Gaz naturel liquéfié : une expansion en pleine accélération selon un nouveau recensement

Copublié avec Reclaim Finance, Andy Gheorgiu Consulting, BankTrack, CEED, Food and Water Watch, Amis de la Terre France, Market Forces, Rainforest Action Network, ReCommon, SFOC, StandEarth et Urgewald

Paris, le 2 décembre – Le monde est confronté à un boom sans précédent du développement du gaz naturel liquéfié, avec 279 nouveaux projets GNL prévus à travers le monde (1), selon un nouveau projet de recensement lancé aujourd’hui. Soutenu par les grandes banques internationales, ce développement favorise l’expansion du gaz et entraînera des milliards de tonnes de gaz à effet de serre supplémentaires, détruisant ainsi tout espoir d’atteindre les objectifs climatiques mondiaux. Cette expansion, à l’impact considérable sur la biodiversité, menace également la santé des communautés locales. Les ONG derrière le nouveau site « ExitLNG » appellent les banques impliquées à mettre fin de toute urgence à leur soutien à l’expansion du GNL.

279 nouveaux projets de gaz naturel liquéfié (GNL) devraient voir le jour selon une nouvelle carte publiée sur le site “ExitLNG”, montrant l’étendue des pays touchés par l’expansion du GNL (2). Le site met également en évidence les entreprises impliquées, les banques qui les financent et les risques pour les communautés locales et la biodiversité.

D’après ces nouvelles données, les États-Unis dominent le boom des exportations de GNL, 40 % de l’augmentation mondiale des capacités d’exportation étant prévue dans le pays. 38 projets y sont planifiés, en partie grâce au soutien du président américain Donald Trump aux énergies fossiles. Les Etats-Unis sont suivis par la Russie (20 %, 18 projets) et le Qatar (8 %, 3 projets).

Concernant les terminaux d’importation, le plus grand nombre d’installations prévues se trouve dans la région Asie-Pacifique : la Chine compte le plus grand nombre de terminaux (34 % de l’augmentation des capacités d’importation prévues, 49 projets), suivie par l’Inde (8 %, 11 projets) et le Vietnam (7 %, 14 projets).

Cette année, les décisions finales d’investissement pour de nouveaux terminaux d’exportation ont connu une forte augmentation, s’ajoutant à la vague déjà attendue d’approvisionnement en gaz, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE) (3).

Une flambée de l’expansion du GNL qui entraine le développement de nouveaux gisements de gaz (4) et menace l’objectif de maintenir le réchauffement planétaire au plus proche d’1,5°C. Au total, les nouvelles installations d’exportation devraient générer plus de 10 gigatonnes de gaz à effet de serre d’ici 2030, soit l’équivalent des émissions annuelles combinées des États-Unis et de l’Union européenne (5).

La ruée mondiale pour construite de nouvelles infrastructures de GNL nous conduit à la catastrophe, tant pour le climat que pour les communautés locales, et nous en paierons tous le prix. Il n’est pas étonnant que de plus en plus de voix s’élèvent contre ces projets qui menacent la santé et les moyens de subsistance des communautés. Mais malgré ces préoccupations, les banques continuent d’injecter des milliards dans l’expansion du GNL, sans tenir compte des coûts sociaux et climatiques.

Justine Duclos-Gonda, chargée de campagne pétrole et gaz chez Reclaim Finance

QatarEnergy et la société américaine Venture Global sont les plus grands développeurs de terminaux d’exportation : leurs projets contribueraient à émettre plus de 1,2 Gt de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030. Le géant français TotalEnergies se classe cinquième, avec des projets qui devraient contribuer à émettre plus de 300 millions de tonnes de GES d’ici 2030.

Malgré ces impacts, les banques internationales ont continué à soutenir les entreprises développant de nouveaux projets de GNL : elles ont financé l’expansion du GNL à hauteur de 174 milliards de dollars entre 2021 et 2024. Les trois quarts de ces soutiens proviennent de cinq pays seulement : les États-Unis, le Japon, la Chine, le Canada et la France. Les banques européennes, notamment Société Générale, Crédit Agricole et Groupe Banque Populaire Caisse d’Epargne, figurent parmi les principaux soutiens. Crédit Agricole est la première banque française à financer l’expansion du GNL (et 14e mondiale).

Les communautés souffrent des effets du changement climatique et de la dévastation économique. Le gaz liquéfié aggrave la situation. Le monde n’a pas besoin d’une expansion des énergies fossiles : pas un seul nouveau champ de fracturation hydraulique, pipeline, méthanier ou terminal. Pourtant, le gouvernement américain, les entreprises d’énergies fossiles, les banques et les compagnies d’assurance promeuvent le gaz à travers le monde, créant ainsi la plus grande expansion des énergies fossiles de notre époque.

Ruth Breech, responsable de la campagne sur le GNL, Rainforest Action Network

Les ONG appellent les banques à adopter des politiques pour cesser tout soutien financier destiné aux nouveaux projets GNL ainsi qu’aux entreprises qui les développent.

Contacts :

Notes :

  1. Voir le site https://ExitLNG.org, lancé par Reclaim Finance, Andy Gheorghiu Consulting, BankTrack, CEED, Food and Water Watch, les Amis de la Terre France, Market Forces, Rainforest Action Network, ReCommon, SFOC, StandEarth, et Urgewald.
  2. Les projets GNL sont définis comme des infrastructures de grande envergure qui augmenteront considérablement la capacité des terminaux GNL. Cette définition peut inclure un terminal entièrement nouveau, ou une phase ou un train spécifique d’un terminal existant. Les projets ont été définis sur la base des données du Global Oil & Gas Exit List 2024.
  3. Agence internationale de l’énergie, Gas 2025, Octobre 2025
  4. Reclaim Finance a identifié 46 projets gaziers d’expansion à court terme (c’est-à-dire des projets gaziers en cours d’évaluation sur le terrain ou en cours de développement) qui sont directement liés à des installations GNL, avec plus de 51 milliards de barils équivalent pétrole de ressources gazières.
  5. En 2022, les émissions des États-Unis s’élevaient à environ 6,34 Gt CO₂e selon l’EPA. Selon l’Agence européenne pour l’environnement, les émissions de GES de l’UE (hors utilisation des terres/foresterie) s’élevaient à environ 3,1 Gt CO₂e en 2023.

Voir d’autres citations :

Les entreprises qui construisent de nouveaux terminaux GNL stimulent l’expansion de la chaîne de valeur du gaz fossile. Les nouveaux terminaux d’exportation de GNL aux États-Unis et au Mexique, par exemple, poussent le gaz issu de l’industrie américaine destructrice de la fracturation hydraulique vers les marchés mondiaux, en particulier vers l’Europe et l’Asie. Dans ces régions, les nouveaux terminaux d’importation de GNL engendrent une nouvelle vague de construction de centrales électriques au gaz. Étant donné que le gaz fossile n’est pas moins destructeur pour les populations et la planète que le charbon, il est essentiel de mettre un terme à l’essor du GNL afin d’éviter le verrouillage fossile et de soutenir la transition durable de nos systèmes énergétiques

Fiona Hauke, chercheuse spécialisée dans le pétrole et le gaz chez Urgewald

L’expansion proposée des énergies fossiles tels que le GNL dans les zones riches en biodiversité d’Asie du Sud-Est, telles que le Triangle de corail, le passage des îles Verde et le delta du Mékong, constitue une atteinte inacceptable à notre avenir. Le développement du GNL représente une grave menace pour la vie marine qui assure la subsistance et les moyens de subsistance de millions de pêcheurs et de communautés. Ces zones critiques doivent être immédiatement désignées comme zones interdites à toute activité destructrice, telle que le GNL.

Gerry Arances, directeur exécutif du Centre pour l’énergie, l’écologie et le développement, Philippines

Ce boom mondial du GNL est une malédiction, tant pour les communautés directement touchées par ces projets toxiques que pour celles qui souffrent des conséquences du changement climatique, qui sont trop souvent les mêmes. Cette catastrophe déjà en cours est en grande partie financée par les banques françaises. C’est le cas au Mozambique, où le Crédit Agricole et la Société Générale n’ont toujours pas renoncé à soutenir TotalEnergies dans son mégaprojet GNL au Mozambique, qui est au centre de multiples scandales liés aux droits humains et de deux plaintes pénales déposées contre le géant

Lorette Philippot, responsable de la campagne sur le financement privé chez Les Amis de la Terre France

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2025-12-01T17:00:30+01:00