Le 21 octobre, Natixis annonçait la réduction de 15% entre 2020 et 2024 de ses financements aux activités d’exploration et de production de pétrole et de gaz conventionnels et non-conventionnels. Cet engagement pourrait avoir peu d’impact sur la baisse effective des soutiens aux entreprises les plus problématiques et passe malheureusement à côté de la priorité climatique : cesser tout soutien au développement du pétrole et du gaz.

Baisse de l’exposition ne rime pas forcément avec…

Société Générale en octobre 2020, et BNP Paribas en mai 2021, ont aussi annoncé une baisse de leur exposition de 10 % aux activités de production de pétrole et gaz d’ici 2025. A moins d’être adossée à une politique d’exclusion claire, cette approche n’empêche en rien les banques de faire de nouveaux prêts à des entreprises très actives voire qui se développent dans les pétrole et gaz. Société Générale avait déjà suivi cette approche en 2016 en s’engageant à diminuer de 14 % son exposition à la production de charbon d’ici fin 2020. Cela ne l’avait pas empêché de maintenir et même d’augmenter ses financements à certains des plus gros producteurs de charbon comme Glencore ou SUEK.

…avec fin de l’expansion

C’est pourtant la priorité numéro 1 pour le climat : à deux reprises cette année, l’Agence internationale de l’énergie a conclu que limiter le réchauffement à 1,5°C implique de ne plus investir dans de nouveaux projets pétroliers et gaziers et de se concentrer sur la réduction de la production. Et ne comptons pas sur l’industrie pétro-gazière pour renoncer toute seule à ses plans d’expansion largement incompatibles avec les impératifs climatiques : selon un récent rapport de Carbon Tracker, pour s’aligner sur les conclusions de l’AIE, il faudrait que les grandes entreprises réduisent de moitié ou plus leur production de pétrole et de gaz d’ici 2030. Au contraire, ces mêmes entreprises prévoient au contraire de nouveaux développements dans le pétrole et le gaz, y compris dans les non-conventionnels. TotalEnergies, par exemple, largement soutenu par les banques françaises, prévoit d’accroître sa production gazière entre 2019 et 2030, et d’ici 2030, les hydrocarbures représenteront encore 80% de ses dépenses d’investissement.

Un engagement qui ne couvre qu’une partie des soutiens de la banque à l’industrie pétro-gazière

2ème nuance importante : les engagements de Natixis, Société Générale et BNP Paribas portent uniquement sur les financements type “prêts”. Ils ne couvrent pas les soutiens à l’émission d’actions et d’obligations par des entreprises de ces secteurs, alors qu’ils constituent une large part des sources de financement de l’industrie. 

Il n’est pas trop tard pour corriger le tir : demain, Laurent Mignon, PDG de Natixis, prendra la parole au Climate Finance Day. Espérons qu’il ne ratera pas cette fois-ci l’occasion d’annoncer que la banque ne soutiendra plus les entreprises qui ne renoncent pas à leurs plans d’expansion pétro-gaziers.