La SBTi demande aux banques d’arrêter de soutenir l’expansion fossile

Paris, le 22 juillet 2025 – Un nouveau standard net-zéro pour les institutions financières exclut le soutien aux entreprises développant de nouveaux projets de charbon, pétrole et gaz, y compris les infrastructures de gaz naturel liquéfié (GNL). Le standard net-zero de l’initiative Science Based Targets pour les institutions financières (SBTi FINZ), publié aujourd’hui, doit permettre aux banques, investisseurs et assureurs de fixer des objectifs de réduction des émissions cohérents avec l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. (1) Reclaim Finance salue le signal fort envoyé sur le financement des énergies fossiles, mais avertit que l’échéance de 2030 pour le financement des entreprises pétro-gazières n’est pas alignée sur les données scientifiques et permet encore de financer le développement de ces énergies fossiles. L’ONG appelle les institutions financières à mettre immédiatement fin aux services essentiels fournis aux développeurs de projets fossiles afin de respecter l’échéance de 2030.

Selon le nouveau standard, en cours d’élaboration depuis 2021,(2) les institutions financières qui souhaitent faire valider leurs objectifs climatiques par la SBTi doivent publier une “politique de transition pour les énergies fossiles”,(3) leur imposant trois critères:

  • Mettre immédiatement fin au financement de projets et d’entreprises liées à de nouvelles mines de charbon thermique et centrales à charbon. (4)
  • Mettre immédiatement fin au financement de nouveaux projets liés à la production de pétrole et de gaz et aux infrastructures GNL.
  • Mettre fin, au plus tard en 2030, au financement des entreprises développant des projets de production de pétrole et de gaz ou d’infrastructures de GNL.

La SBTI envoie un message clair bienvenu: plus aucun service financier ne doit être fourni aux entreprises développant des projets de charbon, pétrole et gaz. Les institutions financières ne peuvent pas se permettre d’attendre 2030 pour agir si nous voulons éviter le verrouillage de volumes massifs d’émissions qui anéantirait tout espoir d’atténuation du changement climatique. Concrètement, cela signifie qu’elles doivent commencer dès maintenant à mettre fin au financement de l’expansion du pétrole et du gaz.

Paul Schreiber, analyste politique chez Reclaim Finance et membre du groupe consultatif d’experts SBTi

Seulement 7% du financement fourni par les banques aux entreprises produisant des énergies fossiles est du financement de projet. (6) La majorité des services financiers sont accordés directement aux entreprises et pourraient contribuer au financement des 200 milliards de barils issus de nouveaux gisements de pétrole et de gaz dont l’approbation est prévue entre 2026 et 2030, l’équivalent de 3,6 fois la production mondiale de 2023. (7)
Reclaim Finance appelle donc les institutions financières à mettre fin immédiatement aux prêts, à la souscription d’obligations et à la couverture assurantielle accordés aux entreprises développant des projets fossiles. Ces services financiers jouent un rôle primordial dans le développement du pétrole et du gaz, y mettre un terme dès maintenant est une étape essentielle pour répondre aux critères de la SBTi et respecter l’échéance de 2030.

Contacts :

Notes :

  1. Consulter: https://sciencebasedtargets.org/net-zero-for-financial-institutions 
  2. Le projet de développement de ce standard a été lancé en 2021. Les “fondations” – principes de base – pour la Science-Based Net-Zero Target Setting in the Financial Sector ont été publiées en 2022.
    Pour être validées, les institutions financières devront fixer des objectifs concernant leur « alignement climatique » (l’augmentation de la part des entreprises considérées comme étant en transition ou alignées sur les objectifs climatiques) ainsi que leurs émissions (la réduction des émissions globales de leur portefeuille jusqu’à un niveau proche de zéro, en s’assurant que toute émission résiduelle soit neutralisée par les entreprises). Les institutions financières doivent aussi mettre en place des politiques sur les énergies fossiles, la déforestation, et l’immobilier. 
  3. Au delà des critères listés précédemment, les institutions financières doivent fixer des objectifs spécifiques pour le secteur des énergies fossiles: 
    • Les entreprises soutenues sortent du charbon d’ici 2030 pour l’OCDE et 2040 pour le reste du monde. 
    • 95 % des entreprises du secteur des énergies fossiles soutenues doivent être considérées comme en transition d’ici 2035 (réduction des émissions de scopes 1 à 3 et absence d’expansion des énergies fossiles), selon une trajectoire linéaire.
    • Un objectif de réduction absolue des émissions pour le secteur, aligné sur le scénario Zéro Émission Nette (NZE) de l’AIE, doit être fixé.
  4. L’exclusion du charbon ne prend pas en compte le charbon appelé “métallurgique”. Cependant, Reclaim Finance souligne que la distinction entre le charbon “thermique” et le charbon “métallurgique” n’est pas toujours claire, et que le charbon présenté comme “métallurgique” peut être utilisé pour la production d’électricité. L’ONG insiste donc sur le fait que les politiques relatives au charbon devraient être élargies pour inclure toutes les catégories de charbon, y compris le charbon “thermique” et “métallurgique”. L’ONG rappelle que les objectifs mondiaux de lutte contre le changement climatique exigent également une profonde décarbonation de la production d’acier, avec une élimination progressive des hauts-fourneaux alimentés au charbon. 
  5. Consulter: Fergus Green et al, No new fossil fuel projects: the norm we need, Science, 2024
  6. Données provenant du rapport Banking on Climate Chaos, 2025, rédigé par une coalition d’ONG dont Reclaim Finance. 
  7. Ce chiffre représente les ressources estimées de l’ensemble des projets dont la décision finale d’investissement (DFI) est prévue entre 2026 et 2030. Les données ont été extraites par Reclaim Finance de la base de données de Rystad Energy.  

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2025-07-22T11:05:53+02:00