Paris, le 21 mai 2025 – Plusieurs banques européennes jouent toujours un rôle clé dans le soutien au développement du charbon de Glencore, selon un nouveau rapport de Reclaim Finance publié ce mercredi (1), une semaine avant l’assemblée générale du groupe anglo-suisse (2). Depuis janvier 2024, neuf banques européennes ont participé à l’émission par Glencore de 12 obligations, pour un total de 8 milliards de dollars, la plus récente datant d’avril 2025. Ce soutien financier illustre les failles dans les politiques des banques qui leur permettent de continuer à soutenir l’expansion du charbon (3). Reclaim Finance appelle les banques à mettre fin à tout type de soutien aux entreprises développant des projets de charbon.
Près de la moitié des banques ayant soutenu l’émission d’obligations de Glencore depuis janvier 2024, pour un total de 8 milliards de dollars, étaient européennes, selon cette nouvelle analyse. Parmi elles, Barclays, BBVA, Commerzbank, Deutsche Bank, HSBC, ING, Santander, Standard Chartered ou encore UBS. Toutes ces obligations sont destinées au financement général de Glencore, ce qui peut être utilisé pour n’importe quelle activité de l’entreprise, y compris l’expansion prévue de 17 mines de charbon à travers le monde. Un de ces projets, le “Hunter Valley Operations (HVO)”, situé en Australie, consommerait à lui seul presque 1% du budget carbone restant dans le monde (4).
Le développement du charbon est au cœur de la stratégie de Glencore, qui est un des plus gros exportateurs de charbon au monde, produisant à la fois du charbon thermique et métallurgique (utilisé pour la fabrication d’acier). Pourtant, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la production de charbon doit baisser afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 (5).
Alors que les banques européennes étaient les premières à adopter des politiques sur le charbon, et que les neuf banques européennes impliquées ont des politiques limitant le soutien financier au charbon thermique, les failles de celles-ci leur permettent de continuer de financer l’expansion de Glencore.
Les banques européennes semblent avoir du mal à mettre fin à leur histoire d’amour toxique avec le charbon. Malgré leurs prises de parole en public et leurs engagements en faveur du climat, leurs politiques sur l’arrêt du financement du charbon sont pleines de lacunes. Les banques doivent mettre en place des politiques plus fortes. Une politique charbon qui permet aux banques de continuer à financer une entreprise en première ligne de l’expansion du charbon telle que Glencore n’est rien d’autre qu’une promesse dans le vide.
Cynthia Rocamora, chargée de campagne industrie chez Reclaim Finance
Alors que HSBC, Standard Chartered et Barclays ont mis en place des politiques excluant le support aux entreprises développant des mines de charbon, des failles dans ces politiques leurs permettent de continuer de soutenir financièrement des entreprises telles que Glencore. En effet, le financement peut être accordé au niveau du groupe tant qu’il n’est pas mis à disposition des entités au sein du groupe chargées de développer les mines de charbon. Mais il n’existe aucun moyen de s’assurer que ce financement ne contribuera pas indirectement à l’expansion du charbon.
De même, Commerzbank et Santander ont des politiques excluant le soutien financier au charbon depuis 2022, mais une faille leur permet d’appliquer cette politique seulement pour les nouveaux clients, rendant ainsi possible le soutien aux développeurs de charbon d’ores et déjà clients.
Reclaim Finance appelle les banques européennes à mettre en place des politiques plus robustes afin d’exclure le financement des entreprises qui développent du charbon, en s’assurant que les financements ne soient pas possibles au niveau de l’entreprise (corporate finance) – indépendamment du fait que ces entreprises développent du charbon thermique ou métallurgique – sans exception.