Copublié avec Justiça Ambiental!, Les Amis de la Terre France, Urgewald et BankTrack
Au Mozambique, malgré l’aggravation des risques en matière de sécurité et de droits humains, et les demandes des communautés locales laissées sans réponse, les grandes entreprises pétro-gazières précipitent le lancement de projets gaziers dont les coûts se comptent en dizaines de milliards de dollars.
Les organisations de la société civile appellent de toute urgence les institutions financières à ne pas soutenir ces projets, en raison des risques élevés pour les droits humains, le climat, et l’environnement.
Les organisations de la société civile appellent de toute urgence les institutions financières à ne pas soutenir ces projets, en raison des risques élevés pour les droits humains, le climat, et l’environnement.
Cette semaine, ENI a annoncé la décision finale d’investissement pour son projet Coral North FLNG, lançant officiellement le début de son développement. TotalEnergies et le gouvernement mozambicain ont confirmé leur intention de redémarrer prochainement le projet Mozambique LNG, tandis qu’ExxonMobil a annoncé avoir progressé sur le projet Rovuma LNG.
Ces annonces interviennent alors que la région de Cabo Delgado reste en proie à l’instabilité. Les attaques de l’insurrection locale envers des voyageurs et contre des villages proches de la ville de Palma se sont multipliées depuis juillet 2025. Deux attaques ont eu lieu le mois dernier contre le port stratégique de Mocímboa da Praia. La “stratégie de la forteresse” de TotalEnergies et les nouveaux dispositifs de sécurité autour du complexe gazier d’Afungi privilégient la protection des projets gaziers, en les isolant complètement et en concentrant les troupes sur le site, tout en laissant les communautés environnantes vulnérables aux attaques.
Des plaintes concernant les expropriations restent non résolues, tandis que les communautés voient leur capacité à mener leurs activités de subsistance, comme la pêche, limitée. De sérieuses inquiétudes persistent quant aux risques socio-économiques et aux impacts de ces projets sur la souveraineté du Mozambique.
Des analystes ont averti que la relance du projet Mozambique LNG de TotalEnergies pourrait alimenter les recrutements par l’insurrection locale, et que la zone de sécurité exclusive en cours de création pourrait encore davantage aliéner les populations locales.
Lever la force majeure sans résoudre les problèmes sociaux et de droits humains en suspens démontre un manque de responsabilité et de considérations pour les personnes directement affectées. Cela ne fera qu’aggraver la difficulté à trouver des solutions durables sur le long terme. Ces projets doivent être arrêtés, la terre et la mer doivent être rendues aux communautés locales, et les compagnies gazières doivent être tenues responsables des dommages déjà causés.
Anabela Lemos, Justiça Ambiental!
La poursuite de ce projet dépend de l’approbation de plus de 30 institutions financières, dont Crédit Agricole, Société Générale et Standard Chartered. En l’absence de progrès concernant la demande d’une enquête internationale indépendante sur le massacre présumé de 2021, les financiers du projet ne devraient pas signer un chèque en blanc pour une entreprise aussi dangereuse.
Antoine Bouhey, Reclaim Finance
Les entreprises et banques allemandes sont complices de la course effrénée de TotalEnergies pour relancer rapidement ce projet désastreux. Siemens Energy pourrait bientôt livrer des turbines à gaz et d’autres équipements pour lancer la production, tandis que Deutsche Bank a déjà aidé TotalEnergies à lever de nouveaux fonds qui pourraient financer Mozambique LNG. Il est scandaleux que Siemens Energy et Deutsche Bank soutiennent ce projet malgré de graves violations des droits humains et des enquêtes en cours.
Sonja Meister, urgewald
La stratégie agressive de Total visant à redémarrer Mozambique LNG à tout prix n’est non seulement pas la solution, mais risque d’entraîner de nouvelles catastrophes humaines et environnementales. Depuis des années, les communautés paient de leur vie les conséquences des actions du géant pétrolier français, prises en étau entre forces de sécurité publiques et insurrection. Total refuse d’écouter, mais les droits humains doivent passer avant les profits. Les banques qui ont choisi de faire confiance à TotalEnergies en 2020 ne peuvent plus fermer les yeux sur ses échecs répétés. Elles doivent refuser d’être complices, ou elles devront elles aussi faire face aux conséquences.
Lorette Philippot, Les Amis de la Terre France
TotalEnergies avance une fois de plus avec un projet destructeur maximisant ses profits déjà colossaux au détriment de nombreuses vies. Il est temps que les banques mettent en pratique leurs engagements concernant la protection du climat, des droits humains et de la nature. Nous exhortons Standard Chartered, Crédit Agricole, Société Générale, Mizuho, MUFG, SMBC, Standard Bank et toutes les banques impliquées à retirer leur soutien à ce projet; et nous appelons la société civile au Royaume-Uni, en France, au Japon et en Afrique du Sud à faire pression sur ces banques pour qu’elles fassent la seule chose raisonnable et juste : se retirer du projet Mozambique LNG.
Diogo Silva, BankTrack