Communiqué de presse
Paris et Charm el-Cheikh, le 15 novembre 2022 – Alors que la COP27 se poursuit en Egypte, un rapport international, notamment publié par Urgewald, les Amis de la Terre France, Reclaim Finance et 36 organisations africaines, lève le voile sur les entreprises et les acteurs financiers qui poursuivent l’expansion pétro-gazière en Afrique et fragilisent ce continent déjà en première ligne des impacts des dérèglements climatiques. Les acteurs français, et en particulier BNP Paribas mais aussi le groupe Crédit Agricole à travers sa filiale Amundi, sont épinglés parmi les plus gros soutiens aux entreprises qui entendent y développer de nouveaux projets d’énergies fossiles. Parmi elles se trouvent la major française TotalEnergies, plus gros développeur pétrolier et gazier en Afrique. Les ONG dénoncent le greenwashing des acteurs financiers qui se sont engagés à atteindre la neutralité carbone, et appellent la finance internationale à enfin prendre des mesures contre l’expansion des énergies fossiles.
Le rapport intitulé “Who is Financing Fossil Fuel Expansion in Africa ?” dresse l’état des lieux des plans d’expansion des entreprises des énergies fossiles sur le continent africain (1). Ce sont 48 pays africains sur 55, soit presque tout le continent, qui sont concernés par cet extractivisme mené en majorité par des entreprises étrangères, et en grande partie tourné vers l’exportation. TotalEnergies, qui est responsable de plus de 14 % de l’expansion à court terme du pétrole et du gaz sur le continent, ressort comme la 1ère entreprise pétro-gazière à y développer de nouveaux projets d’extraction (2).
Lucie Pinson, fondatrice et directrice de Reclaim Finance, commente : “Les poids lourds de la Place financière et le gouvernement français tentent à la COP27 d’apparaître comme des acteurs clés de l’action climatique. Mais la réalité est que nos banques, menées par BNP Paribas et Crédit Agricole, financent des entreprises qui comme TotalEnergies développent sur le continent africain des projets pétroliers et gaziers dévastateurs pour le climat, les droits humains et les objectifs de développement”.
Le rapport pointe du doigt la responsabilité des banques et investisseurs internationaux qui ont financé depuis 2019 pour US$98 milliards les entreprises développant de nouveaux projets d’énergies fossiles en Afrique, et y détiennent US$109 milliards en investissements. La finance française se place en 2ème soutien mondial de l’expansion des énergies fossiles en Afrique, concentrant plus de 13 % de ces financements. Le 3ème plus grand financeur de l’expansion en Afrique depuis 2019 est BNP Paribas, avec $4,6 milliards. Ses principaux clients – TotalEnergies ($1,1 milliard), Eni ($890 millions) et BP ($780 millions) – se placent tous les trois dans le top 10 des plus gros développeurs sur le continent. Crédit Agricole à travers sa filiale Amundi fait par ailleurs partie du top 10 des investisseurs soutenant l’expansion fossile en Afrique.
Lorette Philippot, chargée de campagne finance et énergies fossiles aux Amis de la Terre France, poursuit : « Alors que les Amis de la Terre France, Oxfam France et Notre Affaire à Tous viennent de mettre BNP Paribas en demeure de cesser de financer de nouveaux projets de pétrole et gaz, ce rapport est une nouvelle preuve évidente des manquements à son devoir de vigilance climatique (3). La banque française s’illustre une fois de plus par son rôle actif et hautement nocif dans le développement de bombes climatiques, qui menacent le continent africain et le climat global. Elle ne doit plus se cacher derrière de vagues promesses de neutralité carbone, mais mettre un terme immédiat à sa connivence toxique avec les majors et TotalEnergies. »
Alors que le continent n’est responsable que de 3 % des émissions mondiales, il subit déjà de plein fouet les conséquences des dérèglements climatiques. Le rapport est publié par de nombreuses ONG dont 36 africaines : toutes réfutent l’idée que l’expansion des énergies fossiles répondrait aux besoins de développement de l’Afrique. 43 % de la population du Nigéria n’a par exemple pas accès à l’électricité alors que le pays est le 3ème plus gros producteur d’hydrocarbures du continent.
Comme récemment rappelé par les Nations Unies (4) et l’Agence internationale de l’énergie (5), tout nouveau projet d’extraction d’hydrocarbures et de terminaux de gaz liquéfié (GNL) va à l’encontre des objectifs climatiques, et seul un développement massif des énergies renouvelables couplé au Nord à des mesures de sobriété et d’efficacité énergétique, permettront de répondre aux multiples crises que le monde traverse. Les ONG appellent les acteurs financiers à s’engager au plus vite contre l’expansion pétro-gazière.