Retraites et climat : Des acteurs clés investissent dans les énergies fossiles
Quatre acteurs clés des retraites en France – l’Agirc-Arrco, l’Établissement de retraite additionnelle de la fonction publique (ERAFP), le Fonds de Réserve pour les Retraites (FRR) et l’Institution de retraite complémentaire des agents non titulaires de l’État et des collectivités (Ircantec) – gèrent 171 milliards d’euros d’actifs financiers, provenant des cotisations des Français et de fonds publics. Alors qu’ils se revendiquent comme des investisseurs responsables, ce nouveau rapport de Reclaim Finance souligne le soutien persistant de certains de ces acteurs à l’expansion fossile, à travers leurs investissements, leurs votes aux assemblées générales des entreprises de leurs portefeuilles, ou le choix de leurs gestionnaires d’actifs. Ces pratiques contribuent à aggraver le dérèglement climatique et ses impacts, et sont donc en incohérence totale avec la mission de ces acteurs qui sont censés sécuriser l’avenir de leurs bénéficiaires, cotisants et retraités, sur le long terme.
Key findings:
- Malgré les préconisations de la science climatique, les engagements actuels de l’Agirc-Arrco, l’ERAFP et le FRR sont insuffisants pour stopper les investissements, notamment obligataires, contribuant à l’expansion fossile. Ils continuent de soutenir des entreprises qui développent de nouveaux projets pétro-gaziers, comme TotalEnergies ou Saudi Aramco, en utilisant les cotisations des Français et de l’argent public. Par ailleurs, leurs démarches d’engagement actionnarial manquent de crédibilité et d’efficacité pour mettre un terme à l’expansion fossile.
- A l’inverse, l’Ircantec montre la voie en ayant adopté une politique d’exclusion fossile exigeante, tout en affichant une bonne santé financière.
- Ces quatre acteurs délèguent la gestion de la grande majorité de leurs portefeuilles à des gestionnaires d’actifs externes, qui peuvent avoir des pratiques dangereuses pour le climat. L’Agirc-Arrco a ainsi confié des investissements à BlackRock et State Street, le FRR à BlackRock et JP Morgan Asset Management, et l’ERAFP à Morgan Stanley Investment Management, alors que tous ces gestionnaires ont récemment reculé sur leurs engagements climatiques et soutiennent l’expansion fossile. Seul l’Ircantec s’est doté de critères robustes concernant le soutien de ses gestionnaires aux énergies fossiles lorsqu’il sélectionne un nouveau gestionnaire.
- Les acteurs étudiés affichent un niveau de transparence variable, malgré leur devoir de redevabilité. Aucun d’entre eux ne publie le détail de ses votes aux assemblées générales des entreprises dont ils sont actionnaires. L’Agirc-Arrco et l’ERAFP ne publient pas non plus la liste des entreprises détenues dans leurs portefeuilles.
Reclaim Finance appelle l’Agirc-Arrco, l’ERAFP et le FRR à faire dès à présent de l’expansion fossile une ligne rouge dans leur politique climat, en arrêtant immédiatement les nouveaux investissements dans les développeurs fossiles et en systématisant les votes d’opposition aux assemblées générales. Les quatre acteurs doivent également accroître leur transparence et renforcer leurs initiatives visant à améliorer les pratiques climatiques de leurs gestionnaires d’actifs.