Paris, le 19 septembre 2024 – Dans son point d’étape « Climate Progress Update 2024 » publié ce jeudi, ING a déclaré mettre fin au financement de nouveaux projets portés par les entreprises spécialisées dans l’exploration et la production de pétrole et de gaz, qui continuent de développer de nouveaux champs. La banque néerlandaise a également annoncé l’exclusion des projets de nouveaux terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) à partir de 2026. Reclaim Finance salue cette initiative concernant le financement des projets GNL, à un moment où l’essor de ces infrastructures met en péril l’atteinte des objectifs climatiques. Cependant, les mesures concernant le financement des entreprises ont une portée bien trop limitée. Reclaim Finance appelle la banque à aller plus loin en excluant le financement de tous les développeurs pétroliers et gaziers et de GNL, y compris les entreprises diversifiées qui sont les plus gros développeurs de pétrole et de gaz.
ING a annoncé dans l’actualisation de son document « Climate Progress Update » (1) qu’elle mettait immédiatement fin à tout nouveau soutien, y compris via prêts et obligations, aux entreprises exclusivement actives dans la production de pétrole et de gaz et qui continuent de développer de nouveaux champs pétroliers et gaziers. ING ne fournira pas de nouveau financement de projets à partir de 2026 pour les nouveaux terminaux d’exportation de GNL.
Certains voudront peut-être applaudir la banque néerlandaise pour cette initiative qui va dans le bon sens, et marque la reconnaissance par ING du problème que pose la construction effrénée de terminaux GNL, ce qu’aucune autre grande banque n’a fait. Mais ce serait une erreur politique et un échec moral. Alors que des températures records et de terribles inondations frappent l’Europe centrale et l’Asie, ING continue d’aggraver le dérèglement causé par le changement climatique en soutenant les développeurs d’énergies fossiles. Plus de 70 % de l’expansion à venir de la production de pétrole et de gaz échappe à ses derniers engagements climatiques.
Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance
Le scénario « Net Zero Emissions » (NZE) de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) (2) projette depuis longtemps la fin du développement de nouveaux champs pétroliers et gaziers, et depuis 2022, la fin du développement de nouveaux terminaux d’exportation de GNL pour atteindre la neutralité carbone. Bien que la mesure d’ING prenne effet en 2026, permettant à la banque de financer directement de nouveaux terminaux d’exportation jusqu’à cette date, elle sera la première grande banque internationale à prendre une telle décision.
Cependant, les nouveaux engagements d’ING sur les terminaux d’exportation de GNL ne concernent que le financement de projets ; la banque néerlandaise peut continuer à financer les développeur de terminaux d’exportation de GNL tels que Venture Global LNG, le plus grand développeur de GNL au monde et l’un de ses principaux clients (3).
Les mesures annoncées par ING concernant le financement des entreprises n’affecteront que les acteurs spécialisés dans la production de pétrole et de gaz. Elles ne prennent pas en compte les entreprises diversifiées, qui représentent plus de 70 % de l’expansion de champs pétroliers et gaziers à court terme (4). Seules 25 entreprises seraient exclus (5) et d’importants clients d’ING, tels que Trafigura et Vitol (6), pourraient être soutenus par la banque à l’avenir, puisqu’il s’agit d’entreprises diversifiées actives dans d’autres segments de la chaîne de valeur du pétrole et du gaz. À l’inverse, BNP Paribas et Crédit Agricole ont annoncé en mai (7) qu’ils ne participeraient plus à l’émission des obligations conventionnelles de l’ensemble des producteurs de pétrole et de gaz, ce qu’ils font déjà depuis plusieurs mois.
Les mesures annoncées ont peu de poids face aux urgences sociales et climatiques. Elles sont bien en deçà de celles annoncées par BNP Paribas et Crédit Agricole, qui mettent fin à leur soutien stratégique aux entreprises refusant de s’engager dans une véritable sortie des énergies fossiles. La science est claire : nous devons mettre fin au financement de tout nouveau projet d’énergies fossiles. Rien de moins ne suffira.
Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance
ING promet l’évaluation des plans de transition climatique et des critères ESG de ses clients au cas par cas. Après deux ans d’engagement infructueux (à partir de 2026), des sanctions pourraient être adoptées à l’encontre des entreprises, y compris la fin potentielle de l’accès aux financements pour ces dernières. Mais ING omet certaines demandes clés aux entreprises pétrolières et gazières, telles que l’arrêt du développement de nouveaux projets pétroliers et gaziers et la réduction de la production, pourtant nécessaires pour s’aligner sur le scénario “Net Zero” de l’AIE. Le manque de transparence et l’absence de progressivité claire rendent impossible l’évaluation de l’efficacité de cette mesure.