Paris, le 6 novembre 2025 – Alors que la banque Crédit Agricole a mis fin l’an dernier à un type de financement stratégique pour les entreprises pétrolières et gazières, en cessant de participer à leurs émissions d’obligations, la filiale du groupe, Amundi, a continué à y investir massivement. C’est ce que révèle une nouvelle note de Reclaim Finance (1) qui pointe du doigt le double jeu du groupe Crédit Agricole sur le climat, mettant ainsi en doute la sincérité de ses engagements climatiques. Reclaim Finance appelle Crédit Agricole à mettre fin à cette incohérence et à aligner sa politique entre la banque et ses principales filiales, comme l’a fait BNP Paribas.
Entre 2024 et 2025, Amundi, filiale de gestion d’actifs du groupe Crédit Agricole et premier gestionnaire d’actifs européen, a investi 300 millions d’euros dans 80 obligations émises par des entreprises développant de nouveaux projets de charbon, pétrole et gaz (2). Parmi elles, TotalEnergies, entreprise qui a le plus grand nombre de projets fossiles et de bombes carbone dans le monde (3), le géant du charbon Glencore ou encore Saudi Aramco.
Des obligations pourtant toutes écartées par la banque Crédit Agricole, à l’exception d’une seule (4). En effet, la banque Crédit Agricole, comme BNP Paribas, a annoncé en mai 2024 ne plus participer aux émissions d’obligations conventionnelles des entreprises du secteur fossile, reconnaissant ainsi la nécessité de mettre fin à ce financement stratégique pour les entreprises du secteur. Elle s’est ainsi tenue à l’écart des 11 obligations émises par TotalEnergies depuis ou encore des 6 émises par Glencore.
Mais si BNP Paribas a décliné cette mesure à ses principales filiales, ayant eu pour effet immédiat d’avoir mis fin aux investissements de son gestionnaire d’actifs BNP Paribas AM dans les obligations du secteur pétrolier et gazier sur la même période (5), il n’en est pas de même pour Crédit Agricole – un groupe qui se dit pourtant engagé à “agir pour le climat et (…) accélérer [son] désengagement des énergies fossiles” (6).
Le double jeu du Crédit Agricole interpelle et jette le doute sur la sincérité de ses engagements climatiques. Si le groupe a une réelle volonté de ne plus vouloir soutenir le développement des énergies fossiles, pourquoi laisse-t-il sa filiale Amundi continuer à soutenir l’expansion pétrolière et gazière ? Le groupe Crédit Agricole doit mettre fin dès maintenant à cette incohérence, susceptible de créer de la confusion auprès de ses clients et salariés, et suivre l’exemple de BNP Paribas.
Lara Cuvelier, chargée de campagne investissements soutenables
Le soutien d’Amundi aux entreprises pétrolières et gazières est tout sauf anodin : les investissements dans les obligations des entreprises en première ligne de l’expansion des énergies fossiles leur permettent de continuer à développer leurs activités dévastatrices. Des investissements qui ont été d’ailleurs soigneusement choisis par Amundi : la grande majorité d’entre eux ont été réalisés “en gestion active”, signifiant que la filiale a sélectionné activement les titres achetés.
Si la filiale du Crédit Agricole met en avant son dialogue actionnarial avec ces entreprises dans le cadre de sa stratégie climat (7), celui-ci ne saurait justifier la poursuite de nouveaux investissements obligataires. Ceux-ci peuvent même fortement limiter l’efficacité de ce dialogue.
Reclaim Finance appelle Crédit Agricole à suivre la voie de BNP Paribas et à mettre fin aux pratiques d’Amundi vis à vis du secteur des énergies fossiles afin d’avoir une action climatique cohérente et crédible.