Bonne nouvelle ce matin : la Banque Postale annonce être la 1ère banque au monde à prévoir une sortie totale du pétrole et du gaz d’ici 2030. En annonçant également que d’ici là, elle ne soutiendra pas l’expansion pétro-gazière, elle envoie un signal fort au reste de la place financière française qui est jusqu’ici restée insensible aux appels scientifiques et politiques. Il y a pourtant urgence (climatique) à ce que banques, assureurs et investisseurs traduisent enfin en mesures concrètes la réalité scientifique : limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, c’est renoncer à tout nouveau projet pétrolier et gazier.

La Banque Postale ne financera pas l’expansion pétro-gazière

Dans une nouvelle politique rendue publique aujourd’hui visant à accélérer sa décarbonation, la Banque Postale détaille comment elle compte atteindre zéro émissions nettes d’ici 2040. Elle ne se contente pas de se fixer des objectifs de réduction d’émission, elle se donne les moyens de les atteindre : en s’engageant à sortir totalement du pétrole et du gaz, conventionnels et non-conventionnels, d’ici 2030. La banque s’engage également à suspendre dès maintenant ses services financiers aux entreprises qui contribuent à l’expansion du pétrole et du gaz en développant de nouveaux projets d’exploration, d’extraction et d’infrastructures liées à ces secteurs. Elle prévoit ainsi l’exclusion de plus de 900 entreprises qui figureront dans la Global Oil and Gas Exit List qui sera publiée le 4 novembre, à la COP26.

Un exemple à suivre pour la Place de Paris 

Il suffit de jeter un oeil au Scan de la Finance Fossile pour apprendre que la Banque Postale est bien la 1ère banque française à traduire l’appel de la communauté scientifique et de l’AIE en mesures concrètes pour laisser les pétrole et gaz dans le sol. Aucun acteur financier français n’a encore explicitement annoncé la fin de tous les soutiens à l’expansion et encore moins une sortie totale du secteur. À quelques jours du Climate Finance Day, le signal envoyé par La Banque Postale aux autres acteurs de la Place de Paris – y compris à sa propre branche de gestion d’actifs, la Banque Postale Asset Management – est clair. Si la Banque Postale n’est pas un poids lourd financier du secteur pétro-gazier, cette nouvelle politique crée un précédent historique, l’exemple à suivre immédiatement pour tout investisseur, assureur ou banque un tant soit peu sérieux sur ses engagements climat. Malheureusement, la Place est restée sourde aux conclusions de l’AIE et des scientifiques, sourde aussi depuis l’appel en octobre 2020 du ministre Bruno Le Maire à sortir des hydrocarbures non-conventionnels et les recommandations du Comité scientifique de l’Observatoire de la finance durable en la matière.

De toute urgence

Il y a urgence. Les soutiens de BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale au développement de l’industrie pétro-gazière sont en roue libre. Ils ont déjà presque doublé leurs financements aux énergies fossiles depuis la COP21, et rien à ce jour ne les empêchera de poursuivre sur cette trajectoire folle au-delà de la COP26. Cela vaut également pour AXA qui figure parmi les 10 principaux assureurs de l’industrie du pétrole et du gaz : il n’est plus concevable d’être chef de file d’une alliance internationale visant à limiter le réchauffement à 1,5°C tout en continuant d’assurer de nouveaux projets climaticides aux quatre coins du monde.

Il y a d’autant plus urgence que les velléités d’expansion de l’industrie ne connaissent toujours pas de limite, y compris dans les secteurs non-conventionnels, les plus nocifs pour l’environnement et qui représentent l’essentiel de la croissance prévue d’hydrocarbures – 71 % de la croissance de la production prévue d’ici 2030 pour le pétrole et 67 % pour le gaz selon un récent rapport du Stockholm Environment Institute.

Le 26 octobre se tiendra la Climate Finance Day, l’occasion pour la place de Paris de répondre, enfin, à l’impératif clairement posé par l’AIE de stopper l’expansion des énergies fossiles. L’occasion aussi pour le gouvernement de prendre acte de son échec à faire de Paris la capitale de la finance durable sans passer par la contrainte et la sanction.

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