Ce matin, nous nous demandions si le leadership d’AXA était tombé en panne. Ce soir, les réponses d’AXA à nos questions nous en apportent la confirmation. Alors que nous posions des questions très précises au groupe en amont de son Assemblée Générale, AXA a préféré faire un pas de côté, pour ne pas dire un pas en arrière.

AXA ne se positionne toujours pas contre l’expansion des énergies fossiles

Alors que nous posions des questions très précises à AXA sur ses soutiens au pétrole et au gaz, c’est le vide intersidéral: à part rappeler ses engagements ultra-minimaux et prendre la défense du gaz fossile, AXA ne répond pas à la question essentielle: le groupe s’engagera-t-il à cesser tout soutien – investissement ou couverture d’assurance – au développement de la production de pétrole et de gaz (conventionnels et non conventionnels) pourtant clairement incompatible avec l’objectif de ne pas dépasser 1,5°C ? Silence radio aussi sur le pétrole et le gaz de schiste qui représentent pourtant 2,3 milliards de dollars d’investissements et d’obligations dans les 100 entreprises les plus exposées.

Seule bonne nouvelle: AXA se dit ouvert à considérer une révision de sa définition de l’Arctique. Il est urgent de le faire étant donné qu’en l’état, la politique d’AXA ne couvre qu’un nombre très limité de projets : 172 sur les 408 recensés dans la zone Arctique telle que définie par l’Arctic Monitoring and Assessment Programme (AMAP) qui couvre une zone plus large, dont la zone de glaces marginales qui abrite des écosystèmes précieux et très fragiles.

AXA se cache derrière les alliances et les coalitions

Au lieu de nous répondre, AXA préfère se cacher derrière les alliances et coalitions “net zero” qui rassemblent pourtant certains des moins bons élèves sur le climat (y compris sur le charbon, sujet de conviction d’AXA depuis 2015). Ce faisant, l’assureur-investisseur nie sa responsabilité individuelle, repousse les décisions urgentes à plus tard, et opte pour une ambition collective faible plutôt qu’un leadership fort. Tant pis pour le climat.

AXA votera-t-il contre le plan “climat” de Total ?

AXA botte également en touche concernant sa stratégie de vote sur le plan “climat” de Total sur lequel les actionnaires seront consultés dès le 7 mai dans le cadre du “say on climate” de l’entreprise.

  • Etant donné que ce plan “climat” n’est pas compatible avec l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C, la réponse devrait être évidente. Total prévoit une hausse de 50% de sa production d’hydrocarbures et ne publie aucun montant chiffré de baisse de ses émissions de scope 3 – soit 90% des émissions totales de Total – d’ici 2030. Il prévoit également de consacrer encore 80% de ses capex aux énergies fossiles en 2030.
  • C’est donc incompatible avec les critères que s’est fixé AXA pour évaluer les “say on climate”: “nous sommes particulièrement attentifs à ce que les engagements climatiques (y compris les émissions indirectes dites « Scope 3») soient en ligne avec les objectifs de l’Accord de Paris, les capex soient cohérents à long terme avec les engagements internationaux de transition, et qu’un reporting régulier soit en place”.
  • Mais chat échaudé craint l’eau froide: en 2020, AXA avait finalement soutenu Total en votant contre une résolution d’actionnaires demandant à Total d’aligner ses activités avec une trajectoire d’1,5°C – le cap fixé par les accords de Paris sur le climat et qu’AXA a fait sien.

AXA ne trouve rien de problématique chez ses clients-lobbyistes du charbon

Enfin, en ce qui concerne leur soutien maintenu à l’entreprise Fortum malgré les pratiques scandaleuses de sa filiale d’Uniper (qui poursuit l’ Etat néerlandais en justice pour contester le plan national de sortie du charbon), on marche sur la tête. AXA nous répond qu’étant donné que les pratiques de lobbying pro-charbon ne figurent pas dans leurs critères d’exclusion, ils n’ont aucune raison de cesser d’investir dans l’entreprise. Si ça ne tient qu’à ça, nous ne pouvons qu’encourager AXA à en faire un critère d’exclusion au plus vite.

Lors de son assemblée Générale, AXA a rappelé que sa nouvelle raison d’être, c’est de protéger ce qui compte: espérons que les écosystèmes et le climat en fassent bien partie.