Premier assureur-vie français, Crédit Agricole Assurances (CAA) a annoncé une nouvelle politique sectorielle sur le pétrole et le gaz ce lundi 9 septembre, excluant les investissements directs dans les projets de production de pétrole et de gaz. Des mesures insuffisantes puisque les investissements directs représentent moins de 10% du portefeuille de l’assureur et qui ne permettent pas à Crédit Agricole Assurances de rattraper son retard : l’assureur-vie s’autorise encore à investir dans les plus grands développeurs pétroliers et gaziers, malgré ses objectifs de neutralité carbone (1). Reclaim Finance appelle CAA à prendre des mesures ambitieuses en arrêtant de soutenir les entreprises développant des projets pétroliers et gaziers.
Membre de la Net Zero Asset Owner Alliance, Crédit Agricole Assurances a annoncé lundi 9 septembre de nouveaux engagements “à horizon 2030 pour une économie bas carbone” (2). Le premier assureur-vie français a étendu l’exclusion des investissements directs dans les projets de pétrole et gaz de schiste et sables bitumineux à tous les projets de production de pétrole et de gaz (hydrocarbures conventionnels). Des investissements qui ne représentent qu’une petite partie des activités des assureurs-vie, dont la majorité du portefeuille est constitué de titres d’entreprises cotées (plus de 82% du fonds en euros pour CAA, contre 8% de private equity et investissements dans des infrastructures (3)).
Cette nouvelle politique est une occasion manquée pour le premier assureur-vie français de respecter ses engagements de neutralité carbone et pour le groupe Crédit Agricole d’être cohérent. En effet, alors que Crédit Agricole Assurances peut toujours acheter des obligations de développeurs pétroliers et gaziers, comme TotalEnergies, la banque Crédit Agricole refuse d’y participer au nom du climat. Crédit Agricole Assurances contribue ainsi au développement de projets climaticides de TotalEnergies, au Mozambique, en Papouasie-Nouvelle-Guinée ou ailleurs. Il est plus qu’urgent que Crédit Agricole assure la cohérence de ses politiques climat au niveau groupe et que Crédit Agricole Assurances arrête d’investir dans des développeurs pétro-gaziers, comme l’a fait le numéro 2 français de l’assurance-vie CNP Assurances.
Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance
La nécessité de mettre fin au soutien des développeurs pétro-gaziers a en effet été reconnue par la branche bancaire de Crédit Agricole, qui a annoncé en 2024 ne plus faciliter l’émission d’obligations conventionnelles pour toutes les entreprises du secteur pétrolier et gazier (4).
Par ailleurs, si la nouvelle politique sectorielle de CAA exclut des investissements la plupart des infrastructures liées au pétrole, l’investissement dans celles liées au gaz (pipelines, terminaux de gaz naturel liquéfié, centrales à gaz) reste soumis à des règles plus souples (exceptions pour des infrastructures qui seraient « alignées avec une trajectoire 1,5°C », cet alignement n’étant pas clairement défini).
Reclaim Finance appelle Crédit Agricole Assurances à s’engager à ne plus réaliser de nouveaux investissements dans des entreprises développant des nouveaux champs de pétrole et de gaz, mais également de nouveaux projets d’infrastructures comme les nouveaux terminaux de gaz naturel liquéfié. Par ailleurs, Reclaim Finance appelle Crédit Agricole Assurances et l’ensemble des assureurs-vie français à étendre leurs politiques climat à leur offre en unité de compte, pour ne pas qu’elles s’appliquent uniquement aux fonds euro.