Trésorerie des entreprises : un levier encore inexploité pour le climat et la biodiversité

Paris, le 27 novembre 2025 – Avec 1000 milliards d’euros, la trésorerie des entreprises françaises constitue un levier considérable mais encore inexploité pour le climat et la biodiversité. C’est ce que soulignent Reclaim Finance et WWF dans un rapport (1) analysant les stratégies RSE de 20 entreprises du CAC40, dont Renault, LVMH et Veolia. La trésorerie des grandes entreprises est majoritairement confiée à des partenaires financiers qui contribuent à l’expansion des énergies fossiles et à l’érosion de la biodiversité, un champ qui reste pour l’instant dans l’angle mort de leurs politiques RSE. Reclaim Finance et WWF appellent les grandes entreprises françaises à se saisir de ce levier puissant, en poussant leurs partenaires financiers à ne plus soutenir les entreprises contribuant à aggraver le dérèglement climatique et la destruction d’écosystèmes clés, ou en privilégiant des partenaires financiers avec de meilleures pratiques.

En 2025, la trésorerie des entreprises françaises représentait 1000 milliards d’euros (2) : un montant considérable qui dépasse les besoins de financement nécessaires à la transition écologique de la France jusqu’en 2035. Parmi elles, Reclaim Finance et WWF France ont analysé les pratiques de 20 entreprises du CAC40 (3), dont Renault, LVMH, Veolia ou encore L’Oréal, qui concentrent à elles seules 160 milliards d’euros de trésorerie.

Le rapport révèle que la trésorerie de ces entreprises, placée sur des comptes bancaires ou investie dans des fonds monétaires (4), est aux mains d’une poignée d’acteurs financiers qui continuent de soutenir l’expansion des énergies fossiles et la destruction d’écosystèmes clés. En France, il s’agit principalement de BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et le groupe Banque Populaire Caisse d’Epargne (BPCE) (5).

Face à l’aggravation du dérèglement climatique et la dégradation de la biodiversité, les entreprises disposent d’un levier puissant : leur trésorerie. Mais alors que de nombreuses entreprises affichent des ambitions climatiques, elles confient cette trésorerie à des acteurs financiers qui continuent d’alimenter l’expansion des énergies fossiles, ce qui est un contresens. En agissant sur leurs partenaires financiers dans le cadre de leur stratégie RSE, les entreprises peuvent jouer un rôle déterminant pour accélérer la transition énergétique et protéger la biodiversité.

Julie Sansoucy, chargée de campagne à Reclaim Finance

En effet, ces enjeux demeurent pour le moment largement absents des stratégies RSE des 20 entreprises du CAC40 (6). L’analyse révèle que si toutes intègrent des critères ESG dans la sélection de leurs fournisseurs et les incitent à améliorer leurs pratiques environnementales, rares sont celles qui étendent cette démarche à leurs partenaires financiers.

  • Seule L’Oréal mentionne dans son rapport annuel orienter en partie sa trésorerie vers des supports responsables.
  • Kering déclare mener ponctuellement un dialogue avec certains de ses partenaires financiers sur les questions de biodiversité bien que ne le mentionnant pas dans son rapport annuel.
  • Publicis et Saint Gobain déclarent s’appuyer sur des critères ESG pour le choix de ces partenaires sans que l’on puisse s’assurer de la solidité de ces critères.

Les entreprises via leur trésorerie, ont des moyens immédiats pour financer la transition nature/climat. Notre étude montre pourtant que cette trésorerie actuellement peut nuire au vivant tout en n’étant pas fléchée vers cette transition, limitant ainsi la crédibilité des engagements de ces entreprises. Exiger de leurs partenaires financiers de cesser ces investissements, c’est transformer un levier dormant en moteur de changement.

Guillaume Wahl, chargé de plaidoyer finance et biodiversité, WWF France

Reclaim Finance et WWF France appellent les grandes entreprises françaises à privilégier les acteurs financiers ayant adopté les meilleures pratiques, et à pousser leurs partenaires financiers à ne plus soutenir les entreprises contribuant à aggraver le dérèglement climatique et la destruction d’écosystèmes clés.

Contacts :

Notes :

  1. Reclaim Finance et WWF, “Trésorerie du CAC40 : un levier oublié pour le climat et la diversité”, novembre 2025
  2. Banque de France, Situation financière des sociétés non financières, juin 2025
  3. Les 20 entreprises sont parmi celles détenant le plus de trésorerie au sein du CAC40, en excluant les entreprises du secteur financier, non pertinentes pour notre analyse, ainsi que celles actives dans les secteurs des énergies fossiles et de l’armement, afin de nous concentrer sur des acteurs dont les secteurs d’activités ne font pas directement l’objet de controverses fortes sur le plan environnemental ou social. Elles sont : Stellantis, Renault, Vinci, LVMH, Veolia, Orange, St Gobain, Sanofi, SchneiderElectric, Carrefour, Bouygues, Unibail, L’Oreal, Michelin, Publicis, Kering, Gapgemini, STMicroelectronic, EssilorLuxottica, Legrand.
  4. La trésorerie des entreprises, déposée sur des comptes bancaires, fournit aux banques une ressource à la fois stable et peu coûteuse, essentielle pour soutenir leur activité de financement des acteurs économiques.
  5. Les quatre banques françaises, notamment Société Générale et le groupe BPCE, continuent de soutenir l’expansion fossile et ont versé plus de 20 milliards d’euros à l’expansion fossile en 2024, et 40 milliards sur dix ans à des entreprises à haut risque pour les écosystèmes.
  6. Reclaim Finance et WWF ont analysé l’ensemble des rapports annuels de ces entreprises, une analyse complétée par l’envoi d’un questionnaire auquel 6 entreprises ont répondu.

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2025-11-25T14:20:59+01:00