Le communiqué de presse a été modifié le 17 avril suite à de nouveaux échanges avec la Caisse des dépôts ; le montant initial de « près de 10 milliards d’euros dans les entreprises du secteur des énergies fossiles » a été revu à « 9,2 milliards d’euros ».
Paris, le 15 avril 2025 – Alors que la Caisse des dépôts et des consignations (CDC) gère en grande partie l’épargne des Français et se revendique comme un investisseur responsable, son action climatique reste en réalité très opaque et manque de crédibilité. C’est ce que révèle un nouveau rapport de Reclaim Finance (1) qui pointe du doigt notamment ses investissements dans le développement des énergies fossiles, pouvant être réalisés avec de l’argent issu des livrets d’épargne des Français, dont le Livret de Développement Durable et Solidaire. Reclaim Finance appelle la Caisse des dépôts à être exemplaire, en tant qu’investisseur public, et à améliorer sa transparence et ses engagements climatiques.
Acteur public, gestionnaire de l’épargne des Français et contributeur aux objectifs nationaux sur le climat, la Caisse des dépôts a une grande responsabilité climatique. Environ 73% de ses actifs financiers proviennent en effet de l’épargne des Français, via le Fonds d’épargne géré par la CDC, qui centralise notamment des dépôts du Livret A, ou du Livret de Développement Durable et Solidaire (2). Une position qui lui confère un devoir de redevabilité vis à vis des citoyens français, comme le soulignait la Cour des Comptes en 2023 (3).
Et pourtant, l’analyse de Reclaim Finance pointe du doigt un grand manque de transparence. La composition de son portefeuille d’investissements n’est pas rendue publique, tout comme le détail de ses votes aux assemblées générales des entreprises dont elle est actionnaire, ainsi que la liste exhaustive des gestionnaires d’actifs externes à qui elle délègue une partie de ses investissements. Une opacité qui contraste avec le bon niveau de transparence d’autres investisseurs publics français et européens (4).
Par ailleurs, s’il est difficile, en raison de ce manque de transparence, de connaitre avec exactitude l’étendue des investissements de la CDC dans les entreprises qui développent de nouveaux projets fossiles, sa politique climat actuelle rend possible le soutien à de telles entreprises, comme TotalEnergies ou Shell. Et ceci, alors même que la Caisse des dépôts met en avant son rôle d’investisseur responsable, engagé pour « la transformation écologique » et reconnait le problème de l’expansion fossile. D’après les éléments indiqués dans sa documentation, l’institution détient 9,2 milliards d’euros dans les entreprises du secteur des énergies fossiles (5).
« La politique climat de la Caisse des dépôts est encore loin d’être alignée sur les préconisations scientifiques. Comment l’institution publique peut-elle se dire engagée et responsable, tout en continuant d’investir l’épargne des Français dans les entreprises poursuivant l’expansion fossile, et en refusant de donner le détail de ses investissements ? Ce manque de transparence et la faiblesse de ses engagements sont inconcevables pour une institution publique qui gère l’épargne des Français, et qui a une responsabilité climatique”.
Agathe Masson, chargée de campagne investissements soutenables à Reclaim Finance
Autre problème, la Caisse des dépôts délègue une partie de ses investissements à des gestionnaires d’actifs externes, aux pratiques nocives pour le climat. C’est le cas par exemple d’Amundi, filiale du Crédit Agricole, et qui investit encore sans conditions dans l’expansion du pétrole et du gaz (6). Si plusieurs de ses pairs européens ont commencé à écarter des gestionnaires externes pour des raisons climatiques (7) la CDC n’a toujours pas de critères climatiques solides pour les sélectionner ou de démarche pour les pousser à améliorer leurs pratiques. L’institution risque donc de sélectionner des gestionnaires qui empirent la crise climatique.
Reclaim Finance appelle la Caisse des dépôts et de consignations à améliorer sa transparence, faire de l’expansion fossile une ligne rouge dans sa politique climat et à renforcer ses critères de sélection des gestionnaires d’actifs externes, en se basant sur la science climatique.