27 novembre 2024 – BNP Paribas AM, la filiale de gestion d’actifs du groupe BNP Paribas, vient de publier une mise à jour de sa politique d’investissement responsable. Le gérant indique mettre fin à ses investissements obligataires dans les entreprises du secteur pétro-gazier, prenant acte de l’impératif scientifique de l’arrêt de l’expansion de la production pétro-gazière (1). Reclaim Finance salue cette mesure, qui permet à la filiale de se mettre en cohérence avec les pratiques de la banque BNP Paribas. L’ONG appelle le Groupe BNP Paribas à maintenant appliquer la même approche à ses autres filiales, dont BNP Paribas Cardif, et le Groupe Crédit Agricole à faire de même en commençant par sa filiale Amundi.
BNP Paribas Asset Management a annoncé ce mardi une nouvelle version de ses restrictions relatives au pétrole et gaz. Le gestionnaire d’actifs indique qu’il n’investira plus dans les obligations émises sur le marché primaire par les entreprises d’exploration et de production pétro-gazière. BNP Paribas AM devient ainsi le premier grand gestionnaire d’actifs au monde à adopter une telle mesure (2).
C’est une mesure historique qui vient confirmer et renforcer la transformation en cours au sein du groupe BNP Paribas. Pour la première fois, un géant du secteur de la gestion d’actifs prend acte de l’impératif scientifique de l’arrêt de l’expansion de la production pétro-gazière en agissant sur les investissements obligataires. Cette mesure est cruciale car les obligations sont l’un des modes de financements les plus importants pour les entreprises du secteur fossile aujourd’hui.
Lara Cuvelier, chargée de campagne investissements soutenables
En gérant presque 600 milliards d’euros d’actifs, BNP Paribas AM figure déjà dans le top 5 des gestionnaires d’actifs européens. Le rachat potentiel d’AXA IM, annoncé pour 2025, propulserait le gestionnaire d’actifs à la 2ème place européenne, derrière Amundi et devant Legal and General Investment Management. Cette nouvelle mesure sur les obligations émises sur le marché primaire pourrait donc entraîner des conséquences importantes, ces émissions étant la principale source de financement des entreprises développant de nouveaux projets fossiles (4).
Cette décision, appliquée autant à la banque de financement et d’investissement qu’à la gestion d’actifs, et qui reste à appliquer à la filiale d’assurance BNP Paribas Cardif, est un tournant important tant les relations entre BNP Paribas et les majors pétrolières et gazières sont ténues (5). BNP Paribas AM était par exemple présent lors de la levée de TotalEnergies de US$4.25 milliards sur le marché obligataire en avril dernier (6). Reclaim Finance appelle les autres acteurs financiers à suivre et notamment le groupe Crédit Agricole, qui a appliqué cette mesure à sa banque mais pas encore à ses activités de gestion d’actifs portées par Amundi.
Si cette mesure représente donc une avancée majeure pour la lutte contre le dérèglement climatique, il faut toutefois noter que cette mesure ne s’étend pas aux entreprises actives dans le transport d’hydrocarbures et notamment le développement de nouveaux terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL), pourtant aussi exclus du scénario Net Zero by 2050 de l’Agence internationale de l’énergie qui dessine une trajectoire visant à limiter le réchauffement à 1,5°C.
