Communiqué de presse – Reclaim Finance
Paris, le 24 novembre 2021 – Les politiques d’investissement responsable (ISR) des banques centrales du G20 et de l’Eurosystème sont inexistantes, opaques, ou ne tiennent pas compte des impacts environnementaux, révèle un nouveau rapport de Reclaim Finance. Sur 37 banques centrales, seule une poignée d’entre elles appliquent des restrictions, même minimes, à leurs investissements dans les énergies fossiles et une seule a des critères crédibles pour aligner ses portefeuilles non monétaires (1) sur l’Accord de Paris.
L’introduction de critères climatiques dans les portefeuilles non monétaires est bien moins complexe et discutée que l’introduction de ces critères dans les portefeuilles politiques des banques centrales (2). Pourtant, le rapport révèle un manque de progrès choquant, même parmi les banques les plus actives sur la question climatique.
L’ensemble des 14 banques qui se sont engagées à investir de manière responsable – soit un peu plus d’un quart des banques centrales du G20 et de l’Eurosystème – viennent d’Europe. Neuf d’entre elles ont des politiques d’investissement socialement responsable (ISR) très opaques (3), dont six qui ne divulguent aucune information crédible pour justifier leurs déclarations sur le sujet (4). Dans l’Eurosystème, huit banques n’ont toujours pas adopté une quelconque approche ISR, dont la Grèce, la Lituanie et la Slovaquie. Outre le manque de transparence, le rapport identifie quatre astuces utilisées par les banques centrales pour se présenter comme des investisseurs responsables tout en continuant à investir dans les entreprises les plus polluantes (5).
Seules quatre banques centrales – en France, en Slovénie, en Allemagne et en Suisse (6) – imposent certaines restrictions sur les énergies fossiles. À l’exception de la France, ces restrictions sont particulièrement limitées. Elles permettent aux banques de continuer à financer le développement des énergies fossiles et/ou le secteur du charbon.
Si la Banque de France montre l’exemple et devrait inspirer ses homologues, notamment en ce qui concerne la nécessité de réduire la production d’énergies fossiles et de s’opposer aux nouveaux projets, sa politique présente encore des lacunes. Elle n’exclut ainsi pas clairement les développeurs des énergies fossiles. De même, le récent engagement de la Banque de Finlande en faveur de la neutralité carbone est un signal positif, mais les objectifs de réduction des émissions de CO2 et les critères relatifs aux combustibles fossiles doivent encore être définis, la qualité de la politique reste donc très incertaine.
Paul Schreiber, chargé de campagne chez Reclaim Finance, explique : « Le verdissement des portefeuilles non politiques est une étape préalable pour toute banque centrale qui prétend agir sur le climat. Cependant, la plupart des banques centrales du G20 et de l’Eurosystème ne vont toujours pas dans cette direction. Sur les 37 banques analysées, une envisage sérieusement la question du climat dans sa politique d’investissement, tandis que quatre seulement imposent des restrictions aux investissements dans les énergies fossiles. La caractéristique principale des politiques ISR des banques centrales reste leur opacité, un domaine dans lequel la BCE devrait recevoir un prix pour son refus de divulguer des informations sur sa politique d’investissement durable alors même qu’elle annonçait sa nouvelle « feuille de route » climatique. »