeux de la biodiversité (score de 0 sur 100).
De leur côté, BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et le Crédit Mutuel mettent l’accent sur des cibles de décarbonation encore lacunaires, sans suffisamment présenter leurs plans d’action pour les atteindre.
Alors que les banques européennes sont tenues d’adopter et de mettre en œuvre des plans de transition dans le cadre des directives européennes CSRD et CSDDD, les premiers devant être présentés cette année (7), l’avenir de ces mesures est remis en question par la proposition Omnibus de la Commission européenne. Pourtant, l’UE compte sur le financement privé pour soutenir la transition, avec 620 milliards d’euros supplémentaires par an nécessaires pour atteindre ses objectifs climatiques d’après cette même Commission (8).
Reclaim Finance appelle les membres du Parlement européen et les États membres à reconnaître le rôle important des plans de transition et à veiller à ce que les obligations liées à leur adoption et leur mise en œuvre soient maintenues dans la législation existante en s’opposant à la loi Omnibus (9).