Copublié avec Insure Our Future
3 Septembre 2025 – Les compagnies d’assurance chinoises redessinent le paysage mondial de l’assurance des énergies renouvelables, avec trois grands assureurs ayant capté plus de 200 millions de dollars de nouvelles primes entre 2023 et 2024, selon une nouvelle analyse de Insure Our Future.
Publiée en amont des Rendez-Vous de Septembre (RVS) de Monte-Carlo, l’analyse de 45 grands assureurs du secteur énergétique [1] met en évidence une course à l’assurance des énergies renouvelables. Un marché en pleine expansion avec un besoin massif d’assurance pour couvrir des investissements estimés à 10 000 milliards de dollars d’ici 2030. [2]
Le marché mondial de l’assurance des énergies renouvelables a progressé de 9 % par an depuis 2020, passant de 5,65 milliards de dollars à 8 milliards en 2024 en termes réels. [3] Certains assureurs chinois ont enregistré une croissance de plus de 20 % entre 2023-2024 .[4] L’assureur chinois PICC affiche le volume le plus élevé de primes liées aux renouvelables, estimé à 485 millions de dollars. En Europe, les trois plus grands souscripteurs d’assurance dans le domaine des énergies renouvelables – Allianz, AXA et Zurich – ont collectivement fait croître leurs primes pour ce secteur de 141 millions entre 2023 et 2024. [5]
En 2024, Allianz affichait un volume total de primes liées aux énergies renouvelables le plus élevé parmi les compagnies européennes avec 390 millions de dollars, contre 320 millions pour Zurich et 315 millions pour AXA. Ces assureurs restent cependant les trois plus gros assureurs des énergies fossiles en Europe.
Les assureurs européens, dont AXA, Allianz, Zurich et SCOR, ont tous identifié l’opportunité du marché des renouvelables, mais ils pensent pouvoir avoir le beurre et l’argent du beurre. En continuant en parallèle à soutenir l’expansion des énergies fossiles, ils n’auront aucun impact réel sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre du secteur énergétique. Tant qu’ils continueront à couvrir de nouveaux terminaux de GNL et d’autres infrastructures pétrolières et gazières, ils contribueront à aggraver la crise climatique et ses impacts sur les plus vulnérables
Ariel Le Bourdonnec, chargé de campagne Assurance chez Reclaim Finance
En parallèle, le secteur de l’assurance des énergies fossiles s’est contracté d’environ 2 % par an sur la même période, soulignant la transition en cours. Néanmoins, le marché de l’assurance des énergies fossiles reste plus de trois fois supérieur à celui des renouvelables.
Les assureurs chinois développent une expertise approfondie dans la compréhension des risques et des rendements des projets renouvelables modernes, en lien avec l’impressionnant déploiement de la Chine. Cela leur confère des avantages compétitifs, mais il existe également une formidable opportunité de collaboration internationale — combinant l’échelle, la rapidité et l’expérience chinoises avec la puissance du partage global des risques, des standards et des marchés financiers
Dr. Muyi Yang, analyste senior en énergie, Asie, chez Ember Energy
Malgré cette croissance du marché des renouvelables, le soutien des assureurs reste encore très en deçà des niveaux nécessaires pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la capacité installée en énergies renouvelables doit tripler entre 2023 et 2030. Pour que le secteur de l’assurance suive ce rythme, il doit accroître son soutien aux renouvelables de 18 % par an.
L’AIE a indiqué, dans son premier scénario de neutralité carbone publié en 2021, que les nouvelles mines et centrales à charbon, ainsi que les nouveaux champs pétroliers et gaziers, n’ont pas leur place dans son scénario de transition visant la neutralité carbone d’ici 2050. Depuis 2022, l’AIE indique également qu’aucune nouvelle infrastructure d’exportation de GNL n’est nécessaire pour répondre à la demande actuelle et future dans une trajectoire de réchauffement global limité à 1,5°C. [5]
Aucune grande compagnie d’assurance, à l’exception de l’assureur italien Generali, n’a encore adopté de politique explicite visant à limiter son soutien à l’expansion du GNL, et ce malgré les menaces que représentent les risques climatiques extrêmes pour l’assurabilité et la rentabilité futures.
Si nous voulons réellement gérer les risques liés aux événements climatiques extrêmes alimentés par les énergies fossiles, le marché de la souscription des renouvelables doit croitre d’au moins 18 % par an jusqu’en 2030. La bonne nouvelle est que plusieurs assureurs prouvent déjà que c’est possible, et ceux réunis à Monte-Carlo doivent saisir les opportunités de croissance dans les renouvelables afin d’accélérer la transition énergétique.
Risalat Khan, Stratégiste en chef, Insure Our Future Campaign