ENGIE vient de dévoiler de nouvelles cibles de décarbonation de ses activités. L’annonce reste lacunaire et ne permettra pas de répondre aux demandes d’un nombre croissant de ses investisseurs désireux de mesurer la capacité du groupe à s’aligner sur une trajectoire 1,5°C et les risques liés à leurs investissements. S’il manque notamment aux annonces d’aujourd’hui des projections chiffrées concernant ses objectifs en valeur absolue de baisse de ses émissions, il est évident qu’ENGIE envisage de sortir du charbon pour s’enfoncer dans de nouvelles fausses solutions.

“Sous pression, la direction d’ENGIE tente de faire croire à ses investisseurs que le groupe est pleinement engagé dans la lutte contre le dérèglement climatique et s’est doté d’objectifs clairs pour se décarboner. En vérité, loin d’être le leader de la transition énergétique qu’il se prétend, ENGIE ne vise pas de s’aligner sur un objectif 1,5°C et sa dépendance au GNL représente un double risque climatique. Si les investisseurs devront se contenter d’une stratégie en gruyère de décarbonation, ils obtiennent enfin des réponses, bien que toutes aussi parcellaires, sur l’avenir des centrales à charbon. Et celles-ci sont loin d’être satisfaisantes, avec deux centrales vendues et quatre converties au gaz ou à la biomasse. Les actionnaires doivent réagir alors qu’ENGIE tiendra son Assemblée générale ce jeudi” commente Lucie Pinson, fondatrice et directrice de Reclaim Finance.

  • ENGIE annonce un engagement d’atteinte de la neutralité carbone à l’horizon 2045 sur tous les scopes, contre un objectif précédent de 2050. Cependant, ENGIE n’entend pas s’aligner sur une trajectoire 1,5°C et ne précise pas des cibles de décarbonation en valeur absolue détaillées dans le temps.
  • Alors qu’ENGIE met en avant les gaz renouvelables dans sa communication, les chiffres montrent en réalité une dépendance maintenue et très coûteuse au GNL, développant ainsi un double risque climatique et financier.
  • ENGIE rehausse de manière assez importante ses objectifs en termes de développement des énergies renouvelables mais ces derniers restent très inférieurs par rapport à ceux des concurrents comme Enel. De plus, ENGIE semble oublier l’importance du développement des solutions de stockage, comme les batteries, au risque de maintenir une dépendance aux centrales à gaz.
  • Alors qu’un nombre croissant d’investisseurs attendent d’ENGIE la fermeture des centrales à charbon, ENGIE annonce que le groupe entend convertir quatre de ses 10 dernières centrales à charbon au gaz ou à la biomasse et en vendre deux autres.