Natixis vient de publier les détails de sa nouvelle politique charbon, dont les grandes lignes avaient été annoncées en mai dernier lors de son Assemblée Générale.

Les principales mesures déjà annoncées en mai dernier et confirmées dans la nouvelle politique incluent :

  • L’exclusion des développeurs de mines et de centrales à charbon ;
  • L’exclusion des entreprises tirant plus de 25% de leurs revenus à base de charbon ;
  • L’engagement de sortie du secteur du charbon d’ici 2030 dans les pays de l’Union Européenne et de l’OCDE, et d’ici 2040 dans le reste du monde.

Les principales nouveautés annoncées couvrent les points suivants :

  • Natixis comble un trou important dans sa politique : la demande de l’adoption d’ici 2021 d’un plan de sortie du secteur du charbon aux entreprises qui ne seront pas couvertes par les exclusions adoptées en mai.
  • Alors que l’annonce de mai ne portait que sur les activités bancaires, la politique annoncée aujourd’hui couvre également les investissements réalisés par sa branche assurantielle et par sa principale société de gestion d’actifs, Ostrum. Ces dernières filiales du groupe Natixis préciseront leurs engagements ultérieurement.

La politique de Natixis s’approche d’une politique robuste de sortie du secteur mais pêche toujours concernant les points suivants :

  • Elle n’exclut pas les développeurs d’infrastructures de charbon, qui peuvent pourtant jouer un rôle majeur dans l’ouverture de nouveaux gisements charbonniers ou dans l’entrée de pays entiers dans le cercle vicieux de la dépendance au charbon, comme le Kenya ou le Bangladesh.
  • Contrairement à l’ancienne politique charbon publiée en 2019, le critère d’exclusion de 25% ne porte que sur les revenus pour toutes les entreprises du secteur du charbon, y compris les producteurs d’électricité. C’est une régression notable puisque la part des volumes d’électricité générée à partir du charbon est un indicateur plus pertinent pour ces entreprises et peut avoir un impact important sur le nombre d’entreprises exclues.
  • La temporalité et le mécanisme d’application des exclusions côté CIB posent question et leur complexité laisse penser que Natixis entend adopter des principes généraux tout en conservant la possibilité de financer quelques entreprises pendant une année supplémentaire, même si celles-ci sont exposées à plus de 25% au charbon ou y développent de nouveaux projets de mines et centrales à charbon. Côté investissements, la date d’application des critères d’exclusion de la nouvelle politique est repoussée à début 2022, ce qui est beaucoup trop tard.
  • L’absence de tout critère d’exclusion basé sur des seuils absolus, comme des tonnes de charbon produites annuellement ou des GW de capacité de production d’électricité à partir de charbon, afin de couvrir les entreprises qui seraient très diversifiées bien qu’étant parmi les plus gros acteurs du secteur.
  • La demande d’un plan de sortie du secteur aux entreprises restant en portefeuille aligné sur les dates de sortie du groupe Natixis ne mentionne pas la nécessité que cette sortie se fasse par la fermeture des actifs charbon existants, et non par leur revente.

“La publication de la nouvelle politique charbon de Natixis vient nous rappeler pourquoi il est important de prendre la peine d’analyser les annonces des acteurs financiers dans le moindre détail. Les améliorations apportées dans la politique par rapport aux annonces faites en mai dernier sont malheureusement largement compensées par de nouvelles failles qui permettront à certaines entreprises d’échapper aux exclusions adoptées” déclare Yann Louvel, analyste politique chez Reclaim Finance.

“Laurent Mignon de BPCE/Natixis prétend que la sortie du charbon est une affaire classée pour les banques françaises et la sienne mais se dote d’une usine à gaz pour repousser à plus tard les vrais efforts : exiger des entreprises telles que Engie l’adoption d’un plan de sortie du charbon d’ici l’année prochaine et non dans deux ans” déclare Lucie Pinson, fondatrice et directrice exécutive de Reclaim Finance.

Les scores de Natixis, Natixis Assurance et Ostrum AM dans le Coal Policy Tool

Pour aller plus loin :