Déforestation en Amazonie : le soutien des banques françaises révélé

Copublié avec Canopée

Paris, le 20 novembre 2025 – Alors que la COP30 touche à sa fin en Amazonie, où les discussions sur sa protection ont été centrales, Reclaim Finance et Canopée révèlent que les quatre grandes banques françaises ont financé deux acteurs majeurs de la déforestation de cet écosystème (1). BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et le groupe Banque Populaire Caisse d’Epargne ont participé à des transactions d’un montant de 10 milliards de dollars, en faveur de deux négociants de soja, Bunge et Cargill. Des financements qui révèlent la faiblesse, voire l’absence, des politiques des banques sur la déforestation. Reclaim Finance et Canopée appellent les banques françaises à prendre des engagements sérieux de lutte contre la déforestation, et à ne plus financer ces deux entreprises.

Entre janvier 2024 et août 2025, BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et le groupe Banque Populaire Caisse d’Epargne (BPCE) ont participé à 5 transactions d’un montant total de 10 milliards de dollars en faveur de Bunge et Cargill, deux négociants de soja. Ces entreprises sont pourtant fortement exposées au risque de déforestation en Amazonie (2).

Ces financements sont d’autant plus problématiques que l’Amazonie fait face à une déforestation croissante liée à la culture du soja, et qu’un moratoire sur la commercialisation de soja issu de déforestation en Amazonie pourrait bientôt être suspendu. Entre 2018 et 2023, la déforestation liée à la culture du soja a triplé dans la région (3), avec un impact considérable pour le climat – la déforestation constituant la première source d’émissions de gaz à effet de serre du pays -, la biodiversité et les populations locales.

Durant cette COP30, le Tropical Forest Forever Facility, un fonds innovant pour rémunérer la préservation des forêts tropicales a été lancé en grande pompe. Mais ceci n’est qu’un côté de la médaille, et son impact semble illusoire tant que rien n’est prévu pour mettre fin aux financements qui vont directement aux activités qui causent leur destruction. Et il y a urgence : depuis 2024, les banques françaises ont contribué à financer à hauteur de 10 milliards de dollars deux des entreprises les plus associées à la déforestation de l’Amazonie à travers le commerce de soja. Tant que ces flux financiers ne cesseront pas, nous continuerons d’être complices de cette déforestation.

Klervi Le Guenic, chargée de campagne forêts tropicales à Canopée

Les financements des banques françaises sont révélateurs de leur manque d’ambition sur la déforestation et sont même contraires aux objectifs des politiques de certaines des banques. En effet, BNP Paribas et Société Générale se sont engagées à exclure les entreprises impliquées dans des cas de déforestation en Amazonie après 2008 mais continuent de les financer, malgré leur exposition imminente au risque de déforestation en Amazonie.

Ces financements montrent la faiblesse, voire l’absence, des engagements des banques sur la déforestation. Si le groupe Banque Populaire Caisse d’Epargne n’a pas de politique sur le sujet (4), les politiques de BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale comportent elles de nombreuses failles (absence d’objectif clair, champ d’application limité, critères d’exclusion insuffisants…) (5).

Les banques françaises ferment les yeux sur la réalité du problème de la déforestation en Amazonie. Si le groupe Banque Populaire Caisse d’Epargne reste le plus en retard, BNP Paribas, Crédit Agricole, et Société Générale ne font pas beaucoup mieux : malgré leurs engagements, elles continuent de soutenir des entreprises qui alimentent la déforestation. Face au dérèglement climatique, il est urgent que les banques françaises ouvrent les yeux sur l’impact de la déforestation pour la planète et prennent des engagements sérieux.

Andrea Hernandez, analyste chez Reclaim Finance

Canopée et Reclaim Finance appellent les grandes banques françaises à prendre des engagements solides contre la déforestation, et à ne plus financer des entreprises comme Bunge et Cargill, en raison de leur exposition élevée au risque de déforestation.

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Notes :

  1. Canopée et Reclaim Finance, Déforestation en Amazonie : la complicité des banques françaises, novembre 2025
  2. 649 cas de déforestation ont été identifiés sur la période de janvier 2024 à octobre 2025, à proximité de silos appartenant à ces deux négociants en Amazonie, totalisant plus de 18 500 hectares. 
  3. Voir le site officiel du moratoire du soja  
  4. Le groupe BPCE s’est engagé à publier une politique sur la déforestation d’ici la fin de l’année.   
  5. BNP Paribas et Société Générale se limitent à demander aux entreprises des engagements zéro déforestation et de traçabilité, sans évaluer les résultats réels, tandis que Crédit Agricole n’a pas de critères contraignants qui mènent à l’exclusion systématique des entreprises problématiques.    

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2025-11-19T17:50:46+01:00