Publié par Reclaim Finance, Japan Center for a Sustainable Environment and Society (JACSES), Friends of the Earth Japan, 350.org Japan, Wahana Lingkungan Hidup Indonesia (WALHI – FoE Indonesia), WALHI West Java, CLEAN and Bangladesh Working Group on External Debt (BWGED)

Paris, le 28 septembre 2020. Les médias japonais ont fait savoir que le ministre japonais des Affaires étrangères, Toshimitsu Motegi, prévoit de se rendre en France entre fin septembre et début octobre [1]. Cette visite est l’occasion pour le gouvernement français de s’opposer fermement au soutien continu du Japon au secteur du charbon. Nous appelons le gouvernement français à s’opposer à ce que le Japon participe au sommet Finance in Common de novembre, à moins que le gouvernement japonais ne cesse tout soutien aux projets de centrales au charbon.

Le gouvernement français a été l’un des premiers opposants au charbon au niveau international. En 2015, le gouvernement français a été le premier à s’engager à ne plus soutenir la construction de nouvelles centrales au charbon par le biais de son agence de crédit à l’exportation COFACE [2]. La France a également été l’un des premiers membres de la Power Past Coal Alliance, une coalition qui vise à « soutenir la transition du secteur de la production d’électricité du charbon vers les énergies propres » [3]. Les positions publiques du Président français en faveur de la décarbonisation des flux financiers ont conduit à sa nomination par l’ONU comme ambassadeur de la finance climat.

D’autre part, le Japon prévoit toujours 11,9 GW de nouvelles capacités de production d’électricité au charbon sur son territoire [4]. Depuis la signature de l’accord de Paris, les institutions financières publiques japonaises — Japan Bank for International Cooperation (JBIC), Nippon Export and Investment Insurance (NEXI) and Japan International Cooperation Agency (JICA) — ont également approuvé le développement de 8,6 GW de nouvelles centrales au charbon.

En juillet 2020, après des critiques massives à l’égard du Japon au niveau international, le gouvernement japonais a adopté une politique qui stipule que, « en principe », le gouvernement n’offrira plus de soutien financier officiel à des pays hôtes qui n’ont pas de politique de transition et de décarbonisation confirmée [5]. Toutefois, ces principes laissent une lacune importante : ils ne s’appliquent pas aux projets qui sont en stade de planification. Le gouvernement japonais envisage actuellement ou envisagera bientôt trois projets de centrales électriques au charbon à l’étranger d’une capacité de 3,4 GW : (1) Vung Ang 2 au Vietnam, que la JBIC et NEXI envisagent de financer/assurer, ainsi que (2) Indramayu en Indonésie et (3) Matarbari Phase 2 au Bangladesh, pour lesquels la JICA devrait recevoir des demandes de soutien.

Les nouvelles centrales électriques au charbon, y compris celles qui sont actuellement en construction, fonctionneront généralement pendant des décennies, ce qui « verrouillera » les futures émissions de gaz à effet de serre pendant une période prolongée. Chacune d’entre elles est en contradiction totale avec l’objectif de 1,5 °C qui exige la fermeture de milliers de centrales au charbon d’ici 2030, y compris toutes celles en fonctionnement dans les pays développés, pour parvenir à une élimination totale du charbon d’ici 2040. En 2019, le Secrétaire général des Nations Unies a appelé les pays à faire de 2020 la dernière année où de nouvelles centrales au charbon pourront être construites.

La France accueille le sommet Finance in Common qui se déroulera lors du Forum de la paix de Paris le 12 novembre. Ce sommet est la première réunion mondiale des banques publiques de développement qui permettra de réconcilier « l’ensemble de la communauté financière en faveur de l’action commune pour le climat et des objectifs de développement durable des Nations unies ». [6]

Yuki Tanabe, directeur de programme du Japan Center for a Sustainable Environment and Society (JACSES), déclare que « les trois projets charbon à l’étude pourraient encore être arrêtés et nous appelons le gouvernement français à rester ferme sur sa position en matière de climat. Le gouvernement japonais a déjà reçu de nombreuses critiques de la part de la communauté internationale, mais cela n’a pas suffi à le pousser à arrêter les centrales au charbon. Le gouvernement français doit faire savoir au ministre des Affaires étrangères Motegi qu’il conditionnera la participation du Japon au sommet de novembre à un engagement de cesser de soutenir de nouvelles centrales au charbon, y compris celles qui sont en cours de construction ».

Lucie Pinson, directrice générale de Reclaim Finance, déclare que « non seulement ces trois centrales au charbon nous éloignent de toute possibilité de maintenir le réchauffement de la planète à 1,5 °C, mais n’ont même pas de sens économique et entraîneraient de graves violations des droits humains. Il est grand temps que le gouvernement français passe de la parole aux actes et refuse de nouvelles rencontres avec les gouvernements qui continuent à soutenir l’expansion du secteur du charbon. Un gouvernement japonais pro charbon n’est pas le bienvenu à un sommet international qui se tient dans la ville de l’Accord de Paris. La réunion de cette semaine avec le ministère japonais des Affaires étrangères doit être la dernière jusqu’à ce que le Japon mette fin à tout soutien aux nouvelles centrales au charbon. »

Contacts presse :

  • Lucie Pinson, Reclaim Finance, lucie@reclaimfinance.org, +33 679543715
  • Yuki Tanabe, Japan Center for a Sustainable Environment and Society (JACSES), tanabe@jacses.org