AG de la Société Générale : nouveau patron, aucune amélioration pour le climat

Paris, le 23 mai 2023 – Lors de l’assemblée générale qui s’est tenue aujourd’hui, Slawomir Krupa, successeur de Frédéric Oudéa à la tête de la Société Générale, a fait l’apologie de la politique des petits pas qui a marqué ces 15 dernières années sur le plan climatique. Reclaim Finance appelle Slawomir Krupa à rattraper rapidement ce retard en prenant dès 2023 des mesures fortes pour mettre fin au soutien à l’expansion pétrolière et gazière.

Présents sur place, Reclaim Finance et ShareAction ont demandé à la Société Générale de rattraper son retard dans la bataille climatique en accélérant sa sortie des énergies fossiles et en augmentant sa contribution à la transition énergétique. Sans remettre en question le bilan de Frédéric Oudéa, Slawomir Krupa a considéré que la transition écologique était “un sujet compliqué” et que “changer du tout au tout n’était pas possible”, d’où son objectif d’agir autour du concept de “transition”.

Le nouveau directeur général n’a malheureusement montré aucune volonté d’accélérer l’action climatique de la banque après le bilan très faible de son prédécesseur. Il faudra pourtant qu’il insuffle une nouvelle stratégie pour rattraper le retard de la Société Générale face à l’urgence climatique.

Antoine Laurent, responsable plaidoyer France chez Reclaim Finance

La banque française continue de financer de nouveaux projets de champs pétroliers et gaziers et la stratégie d’expansion des majors pétro-gazières (1), en contradiction avec les conclusions des scientifiques et les projections de l’Agence internationale de l’énergie pour limiter le réchauffement à 1,5 °C. La semaine dernière, la Société Générale a participé à un prêt de 1,5 milliards d’euros à l’entreprise BP (2), qui a pourtant revu cette année ses objectifs climatiques à la baisse (3).

Le bilan de Frédéric Oudéa, c’est près de 100 milliards de dollars de financement aux énergies fossiles entre 2016 et 2022 et quelques mesures dérisoires concernant l’expansion pétro-gazière. La Société Générale doit adopter dès cette année des mesures fortes pour mettre fin au soutien à l’expansion pétro-gazière.

Antoine Laurent, responsable plaidoyer France chez Reclaim Finance

Alors que ses concurrents tels que BNP Paribas, HSBC ou ING se sont engagés à ne plus financer de nouveaux projets pétroliers et gaziers, la Société Générale est, avec Natixis (groupe BPCE), la dernière banque française à n’avoir adopté aucune mesure pour freiner l’expansion des hydrocarbures conventionnels. (4)

Reclaim Finance appelle le nouveau patron de la Société Générale Slawomir Krupa à s’aligner sur les meilleures pratiques, à conditionner ses services financiers aux entreprises du secteur pétrolier et gazier à l’arrêt du développement de nouveaux projets et à l’adoption d’objectifs de baisse de leur production d’ici 2030, et à augmenter ses financements pour la transition en octroyant 5 euros dans les énergies renouvelables pour chaque euro injecté dans les énergies fossiles à horizon 2030 .

La banque a également été interpellée par Radek Kubala de l’ONG tchèque Re-Set sur son soutien à l’entreprise tchèque EPH (5). L’entreprise, détenue par le milliardaire Daniel Křetínský et connue pour son rachat de mines et centrales à charbon, prévoit de doubler sa capacité de production d’électricité à partir de gaz de 7 à 14 GW.

EPH constitue une menace pour le climat et pour la démocratie. La Société Générale doit immédiatement cesser de soutenir tous les sales projets de l’oligarque tchèque Daniel Křetínský.

Radek Kubala, chargé de campagne et de recherche au sein de l’ONG Re-set

Contacts :

Notes :

  1. La Société Générale a récemment acheté des obligations ou facilité le financement de grandes compagnie pétro-gazières ou à des projets d’infrastructure (participation à une émissions d’obligations d’un total de 1,5 milliards de dollars pour GreenSaif Pipelines Bico de Saudi Aramco en février 2023, 2 milliards de dollars pour Eni en mai 2023, 600 million d’euros pour VAR Energy en avril 2023).
  2. BP a procédé le 11 mai 2023 à une émission obligataire de deux tranches pour un total de 1,5 milliards de d’euros en “General corporate purpose” et en refinancement de dette,, à laquelle a également participé Santander, Barclays, Goldman Sachs, HSBC et ICBC London (Source : Bloomberg).
  3. BP dépassera de près de 50 % son budget carbone de 1,5 °C d’ici 2030. L’entreprise continue d’ouvrir de nombreux nouveaux projets de production pétrolière et gazière, notamment de gaz de schiste à Vaca Muerta en Argentine, ou d’hydrocarbures non conventionnels dans les bassins Delaware (tight) et Woodford (shale) aux USA. En 2022, 6% de ses investissements étaient consacrés aux énergies dites bas carbone qui comprennent les renouvelables et d’ici 2030, cette part ne devrait passer qu’à 24 %, tandis que l’accent reste mis sur les activités pétrolières et gazières. (Reclaim Finance, Assessment of BP’s Climate strategy, Mai 2023).
  4. Voir plus de détails sur l’analyse des politiques sectorielles des acteurs financiers dans l’Oil & Gas Policy Tracker.
  5. La filiale tchèque de la Société Générale, Komercni Banka, est un soutien de longue date d’EPH. Elle a participé à un ensemble de trois prêts en mars 2017, totalisant 1 milliard d’euros, et a participé à la souscription d’obligations pour EPH en 2018, 2020 et 2022 pour un total de plus de 540 millions de dollars. EPH s’est notamment spécialisé dans le rachat de mines et de centrales à charbon dans l’optique d’en tirer le maximum de profit jusqu’à leur fermeture, lui permettant ensuite de réclamer des compensations publiques en cas d’accélération de la sortie du charbon décidée par les pouvoirs publics. EPH a récemment racheté l’électricien STEAG pour investir dans des centrales à charbon en Allemagne.

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2023-06-29T10:25:48+02:00