Communiqué de presse
Paris, le 22 novembre 2022 – Positive Money et ses partenaires, dont Reclaim Finance, publient le Green Central Banking Scorecard 2022 qui classe les banques centrales du G20 selon leurs pratiques en matière environnementale (1). Ce classement révèle que les banques centrales peinent toujours à passer à l’action sur la question climatique, et plus encore à faire de leurs politiques monétaires un levier d’action contre les dérèglements climatiques. Même les mieux notées, dont la Banque de France et d’autres banques de l’Eurosystème, échouent à soutenir la transition écologique. Les ONG appellent les banques centrales à rompre avec cet attentisme pour répondre à la crise inflationniste et climatique.
Ce classement, publié pour la première fois en mars 2021 et mis à jour en octobre 2021, intervient alors que l’action des banques centrales face à une inflation galopante causée par la dépendance aux énergies fossiles est au cœur des préoccupations du monde économique et financier. Pour dépasser la crise actuelle, de plus en plus de voix s’élèvent pour souligner que la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique sont essentielles à la mission de stabilité des prix des banques centrales (2).
Pourtant, la nouvelle édition du classement met en évidence l’échec des banques centrales à avancer sur la question climatique et – encore davantage – à soutenir la transition. Si 17 des 20 banques évaluées atteignent la note maximale dans la catégorie recherche et plaidoyer (3), une seule banque dépasse la moyenne sur l’ensemble des critères (4).
Nikki Eames, économiste de Positive Money et auteur principal du rapport, déclare : « En tentant de freiner l’inflation à court terme sans tenir compte de la crise climatique, les banques centrales se tirent une balle dans le pied. La volatilité des prix des énergies fossiles et les événements météorologiques extrêmes de cette année devraient suffire à les convaincre que le soutien à la transition vers la neutralité carbone est un pilier central de leurs missions de maintien de la stabilité des prix et du système financier.«
Aucune banque centrale n’utilise pleinement son principal levier d’action : la politique monétaire. Au contraire, plus de la moitié des banques ont un score quasi nul sur ce critère (5) et seule la banque centrale du Brésil dépasse le quart des points. Ainsi, contrairement aux banques centrales chinoise et japonaise (6), les banques de l’Eurosystème qui occupent les premières places du classement ne mettent en œuvre aucune mesure permettant de soutenir la transition européenne (7).
Paul Schreiber, chargé de campagne chez Reclaim Finance et contributeur au rapport, souligne : “ D’un côté, la BCE et la Banque de France reconnaissent que la transition énergétique contribue à la stabilité des prix. De l’autre, elles ne prennent aucune mesure pour favoriser cette transition, ni même pour la protéger des effets des hausses de taux successives qui renchérissent son coût (8). A deux jours de la Journée contre la précarité énergétique qui touche 12 millions de personnes en France (9), il est temps pour la Banque de France d’assumer son rôle de leader en demandant à la BCE de soutenir la rénovation énergétique européenne.”
Face à ce constat, l’amélioration des scores de certaines banques centrales et le leadership de l’Eurosystème s’expliquent surtout par l’adoption d’outils pour gérer les risques financiers liés au changement climatique et une intégration accrue de ces aspects dans la supervision des institutions financières. Malgré ces progrès relatifs, de fortes disparités persistent sur ce critère et seules 6 banques centrales y dépassent la moyenne (10).
Au-delà de la politique monétaire et prudentielle, certaines banques centrales gagnent quelques points en prenant des mesures aux impacts financiers limités mais reflétant une volonté d’exemplarité. C’est notamment le cas de la Banque de France qui dépasse ses collègues de l’Eurosystème grâce à une politique d’investissement exigeante (11), et non grâce à des propositions monétaires et prudentielles plus ambitieuses.