Paris, le 15 février 2023 – Barclays vient de publier son rapport annuel contenant une nouvelle politique pétrole et gaz (1). Contrairement à ses pairs HSBC, Lloyds Banking Group et NatWest qui ont récemment pris des mesures contre l’expansion pétro-gazière, Barclays rate une opportunité pour intégrer dans sa politique la principale conclusion des scientifiques et de l’Agence internationale de l’énergie pour limiter le réchauffement à 1,5°C : tendre le plus rapidement possible vers un arrêt du développement de nouveaux projets de production et de transport de pétrole et de gaz. La banque pourra continuer de financer des entreprises comme ExxonMobil et TotalEnergies qui figurent pourtant parmi les plus gros développeurs de tels nouveaux projets. Reclaim Finance appelle la banque à se ressaisir au plus vite, sous peine d’être taxée de greenwashing.
La nouvelle politique pétrole et gaz de Barclays contient une seule nouveauté : leur politique d’exclusion porte sur la fin des financements aux sociétés majoritairement actives dans l’extraction de sables bitumineux, ainsi qu’aux projets directement liés à leur production et transport. Une nouveauté qui ne permet en aucun cas à la banque britannique de respecter ses propres engagements en faveur de l’atteinte de la neutralité carbone à l’horizon 2050 suivant une trajectoire 1,5°C.
Quelle occasion manquée ! Il y a 526 pages et une centaine de mentions des énergies fossiles mais pas un seul nouvel engagement majeur qui permettrait à Barclays de se rapprocher de l’impératif climatique de de ne plus soutenir le développement de nouveaux projets pétroliers et gaziers. Venant d’une banque qui s’est engagée à atteindre la neutralité carbone, c’est ce que l’ONU appellerait du greenwashing.
Lucie Pinson, Directrice de Reclaim Finance
Quand l’AIE affirme qu’il est possible de répondre aux besoins de la population mondiale en énergie et limiter le réchauffement à 1,5°C sans ouvrir de tels nouveaux projets, que le GIEC indique que cela est indispensable pour éviter les pires effets du dérèglement climatique (2), les Nations Unies qualifient de greenwashing les promesses climatiques faites par les acteurs financiers qui ne mettraient pas un terme à leurs soutiens à l’expansion des énergies fossiles et refuseraient de pousser leurs clients à engager leur sortie.
Au cours des six derniers mois, HSBC, Lloyds Banking Group et NatWest ont toutes pris des mesures pour réduire leurs soutiens à l’expansion pétrolière et gazière (3). Les mesures adoptées sont minimes, principalement circonscrites aux financements de projets qui représentent moins de 10% de l’ensemble des financements aux énergies fossiles (4), mais dénotent au moins une compréhension des enjeux par les concurrents de Barclays.
Barclays est la première banque européenne à soutenir les énergies fossiles et a, d’après le rapport “Throwing Fuel To The Fire : GFANZ financing of fossil fuel expansion”, accordé plus de US$ 8,4 milliards aux entreprises développant le plus de nouveaux projets pétroliers et gaziers depuis qu’elle a rejoint la Glasgow Financial Alliance For Net Zero, en avril 2021. En 2022, elle a notamment soutenu des entreprises comme ExxonMobil et TotalEnergies (5) qui figurent parmi les 7 plus gros développeurs pétroliers et gaziers au monde (6).
Sans un changement de stratégie, Barclays s’expose une nouvelle fois aux pressions de ses investisseurs. Vendredi dernier, une trentaine d’investisseurs, regroupés par l’ONG ShareAction, ont écrit à cinq banques européennes, dont la banque britannique, pour leur demander de s’engager à cesser de financer directement de nouveaux champs pétroliers et gaziers d’ici à la fin de l’année (7).