Communiqué de presse

Paris, le 28 octobre 2022 – La Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ) « quitte discrètement » la campagne Race to Zero des Nations Unies, suite à des discussions sur les risques d’infraction à la loi “antitrust” (droit de la concurrence) et à la résistance contre certains de ses critères de sortie progressive des combustibles fossiles. Même si cette décision est décevante, les alliances du GFANZ restent partenaires de la campagne Race to Zero et l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 exige toujours des institutions financières qu’elles adoptent des plans de transition fondés sur des données scientifiques, avec des mesures visant à soutenir la sortie progressive de l’industrie du charbon, du pétrole et du gaz, en commençant par l’arrêt de tout soutien à l’expansion des énergies fossiles. 

La GFANZ a publié hier son deuxième rapport d’activité annuel (1). Le premier rapport d’activité de la GFANZ, publié en novembre dernier, indiquait clairement que « tous les membres de la GFANZ doivent s’aligner sur les critères de la campagne Race to Zero », mais le rapport d’aujourd’hui ne mentionne aucune exigence pour ses membres concernant la campagne des Nations Unies (ONU). Le rapport mentionne simplement la Race to Zero ainsi que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le Groupe d’experts de haut niveau des Nations Unies sur le net zéro et d’autres, comme des organismes avec lesquels la GFANZ « continuera à s’engager régulièrement ».

Bien qu’il ne mentionne pas directement de changement dans le statut de la relation entre la GFANZ et la Race To Zero, le rapport se distingue par le fait qu’il contient un avertissement juridique et souligne à plusieurs reprises que toutes ses orientations sont volontaires et que chacune de ses sept alliances sectorielles « sont des initiatives indépendantes soumises uniquement à leurs structures de gouvernance individuelles ». Le communiqué de presse de la GFANZ (2) sur son nouveau rapport d’activité ne fait aucune mention du changement de statut de la Race to Zero.

Le rapport d’activité indique toutefois que les alliances sectorielles (dont la Net Zero Asset-Owner Alliance (NZAOA), la Net Zero Asset Managers Initiative (NZIA), la Net Zero Banking Alliance (NZBA) et la Net Zero Insurance Alliance (NZIA)) sont elles-mêmes partenaires de la Race To Zero, ce qui les contraint à s’engager à assumer une « part équitable » de la réduction de 50% des émissions mondiales de CO2 qui, selon le GIEC, est nécessaire d’ici 2030 pour que le réchauffement climatique reste inférieur à 1. 5°C (3) et à mettre fin à leur soutien à l’expansion des combustibles fossiles.

Paddy McCully, analyste senior chez Reclaim Finance, déclare : « On ne peut que déplorer la décision de GFANZ de quitter discrètement l’initiative Race To Zero et de céder ainsi à la pression des banques américaines qui menaçaient de quitter l’alliance si celle-ci les obligeait à réellement réduire leurs soutiens aux énergies fossiles. Toutefois, les alliances individuelles au sein de GFANZ sont aussi des partenaires de la Race To Zero. Elles sont donc toujours censées suivre leurs critères. Et surtout, que les alliances « Net Zero » et leurs membres s’engagent ou non à suivre les critères de la Race To Zero, la crédibilité de leurs politiques climatiques continuera d’être jugée à l’aune de ces critères, et en particulier sur la poursuite du financement des entreprises qui développent de nouveaux projet d’énergies fossiles. La science climatique et le budget carbone encore disponible pour limiter le réchauffement à 1,5°C ne sont pas négociables : les banques et les investisseurs ne pourront tenir l’objectif 1,5°C en soutenant le développement de nouveaux projets charbon ou de nouveaux champs pétroliers et gaziers. »

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