Paris, le 8 juillet 2025 – Les retraites des Français contribuent à investir dans les énergies fossiles, au détriment du climat. C’est ce que révèle un nouveau rapport de Reclaim Finance qui examine pour la première fois les pratiques de 4 acteurs-clés des retraites en France : l’Agirc-Arrco, l’ERAFP, le FRR et l’Ircantec (1). Alors que ces acteurs sont censés sécuriser l’avenir des cotisants, tous, sauf l’Ircantec, contribuent au dérèglement climatique en raison d’engagements très faibles qui leur permettent de continuer à investir dans l’expansion du pétrole et du gaz, et du choix peu regardant des gestionnaires externes à qui ils confient leurs portefeuilles. Reclaim Finance appelle l’Agirc-Arrco, l’ERAFP et le FRR à renforcer leurs engagements climatiques pour protéger leurs bénéficiaires sur le long-terme en arrêtant de soutenir le développement des énergies fossiles.
Acteurs-clés des retraites en France, l’Agirc-Arrco, l’ERAFP, le FRR et l’Ircantec gèrent 171 milliards d’actifs, issus de cotisations des salariés du privé, de la fonction publique et des agents contractuels de droit public et de fonds publics (2). Des institutions particulièrement exposées et vulnérables aux risques climatiques et à leurs impacts économiques (3), puisqu’elles gèrent les retraites des Français sur le long terme.
Pourtant, si ces acteurs se présentent tous comme des investisseurs responsables, l’analyse révèle qu’une partie des retraites françaises alimente toujours le développement des énergies fossiles. Si l’Ircantec fait figure de bon élève (4), l’Agirc-Arrco, l’ERAFP et le FRR n’ont pas d’engagements suffisants pour garantir un arrêt immédiat des investissements dans des entreprises développant de nouveaux projets pétroliers et gaziers. Ces institutions peuvent utiliser les cotisations retraites des Français ou l’argent public pour investir dans des géants pétro-gaziers comme TotalEnergies par exemple.
Selon les informations indiquées par les investisseurs étudiés, l’Agirc-Arrco détient à ce jour 673 millions d’euros dans les entreprises du secteur des énergies fossiles, l’ERAFP 937 millions d’euros et plus d’un milliard pour le FRR. Seule l’Ircantec a une exposition très faible (30 millions) et une politique d’exclusion des énergies fossiles exigeante, tout en affichant une bonne santé financière.
Cependant, ces quatre acteurs ont une démarche d’engagement actionnarial opaque et peu crédible, largement insuffisante pour convaincre les entreprises détenues en portefeuille de renoncer à l’expansion des énergies fossiles (5).
Avec leurs investissements dans l’expansion fossile, l’Agirc-Arrco, l’ERAFP et le FRR vont à contre-sens de leur objectif : sécuriser la retraite des Français sur le long terme. Au lieu d’assurer l’avenir de leurs cotisants, ils soutiennent des activités qui le compromettent et empirent la crise climatique. Si ces acteurs se veulent aussi responsables qu’ils l’affirment, ils doivent mettre fin à leur soutien à l’expansion des énergies fossiles.
Agathe Masson, chargée de campagne Investissements soutenables
Autre problème, ces acteurs délèguent la grande majorité de leurs investissements à des gestionnaires d’actifs externes, sans s’être pour autant dotés de critères climatiques robustes dans leur processus de sélection (6). La plupart de ces gestionnaires ont pourtant des pratiques dangereuses pour le climat, voire affichent des reculs climatiques (7). Par exemple, l’Agirc-Arrco confie des investissements à BlackRock et State Street, deux gestionnaires qui poursuivent massivement des investissements fossiles, tandis que le FRR en confie à BlackRock et JP Morgan Asset Management, et l’ERAFP à Morgan Stanley Investment Management, entre autres. Parmi les quatre acteurs, seule l’Ircantec se distingue par des exigences fortes sur les énergies fossiles lorsqu’elle sélectionne un gestionnaire.
Reclaim Finance appelle donc les acteurs-clés des retraites en France à renforcer leurs engagements climatiques pour protéger leurs bénéficiaires sur le long-terme. L’Agirc-Arrco, l’ERAFP et le FRR doivent mettre fin à leurs soutiens à l’expansion fossile et renforcer leurs critères climatiques dans la sélection des gestionnaires d’actifs. Tous les acteurs étudiés doivent par ailleurs renforcer leurs démarches d’engagement actionnarial, notamment en s’opposant aux développeurs fossiles lors des votes aux assemblées générales.